Renforcement des capacités techniques pour lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts en Afrique de l’Ouest
Les pays d'Afrique de l’Ouest renforcent leurs capacités techniques et institutionnelles pour soutenir leur préparation à la REDD+, avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à travers une série de formations dédiées à la Mesure, Notification et Vérification (MRV). Cette initiative est essentielle pour améliorer le suivi des forêts, accéder au financement climatique et garantir une gestion durable des terres. Face à l’importance croissante de l’action climatique au niveau mondial, des systèmes de suivi et de notification robustes sont indispensables pour assurer la transparence et la responsabilité dans la mise en œuvre de la REDD+. L’initiative s’inscrit dans le cadre du projet multi-pays de la FAO, financé par le Fonds vert pour le climat (GCF), intitulé « Appui institutionnel et technique à la préparation à la REDD+ en Afrique de l’Ouest », qui accompagne le Bénin, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone.
Le rôle de la MRV dans la gestion durable des forêts
Les systèmes MRV jouent un rôle clé dans la gestion forestière et l’action climatique. Ils fournissent des données transparentes, précises et cohérentes sur le couvert forestier, les stocks de carbone et les émissions, essentielles pour mesurer les progrès réalisés dans le cadre des engagements climatiques pris au titre de l’Accord de Paris. Le Cadre de Varsovie pour la REDD+ établit des lignes directrices pour les systèmes MRV afin de garantir un suivi fiable et une vérification rigoureuse des réductions d’émissions. Des systèmes MRV solides permettent aux pays d’accéder au financement climatique international, de suivre les activités REDD+ et d’appuyer les politiques forestières durables. En renforçant leurs capacités en MRV, les pays d’Afrique de l’Ouest garantissent que leurs données forestières répondent aux normes internationales, améliorent la responsabilisation et éclairent la prise de décision en matière de conservation et d’utilisation durable des terres.
Avancer vers la préparation à la REDD+ en Afrique de l’Ouest
Malgré son rôle essentiel dans la transparence et la responsabilisation de la gestion forestière, aucun des pays concernés par le projet n’avait encore pleinement rapporté tous les éléments du Cadre de Varsovie en juin 2024, les empêchant ainsi d’être répertoriés sur le Hub d’Information REDD+. Cela souligne la nécessité urgente de renforcer les systèmes MRV afin d’améliorer la précision des données, de soutenir la gouvernance forestière durable et de permettre l’accès au financement climatique.
Pour combler cette lacune, le projet de deux ans FAO-GCF, lancé en mai 2025, appuie le Bénin, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone dans la mise en conformité avec les exigences du Cadre de Varsovie pour la REDD+. Le projet se concentre sur le renforcement des Systèmes Nationaux de Surveillance des Forêts (NFMS), des Niveaux de Référence des Émissions Forestières (FREL), des Systèmes d’Information sur les Sauvegardes (SIS) et sur le développement des stratégies nationales REDD+, garantissant ainsi que les pays puissent respecter les normes internationales en matière de surveillance et de notification des forêts.
Avec le soutien de la FAO, ces pays renforcent leurs capacités techniques, institutionnelles et de gouvernance, tout en favorisant l’échange de connaissances et la collaboration régionale dans le cadre de l’Accord de Paris de la CCNUCC.
Un élément clé du projet est le développement des capacités nationales pour la mise en place des systèmes MRV et l’implémentation des NFMS. La FAO a conçu un programme d’apprentissage mixte de six mois, en collaboration avec le projet FAO/GEF CBIT-Forest II. Cette méthodologie de formation, combinant webinaires, e-learning et ateliers pratiques, vise à garantir une rétention des connaissances et un engagement accru des parties prenantes. La formation s’est articulée autour de trois phases :
- Webinaire introductif (juillet 2024) – couvrant les exigences de rapportage de la CCNUCC et l’évaluation des NFMS.
- Atelier régional (novembre 2024, Conakry, Guinée) – formation approfondie des formateurs nationaux sur la MRV, le FREL et les NFMS.
- Sessions de formation nationales (janvier-mars 2025) – mobilisation des formateurs nationaux pour transmettre les connaissances lors d’ateliers nationaux.
Phase 1 : Webinaire introductif sur la MRV et l’évaluation des NFMS
En juillet 2024, la FAO a lancé la première phase avec un webinaire en ligne, introduisant les exigences de rapportage de la CCNUCC et guidant les participants dans l’évaluation de leur NFMS. Le webinaire a réuni 58 participants de Guinée, Guinée-Bissau, Bénin et Sierra Leone. Pour renforcer l’engagement, la FAO a encouragé les participants à suivre des cours en ligne à leur rythme, avec la possibilité d’obtenir des certifications numériques. Une évaluation des besoins en formation a été menée, recueillant les réponses de 43 parties prenantes afin d’affiner les objectifs d’apprentissage.
Phase 2 : Atelier régional de formation des formateurs en Guinée
©FAO / Ghislaine Gill
En novembre 2024, la FAO a organisé un atelier de formation en présentiel de trois jours à Conakry, en Guinée, visant à renforcer les capacités MRV des représentants des quatre pays du projet.
L’atelier, auquel ont participé 13 personnes (32 % de femmes), a été ouvert par Alpha Amadou Djalon, Assistant Technique de l’Autorité Nationale Désignée (AND-GCF) au ministère de l’Environnement et du Développement durable. Il a souligné que la participation des représentants « démontre un engagement en faveur de la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement. Cette formation des formateurs permettra aux participants de se familiariser avec les rapports internationaux de la CCNUCC et l’évaluation du système national de surveillance des forêts. C’est une première dans les programmes visant à renforcer les capacités techniques des gestionnaires et techniciens désignés à ces postes ».
La formation a couvert :
- Le FREL comme référence pour évaluer les résultats de la REDD+ et débloquer les paiements basés sur les résultats.
- Le développement des NFMS pour garantir des données forestières robustes et transparentes.
- Les présentations des pays sur leurs progrès en matière de préparation à la REDD+.
Lors de la dernière journée, les experts techniques MRV de la FAO ont animé des exercices pratiques sur l’évaluation des NFMS et la cartographie institutionnelle pour renforcer les stratégies de mise en œuvre nationale.
Phase 3 : Formations nationales pour le renforcement des capacités locales
© Keifala Lahai
Après la formation régionale, les experts techniques nationaux de la FAO en MRV ont dirigé des ateliers nationaux, appliquant le modèle de « formation des formateurs » pour garantir le transfert des connaissances aux parties prenantes nationales.
La Sierra Leone a été le premier pays à organiser sa formation nationale à Kenema (janvier 2025), réunissant 35 participants pour un atelier de deux jours. L’atelier a été animé par le consultant national en MRV avec le soutien des consultants internationaux pour répondre aux questions des participants lors des sessions interactives. Les participants ont souligné la valeur de cette formation pour faire avancer la préparation à la REDD+, améliorer le suivi des forêts et remplir leurs obligations de rapportage international. Des ateliers similaires sont prévus en Guinée (mars 2025), en Guinée-Bissau (2025) et au Bénin (2025).
Construire une base pour un impact à long terme
Progressivement, cette initiative transforme la transparence des données forestières et renforce l’appropriation nationale du processus REDD+ dans la région. En dotant les pays d’Afrique de l’Ouest des compétences techniques et des outils nécessaires à la mise en place de systèmes MRV et NFMS précis, la FAO s’assure que ces pays sont mieux positionnés pour accéder au financement climatique, rapporter leurs réductions d’émissions et soutenir la gestion durable des forêts.
Le projet se poursuivra jusqu’en aout 2025, renforçant les capacités techniques et institutionnelles nationales à long terme, et améliorant la gouvernance et favorisant la collaboration inter-pays en Afrique de l’Ouest.
Contacts:
Lucio Santos
Forestry Officer
Halting Deforestation, Degradation and Emissions Team,
FAO Forestry Division
Ghislaine Gill
Forest Monitoring Specialist
Forest Monitoring and Data Platform Team
FAO Forestry Division
Liens associés :
- Project Website
- Renforcer la transparence des données forestières
- Surveillance des forêts pour l’action climatique
- Outil d'évaluation du SSNF
- Publication Pathways to forest data transparency: Best practices from national forest monitoring to support climate action