La FAO propose des outils pratiques pour favoriser le piégeage du carbone organique dans les sols

Pour le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, la santé des sols a une influence déterminante sur la durabilité des systèmes agroalimentaires

©FAO/Matteo Sala

La gestion durable des sols peut aider à atténuer les impacts de la crise climatique et à améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition

©FAO/Matteo Sala

08/09/2021, Rome

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a inauguré aujourd’hui deux outils pratiques conçus pour favoriser le maintien et le piégeage du carbone organique dans les sols, qui sont l’un des piliers de l’action climatique.

Lors du piégeage du carbone, le dioxyde de carbone est stocké hors de l’atmosphère, sous la forme de carbone organique du sol. La séquestration du CO2 dans les sols est considérée comme un moyen efficace de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les sols riches en carbone, plus fertiles et en meilleure santé, peuvent être un atout pour les agriculteurs et contribuer à l’accomplissement des cibles de l’Accord de Paris sur le changement climatique et des objectifs de développement durable.

Les deux produits dévoilés aujourd’hui ont été créés dans le cadre du Mécanisme de reconstitution du carbone organique des sols au niveau mondial (RECSOIL). Il s’agit d’une carte du monde indiquant les lieux où le CO2 peut être stocké dans les sols et en quelles quantités (GSOCseq) et d’un manuel technique de bonnes pratiques concernant le piégeage et le maintien des stocks de carbone organique du sol.

«Nous devons chercher des moyens novateurs de transformer nos systèmes agroalimentaires pour les rendre plus efficaces, inclusifs, résilients et durables. La santé des sols est essentielle à cet égard», a affirmé le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, à la séance d’ouverture de la neuvième Assemblée plénière du Partenariat mondial sur les sols. 

L’Assemblée plénière, organe de décision du Partenariat, est l’enceinte où sont prises les décisions stratégiques destinées à faire avancer les activités mondiales en rapport avec les sols. La session se tient en ligne du 8 au 10 septembre, en amont de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26), qui se déroulera cette année à Glasgow. D’autres intervenants importants y ont pris part à distance en raison de la pandémie de covid-19, dont le Secrétaire chargé de l’agriculture et du développement rural du Mexique, M. Víctor Manuel Villalobos Arámbula.

Des outils pratiques au service de la reconstitution du carbone organique des sols au niveau mondial

Avec la dégradation d’un tiers des sols de la planète, ce sont déjà jusqu’à 78 gigatonnes de carbone qui ont été libérées dans l’atmosphère. Si la détérioration des stocks de carbone dans les sols se poursuit, du fait d’une mauvaise gestion de ces derniers, il sera donc plus difficile de limiter la hausse des températures mondiales.

À mesure que le climat évolue, et si rien ne change au niveau des pratiques agricoles, on peut s’attendre à ce que les quantités de carbone libérées dans l’atmosphère soient supérieures à celles qui sont piégées dans les sols, ce qui créera une rétroaction climatique liée au cycle du carbone qui pourrait accélérer encore davantage le changement climatique. Les zones sensibles telles que les tourbières, les sols noirs, le pergélisol et les herbages, où se trouvent les plus grandes quantités de carbone organique du sol, inquiètent particulièrement.

La gestion durable des sols et la reconstitution des sols agricoles et des herbages dégradés peuvent être utiles pour atténuer les effets de la crise climatique et améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition. Il a été démontré que les sols en bonne santé étaient plus productifs, mais aussi qu’ils résistaient mieux à l’évolution des tendances climatiques et aux phénomènes extrêmes.

L’outil GSOCseq dévoilé aujourd’hui est la première estimation mondiale alimentée par les pays des possibilités de séquestration du carbone organique du sol. La carte ainsi établie présente plusieurs couches d’informations, ce qui aide l’utilisateur à visualiser des données essentielles, telles que les stocks initiaux de carbone organique du sol et leur évolution prévue dans différents cas de figure fondés sur une gestion durable des sols ou sur le statu quo, ainsi que les taux de séquestration relatifs pour chaque cas de figure.

D’après la carte, s’ils sont gérés durablement, les sols peuvent piéger jusqu’à 0,56 pétagramme de carbone – ou 2,05 gigatonnes d’équivalent CO2 – par an, et pourraient permettre de compenser chaque année jusqu’à 34 pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre du secteur agricole.

Le deuxième produit présenté par la FAO est un recueil de bonnes pratiques conçu pour aider les agriculteurs à maintenir les stocks de carbone organique du sol et à piéger le CO2. Ce manuel technique en six volumes est l’aboutissement du travail collectif abattu pendant trois ans par plus de 400 spécialistes du monde entier. L’idée était de rassembler, pour la première fois, des pratiques recommandables de gestion des sols étayées par des données scientifiques fiables quant aux effets qu’elles produisent sur la teneur en carbone organique du sol dans un large éventail de milieux et d’utilisation des terres.

On y trouve des solutions pratiques pour toutes sortes de terrains et de situations, des méthodes de rotation des cultures affinées sur des milliers d’années aux techniques modernes de gestion des nutriments.

Le Directeur général a précisé que les sols et la santé des sols étaient certes bien ancrés dans le programme mondial, mais qu’il importait encore d’obtenir des résultats tangibles «pour générer des améliorations en matière de production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie pour tous, sans laisser personne de côté».

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