COP28: la FAO présente le processus d’élaboration d’une feuille de route mondiale visant à éradiquer la faim sans dépasser la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C

La feuille de route prévoit une transformation des systèmes agroalimentaires les faisant passer d’émetteurs nets à puits de carbone

Le processus, présenté sous la forme d’un ensemble de solutions concrètes, sera élaboré et affiné au cours des trois prochaines années.

©FAO/Alessandro Penso

10/12/2023

Dubaï/Rome – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé aujourd’hui le processus d’élaboration d’une feuille de route mondiale inédite visant à éliminer la faim et toutes les formes de malnutrition sans dépasser le seuil de 1,5 °C de réchauffement planétaire établi dans l’Accord de Paris.

Dévoilée lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), la feuille de route mondiale devant permettre de réaliser l’objectif de développement durable 2 (ODD 2) sans dépasser le seuil de 1,5 °C de réchauffement climatique définit une stratégie complète s’étalant sur les trois prochaines années et comprenant un portefeuille de solutions diverses à mettre en œuvre dans dix domaines d’action distincts.

Tandis qu’on estime que 600 millions de personnes souffriront de faim chronique à l’horizon 2030 et dans le contexte d’une crise climatique mondiale qui va croissant, la feuille de route appelle à une transformation en profondeur des systèmes agroalimentaires. Elle remet en question l’idée, qui prévaut, selon laquelle une production croissante est synonyme d’émissions accrues et de dégradation de l’environnement. À l’inverse, elle met en évidence la possibilité d’améliorer, au sein des systèmes agroalimentaires, l’efficacité de la production tout en se conformant aux objectifs d’atténuation du changement climatique, d’adaptation à ses effets et de résilience.

La feuille de route établit 120 mesures et étapes clés dans dix domaines, étayées par des données factuelles collectées par la FAO sur plusieurs années. Ces domaines sont notamment l’énergie propre, les cultures, la pêche et l’aquaculture, les pertes et le gaspillage alimentaires, les forêts et les zones humides, les régimes alimentaires sains, l’élevage, les sols et l’eau, ainsi que les données et les politiques inclusives – ces deux dernières étant considérées comme des facilitateurs systémiques globaux.

Dans le domaine des émissions, la feuille de route vise à réduire de 25 pour cent, entre 2020 et 2030, les émissions de méthane générées par les systèmes agroalimentaires, pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2035, et à transformer d’ici 2050 ces systèmes en puits de carbone capturant 1,5 gigatonne d’émissions de gaz à effet de serre par an.

Concernant l’alimentation et la nutrition, elle définit un moyen d’éliminer la sous-alimentation chronique d’ici 2030 et de garantir l’accès de tous à des régimes alimentaires sains d’ici 2050. Parmi les autres mesures importantes figurent la réduction de moitié du volume des déchets alimentaires par habitant à l’échelle mondiale d’ici 2030 et la mise à jour des recommandations nutritionnelles fondées sur le choix des aliments par les pays afin de mettre à disposition des recommandations quantitatives adaptées au contexte concernant les habitudes alimentaires. 

La feuille de route met également en relief la relation étroite qui existe entre la transformation des systèmes agroalimentaires et les actions climatiques, et appelle instamment à la mobilisation d’un financement de l’action climatique aux fins de sa mise en œuvre.

«La feuille de route mondiale de la FAO relative à l’ODD 2 et à l’objectif de 1,5 °C souligne l’importance du financement de l’action climatique pour la transformation des systèmes agroalimentaires en vue de permettre à tous d’avoir une alimentation saine, aujourd’hui et demain», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu.

La feuille de route, qui s’articule autour d’une transition juste, prévoit une transformation des systèmes agroalimentaires les faisant passer d’émetteurs nets à puits de carbone. Elle appelle à de nouvelles méthodes de production, des schémas de consommation adaptés, une gestion renforcée de la foresterie et des technologies innovantes, comme le piégeage du carbone. 

Préconisant d’optimiser l’utilisation des ressources mondiales au-delà de la production végétale, le plan propose de rééquilibrer les schémas de consommation et de promouvoir une alimentation saine pour tous. Il souligne que l’adaptabilité aux contextes particuliers est cruciale, mettant en garde contre des solutions universelles.

Le processus, présenté comme un ensemble de solutions concrètes, sera élaboré et perfectionné au cours des trois prochaines années. Les participants à la COP29 se pencheront sur l’adaptation régionale et les options de financement, tandis que la COP30 débouchera sur des trains de mesures concrètes en matière d’investissement et de politiques au niveau national.

L’appel lancé par la FAO concernant cette feuille de route mondiale globale cadre parfaitement avec son mandat et ses capacités organisationnelles, et met à profit ses compétences dans divers domaines.

Une feuille de route pour guider la mise en œuvre de la Déclaration des Émirats arabes unis

L’Économiste en chef de la FAO, M. Máximo Torero, qui représentait le Directeur général, a présenté la feuille de route lors d’une manifestation ministérielle tenue à la COP28, à l’appui de la Déclaration des Émirats arabes unis sur l’agriculture, l’alimentation et l’action climatique, communiquée récemment et approuvée à ce jour par plus de 150 pays. 

«La FAO est déterminée à aider les pays à mettre pleinement en œuvre la Déclaration des Émirats arabes unis sur l’agriculture durable, les systèmes alimentaires résilients et l’action climatique en déployant à grand échelle les solutions axées sur les systèmes agroalimentaires suivant la nouvelle feuille de route de la FAO, présentée aujourd’hui», a déclaré M. Torero, s’exprimant devant les ministres. Il a expliqué que l’Organisation travaillait actuellement avec la Présidence de la COP28 et les partenaires à une initiative de coopération technique visant à accélérer l’action.

L’Économiste en chef a annoncé que, conjointement avec le Fonds international de développement agricole (FIDA), la Banque mondiale et le CGIAR, la FAO lancerait également le programme de Charm el-Cheikh d’appui au secteur agroalimentaire, train de mesures de soutien s’étalant sur trois ans, conforme à la feuille de route, qui contribuera à la mise en œuvre et aux progrès des activités communes de Charm el-Cheikh et à leurs résultats.

«Le programme favorisera les connaissances, les données probantes et les outils qui aident à élever les ambitions grâce aux processus de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, à débloquer des fonds et à accélérer l’action sur le terrain», a-t-il expliqué.

M. Torero a souligné la nécessité de tirer parti des efforts en cours et de collaborer pour faire face au «défi considérable» auquel le monde est confronté.

«Nous devons apporter des définitions communes, une cohérence et une complémentarité dans les mesures et les cadres stratégiques que nous mettons en place. La feuille de route montre que la réalisation de ces objectifs, grâce à la mise en œuvre des mesures qui conviennent, est compatible avec des systèmes agroalimentaires devenus des puits nets de carbone», a souligné l’Économiste en chef.

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