Promouvoir des moyens de subsistance durables dans le complexe forestier de Mau au Kenya

Les écoles pratiques d’agriculture de la FAO contribuent à la sauvegarde des forêts.

Points clés

Le complexe forestier de Mau dans la vallée du Rift au Kenya est le plus grand des cinq bassins versants du pays. Il constitue également la plus grande forêt canopée fermée d’Afrique de l'Est. Plusieurs écosystèmes au Kenya – y compris la réserve nationale du Masaï Mara – et en Tanzanie, dépendent de l'eau provenant de ce complexe. Cependant, l'exploitation forestière illégale, les zones d’habitat non planifiées et les répercussions des violences post-électorales en 2007-2008 ont détérioré les ressources forestières, menaçant ainsi les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, le tourisme et l'approvisionnement en eau. Le Gouvernement du Kenya a donc été amené à solliciter l'assistance technique de la FAO pour aider le Kenya Forest Service (KFS) à améliorer l’état du bassin versant et à promouvoir des activités de subsistance durables. En 2010, la FAO a lancé un projet de deux ans dans le cadre de son Programme de coopération technique (PCT) axé à la fois sur des formations techniques dispensées dans des écoles pratiques d’agriculture, sur la planification des activités et sur l'accès aux services bancaires pour aider à transformer les moyens de subsistance des communautés vivant à proximité de la forêt.

Au lendemain des violences qui ont éclaté après l'élection présidentielle au Kenya en 2007, les associations forestières communautaires, gérées par le KFS, avaient cessé de fonctionner. En réaction, le gouvernement a créé un programme d'urgence pour protéger la forêt de Mau et s’est efforcé de redonner vie aux associations forestières communautaires afin de promouvoir la cohésion sociale.

Avec l'aide de la FAO, 24 écoles pratiques d'agriculture ont été créées. Dans ce cadre, les membres des associations forestières communautaires ont enseigné à plus de 800 hommes et femmes des moyens viables de gagner leur vie tout en protégeant les ressources forestières.

«Les gens qui auparavant se battaient les uns contre les autres, apprennent aujourd’hui à préserver les forêts ensemble, à préparer des pépinières, à planter des arbres, à diversifier et à stimuler la production», a déclaré Takayuki Hagiwara, fonctionnaire de la FAO impliqué dans le projet.

Le projet a également contribué à la constitution d’une masse critique de formateurs certifiés "école pratique d’agriculture" au Kenya – ils n’étaient que deux, ils sont désormais 12 – et a permis de former un groupe de vulgarisateurs et de facilitateurs agricoles.

La FAO a également présenté un système innovant de suivi par téléphone mobile, grâce auquel les agriculteurs peuvent fournir des mises à jour régulières, en temps réel sur les écoles pratiques d’agriculture, y compris sur la fréquentation et les performances des facilitateurs du KFS.

Développer des micro-entreprises de groupe
En vue d’encourager les agriculteurs à terminer le programme d’école d’agriculture axé sur les moyens de subsistance et la foresterie paysanne (d’une durée d’un an) et à appliquer par la suite les compétences et les connaissances acquises, le projet a accordé des prêts aux jeunes diplômés afin de développer des micro-entreprises de groupe, grâce à un partenariat avec la banque kenyane Equity Bank.

«Nous voulions établir des liens entre les agriculteurs et le système bancaire formel, afin qu’ils soient reconnus officiellement en tant que membres du secteur privé du secteur informel», a déclaré Takayuki Hagiwara.

Les prêts faisaient partie d'un fonds renouvelable, le «Mau Forest Conservation Fund», géré par Equity Bank et appartenant au KFS. Cette opération a per

mis de recycler l'argent et a également permis aux agriculteurs qui avaient remboursé leurs prêts d'emprunter à nouveau.

Pour obtenir un prêt, les agriculteurs devaient présenter des propositions d’investissement solides. Grâce aux formations sur RuralInvest, un logiciel développé par la FAO, les groupes ont pu évaluer la faisabilité financière de leurs plans, y compris les débouchés commerciaux. Sur la base de cette analyse, les agriculteurs étaient en mesure de modifier ou même de réviser leurs propositions, notamment s’ils se rendaient compte que ce qui semblait être une bonne idée commerciale au débat pouvait entraîner une baisse du capital à long terme.

Accès facile aux emprunts
Le fonds renouvelable a donné aux agriculteurs la possibilité d'accéder au crédit auprès d’un établissement financier. C’est l’une des grandes réussites de ce projet, estime Esther Muiruri, directrice générale la division marketing/agro-industrie d’Equity Bank. «Le projet a fait découvrir les services bancaires à une communauté qui n’avait jusqu’ici globalement jamais eu accès à ces services, par le biais d’une formation en matière financière et via des prêts pour investir dans les activités agricoles. Equity Bank a, par la même occasion, appris à financer les activités de foresterie paysanne.»

Au moment où le projet a été lancé, Equity Bank était en train de développer un système de services bancaires au Kenya, en mobilisant les magasins de détail afin qu’ils offrent des services financiers dans les centres commerciaux des villages où les agriculteurs pouvaient effectuer des transactions.

Les bénéficiaires du projet de la FAO ont fait partie des premiers clients à utiliser ce type de services bancaires. Aujourd'hui, Equity Bank possède quelque 17 000 agents et fournit des services bancaires aux petits agriculteurs dans tout le pays.

Le projet a également introduit une technologie fondée sur les téléphones mobiles afin de suivre les investissements et les remboursements des prêts. À ce jour, la plupart des remboursements de prêts prévus ont été effectués à temps. De nombreux groupes – et des agriculteurs individuels – continuent d'emprunter à Equity Bank pour soutenir leurs entreprises.

Retombées positives
Le KFS est désormais en mesure, grâce à une méthode éprouvée, de favoriser les activités de subsistance durables dans les communautés qui vivent à proximité du complexe forestier de Mau et de les impliquer dans la conservation des ressources naturelles du complexe.

En 2014, le Forest and Farm Facility (Mécanisme forêts et paysans), un programme de financement multi-bailleurs hébergé par la FAO, a été également lancé au Kenya pour promouvoir des activités de gestion forestière et agricole durables.

Alors qu’initialement de nombreux bénéficiaires avaient hésité à rejoindre les écoles pratiques d’agriculture, ces dernières sont désormais des espaces de discussion et d’échange. Le fait d’œuvrer vers un but commun a aidé les participants à reconstruire des liens d’amitié et à réinstaurer la confiance.

Les agriculteurs de la zone du projet bénéficient à présent de revenus provenant de diverses activités – de la plantation de parcelles boisées et de pépinières avec des arbres locaux et des arbres fruitiers améliorés, à la culture de légumes, en passant par l’élevage et l'apiculture.

Selon l'équipe du projet, les activités soutenues n’ont pas endommagé l'écosystème, et le KFS a fait état d'une baisse considérable de l'exploitation forestière illégale et de la production de charbon depuis la fin du projet.

Selon Takayuki Hagiwara, quand les agriculteurs repèrent des pratiques illégales, ils «prennent désormais leur téléphone et appellent les agents forestiers.»

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