Action contre la désertification

Déployer la Grande Muraille Verte mauritanienne

Petit à petit, le pays gagne la bataille contre la dégradation des terres


04/11/2022

Avec ses 18% de terres dégradées, la Mauritanie est le pays du Sahel avec le deuxième plus grand taux de dégradation des terres. Le pays est particulièrement affecté par l’ensablement, qui a des conséquences désastreuses sur les personnes et l’environnement. Mais il présente également un potentiel de restauration des terres élevé avec 19.1 millions d’hectares, ce qui équivaut à près de 20% de sa superficie totale.

A travers le projet BRIDGES (“Boosting Restoration, Income, Development, Generating Ecosystem Services”), une initiative financée dans le cadre le Programme de Partenariat FAO-Türkiye sur les Forêts (PPFTF), le projet Action Contre la Désertification investi dans la restauration des terres afin de réduire et inverser les effets néfastes de la dégradation des terres, et d’augmenter la résilience des communautés rurales. A travers la restauration des terres, le développement d’activités génératrices de revenu et le renforcement des capacités, le projet œuvre pour l’amélioration des conditions de vie des 510 personnes vivant dans les deux Wilayas (ou départements) de Brakna et Trarza, situées au sud du pays et toutes deux frontalières avec le Sénégal.

En septembre 2022, une délégation de la République de Türkiye, accompagnée de l’équipe BRIDGES/ACD, a effectué une visite des sites de restauration et des pépinières de Trarza pour une mission d’appui technique. Celle-ci a permis d’apprécier les progrès réalisés mais également l’ampleur des défis à relever. La délégation a pu observer les différentes techniques utilisées sur le terrain, dont la mise en défens, la plantation d’enrichissement, la production de plants et la collecte de semences de restauration des terres.

La délégation a également rencontré une centaine de femmes de quatre villages ayant été formées aux techniques de restauration des terres et à la collecte et au traitement des semences, au semis direct et en pépinière, et aux activités génératrices de revenu dont la collecte de fruits sauvages, la culture potagère, ainsi que l’aviculture.

Au cours de la visite, Moctar Kelly, Coordonnateur National de Projet, revient sur le travail accompli : « Nous avons mis en place neuf mises en défens depuis 2019, dont cinq à Trarza et quatre à Brakna » affirme Kelly. « Nous avons également effectué des semis directs, du reboisement et de la fixation de dunes ».

Depuis le site de Jezira, une parcelle de 25 hectares où le potentiel de production de semences d’espèces locales d’arbres est particulièrement intéressant, Kelly ajoute : « Nous avons choisi ce site pour la formation des communautés à la collecte des graines afin que celles-ci soient autonomes et puissent produire leurs propres semences ». La qualité des graines utilisées pour la restauration est, en effet, un facteur clé de réussite des plantations sur le long terme. De plus, la production de semences en quantité importante passe par le développement des capacités nationales de production de semences, un autre élément important pour l’atteinte des objectifs ambitieux de restauration des terres à grande échelle, notamment dans le cadre de l’initiative de la Grande Muraille Verte.

Le projet BRIDGES est mis en œuvre en étroite collaboration avec les comités de gestion locaux de dix villages bénéficiaires. Ces comités de gestion sont mis en place pour la protection, la gestion et autres activités liées aux 16 sites où la restauration des terres est en cours. Ces sites ont tous été choisis en collaboration avec l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte.

Kelly est convaincu que le projet remplira ses objectifs, que son impact sur le terrain sera durable et qu’il contribue à concrétiser la Grande Muraille Verte dans le pays. « Au total, nous avons déjà restauré près de 2000 hectares. Nous sommes en train de gagner, petit à petit, la bataille contre la dégradation des terres en Mauritanie », conclut-il.