La FAO et l’AIEA renforcent leur collaboration concernant l’utilisation de techniques nucléaires pacifiques à des fins agricoles

Le Centre mixte et ses laboratoires de pointe mettent au point des applications ayant un fort impact

©IAEA/Dean Calma

Le Directeur général de la FAO QU Dongyu, à gauche, et le Directeur général de l'AIEA Rafael Mariano Grossi.

©IAEA/Dean Calma

31/10/2022
Vienne – Des applications pacifiques de la science et de la technologie nucléaires peuvent contribuer à la sélection de plantes et d’animaux d’élevage, à la lutte contre l’érosion des sols, à la lutte contre les ravageurs et à l’amélioration de la gestion de l’eau, éléments qui sont essentiels à l’édification d’un monde meilleur dans lequel l’agriculture est durable et personne ne connaît l’insécurité alimentaire.

Concrètement, il peut s’agir d’économiser de l’eau au Nigéria pour aider les déplacés à cultiver des concombres, ou d’aider des pays comme l’Algérie, le Cameroun et le Viet Nam à se conformer aux normes phytosanitaires afin de pouvoir tirer parti de leur avantage comparatif et d’exporter des fruits très prisés.

C’est pourquoi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont décidé de s’engager plus avant pour renforcer encore une collaboration qui a permis des avancées notables au cours des soixante dernières années.

Les deux institutions des Nations Unies sont convenues d’intensifier leur collaboration. Ainsi, le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, et le Directeur général de l’AIEA, M. Rafael Mariano Grossi, ont signé aujourd’hui un protocole d’accord visant à mettre à profit des activités de recherche-développement innovantes afin de renforcer la qualité et l’efficacité de l’aide apportée aux États Membres et à des millions de personnes.

«Travaillons ensemble pour utiliser pleinement les capacités du Centre mixte, dans l’intérêt des agriculteurs et des consommateurs», a déclaré M. Qu Dongyu, faisant observer que le Centre mixte était un exemple phare de coopération fructueuse entre des institutions des Nations Unies et que la FAO mobilisait ses Membres pour apporter un soutien complémentaire.

«Lors de la prochaine étape, nous devrions travailler ensemble à faire mieux connaître des Membres notre coopération et les services que nous offrons», a-t-il ajouté.

L’accord ouvre la voie à l’élaboration conjointe d’une feuille de route en vue d’un partenariat stratégique renforcé, comprenant la mobilisation commune de ressources et la mise en place d’activités en lien avec l’environnement marin, la physique et la chimie, ainsi que la santé humaine.

Le Centre mixte

La FAO et l’AIEA, qui sont de proches partenaires depuis 1964, gèrent ensemble des laboratoires. «La collaboration s’est intensifiée après 2007; depuis lors, les ressources humaines ont été multipliées par quatre et, en 2021, un cap a été franchi sur le plan institutionnel avec la création du Centre mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture», a déclaré M. Qu Liang, qui dirige ce centre depuis 17 ans. Situé à Vienne, le Centre mixte «est une institution unique dans le système des Nations Unies, qui dispose de laboratoires de pointe et mène des activités de recherche-développement de haut niveau».

Par exemple, l’utilisation d’une sonde à neutrons de rayons cosmiques pour surveiller l’humidité du sol dans un large périmètre permet de mieux gérer les terres et d’optimiser la production alimentaire et agricole en s’adaptant au climat. Le dispositif permet de déterminer la teneur en eau du sol à des dizaines de centimètres de profondeur et d’obtenir les données intermédiaires manquantes entre les données recueillies à des points précis et celles recueillies à grande échelle grâce à la télédétection.

Les vaccins constituent un autre axe de travail important. L’AIEA a participé au développement du vaccin utilisé lors de la campagne dirigée par la FAO visant à éradiquer la peste bovine, maladie due à un virus mortel qui est l’un des seuls à avoir été éliminés – l’autre étant le virus de la variole. Aujourd’hui, le Centre mixte développe des vaccins irradiés destinés au bétail en inactivant des agents pathogènes. Ces vaccins permettent à l’Éthiopie, qui exporte chaque année plus d’un million de têtes de bétail, d’éviter des maladies animales et le risque que représente un vaccin contenant des micro-organismes vivants.

Un autre grand projet du Centre mixte vise à utiliser le microbiome des bananes et des bananes plantains pour permettre à ces fruits de lutter contre la fusariose, maladie qui représente une grande menace pour la production de bananes, dont dépendent plus de 400 millions de personnes.

Les atomes ayant des signatures extrêmement caractéristiques, une analyse isotopique peut aider à déterminer l’origine de certains éléments indésirables. Après avoir mené avec succès de nombreux projets portant sur l’érosion des sols, le Centre mixte effectue actuellement des travaux de recherche sur les microplastiques en utilisant des techniques nucléaires. Ces travaux pourraient contribuer dans une large mesure à la réduction de la pollution des sols et des mers par le plastique, laquelle a d’importants effets néfastes sur le climat et l’environnement.

Les technologies nucléaires présentent également un intérêt en matière de sécurité sanitaire des aliments et de normes phytosanitaires, et peuvent servir à vérifier l’origine de produits dans le cadre de la lutte contre la fraude alimentaire.

Le Centre mixte est plus connu pour ses activités d’avant-garde concernant la technique de l’insecte stérile. Il contribue à l’utilisation croissante de cette technique faisant appel aux rayonnements, qui permet de stériliser et de lâcher des millions de mouches méditerranéennes des fruits et autres ravageurs afin d’entraîner le déclin des populations sauvages, qui peuvent empêcher la commercialisation de fruits et légumes.

Les laboratoires

Lundi, M. Qu Dongyu et M. Rafael Mariano Grossi, accompagnés de hauts fonctionnaires de la FAO et de l’AIEA, ont visité les laboratoires du Centre mixte, lesquels sont situés à Seibersdorf (Autriche) et respectivement spécialisés dans la sélection des plantes et la phytogénétique, la lutte contre les insectes ravageurs, le contrôle et la sécurité sanitaire des aliments, la gestion des sols et de l’eau et la nutrition des plantes, ainsi que la production et la santé animales.

M. Qu Dongyu a souligné que le programme et les activités du Centre mixte visaient à «répondre aux demandes et à résoudre les problèmes» et que l’accent était mis sur le transfert des technologies pour permettre aux États Membres de répondre à des besoins concrets réels. «Les avancées technologiques réalisées par le Centre influent sur toute la filière, des agriculteurs et producteurs aux consommateurs, et des laboratoires aux champs et aux cuisines», a-t-il déclaré.

Contacts

Christopher Emsden FAO Actualités et Médias (Rome) (+39) 06 570 53291 [email protected]