Les signaux d’alarme sont ignorés tandis que l’Afrique continue de faire face à une crise alimentaire croissante

Du Bureau régional de la FAO pour l'Afrique

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©FAO

07/12/2023

Johannesbourg – L’Afrique est confrontée à une crise alimentaire sans précédent, selon un nouveau rapport présenté aujourd’hui par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Commission de l’Union africaine (CUA), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Ce rapport, intitulé Afrique – Aperçu régional de la sécurité alimentaire et de la nutrition – Statistiques et tendances 2023, met en évidence les données statistiques alarmantes relatives à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition, qui témoignent de la nécessité de mener de toute urgence une action globale.

En Afrique, près de 282 millions de personnes (environ 20 pour cent de la population) sont sous-alimentées, ce qui représente 57 millions de personnes de plus qu’avant la pandémie de covid-19. Plus d’un milliard de personnes n’ont pas les moyens de manger sainement. Près de 30 pour cent des enfants souffrent d’un retard de croissance dû à la malnutrition.

L’Afrique n’est pas en bonne voie de réaliser les cibles des objectifs de développement durable relatives à la sécurité alimentaire et à la nutrition d’ici à 2030, ni les objectifs de Malabo concernant l’élimination de la faim et de la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2025.

«La détérioration de la situation en matière de sécurité alimentaire et l’absence de progrès vers la réalisation des cibles mondiales en matière de nutrition de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) imposent aux pays d’intensifier leurs efforts s’ils veulent parvenir à un monde libéré de la faim et de la malnutrition à l’horizon 2030», a indiqué M. Abebe Haile-Gabriel, Sous‑Directeur général de la FAO et Représentant régional pour l’Afrique, dans l’avant-propos du rapport, rédigé conjointement avec Mme Josefa Leonel Correia Sacko, Commissaire de la CUA chargée de l’agriculture, du développement rural, de l’économie bleue et de l’environnement durable; Mme Hanan Morsy, Secrétaire exécutive adjointe et Économiste en chef de la CEA; et M. Stanlake Samkange, Directeur principal chargé des partenariats stratégiques au PAM.

Le rapport a été présenté aujourd’hui à la Commission africaine des statistiques agricoles (CASA) de la FAO. Le fait que sa présentation coïncide avec la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) témoigne de l’intersection cruciale entre les défis liés au changement climatique et l’insécurité alimentaire en Afrique.

La malnutrition sous toutes ses formes frappe l’Afrique

Le rapport établit que la prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans était de 30 pour cent en 2022, ce qui reste élevé en dépit d’une amélioration importante observée au cours des deux dernières décennies. La prévalence de l’émaciation chez les enfants dans la région s’est maintenue juste en dessous de l’estimation mondiale, qui était de 6,8 pour cent en 2022, et était relativement élevée dans toutes les sous-régions, à l’exception de l’Afrique australe.

La prévalence de l’anémie chez les femmes reste élevée en Afrique, et supérieure à l’estimation mondiale, en particulier en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Malgré de faibles progrès réalisés en Afrique dans la réduction de la prévalence de l’insuffisance pondérale à la naissance au cours des deux dernières décennies, cette prévalence est restée élevée par rapport à l’estimation mondiale. La prévalence de l’obésité chez l’adulte en Afrique du Nord et en Afrique australe est à peu près deux fois plus élevée que l’estimation mondiale.

Le rapport communique des informations plus positives: la prévalence de l’allaitement maternel exclusif est élevée en Afrique de l’Est et des progrès considérables ont été réalisés en la matière en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest depuis 2012.

La plupart des Africains n’ont pas les moyens de manger sainement

Pour la majeure partie de la population africaine (environ 78 pour cent, soit plus d’un milliard de personnes), une alimentation saine reste inabordable, et ce chiffre augmente. Au niveau mondial, c’est 42 pour cent de la population qui n’a pas les moyens de manger sainement.

Le coût moyen d’une alimentation saine a augmenté au fil du temps. S’élevant à 3,57 USD par personne et par jour en parité de pouvoir d’achat (PPA) en 2021 en Afrique, il dépassait largement le seuil de pauvreté extrême, de 2,15 USD par personne et par jour. Cela signifie que non seulement les pauvres, mais aussi une part importante des habitants qui ne sont pas considérés comme pauvres, n’ont pas les moyens de manger sainement en Afrique. Les plus fortes hausses cumulées du coût d’une alimentation saine entre 2019 et 2021 ont été enregistrées en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est.

Les organisations ont appelé à ce que les conclusions du rapport donnent un nouvel élan à la transformation des systèmes agroalimentaires en Afrique, aboutissant à des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables au bénéfice des populations et de la planète.

Contacts

Peace Lydia Mutuwa African Union Commission [email protected]

Zoie Jones Chargée de communication régionale, Bureau régional de la FAO pour l'Afrique [email protected]

Ernest Cho Chi ECA [email protected]

Girma Eshetu WFP [email protected]