Lancement de la Conférence (2023) de la FAO: M. Tharman Shanmugaratnam, Ministre «sénior» de Singapour, prononce le discours de la Conférence McDougall

Il a souligné que les défis en matière d’alimentation et d’environnement ouvraient de grandes possibilités de croissance et de gains d’efficacité en faveur des pauvres

M. Tharman Shanmugaratnam, Ministre «sénior» et Ministre coordonnateur chargé des politiques sociales de Singapour

©FAO/Giuseppe Carotenuto

01/07/2023
Rome – La prise en main des défis conjugués que sont l’insécurité alimentaire, l’appauvrissement de la biodiversité et les effets du changement climatique peut être une source majeure de croissance économique aux niveaux national et mondial, selon M. Tharman Shanmugaratnam, Ministre «sénior» et Ministre coordonnateur chargé des politiques sociales de Singapour, qui s’exprimait devant les ministres et les chefs de délégation, lors de la première journée de la 43e session de la Conférence de la FAO (1‑7 juillet).

Cette année, M. Shanmugaratnam a prononcé le discours de la Conférence McDougall, qui a lieu à toutes les sessions de la Conférence en l’honneur et en la mémoire de M. Frank Lidgett McDougall, un agronome australien qui a joué un rôle important dans la création de la FAO.

Lors de sa présentation, le Ministre a souligné qu’il était essentiel d’aborder la question de l’alimentation au regard de la faim et de l’objectif de développement durable 2 (Éliminer la faim), mais également «dans le cadre indissociable du défi plus large qu’est l’insécurité écologique». Il a précisé qu’il ne s’agissait pas non plus d’un fardeau que le monde entier devait porter, mais d’une énorme opportunité en matière de croissance qu’il fallait aborder avec optimisme et dans une optique d’action.

Tracer une voie

M. Shanmugaratnam a déclaré que les niveaux mondiaux de faim se situaient aujourd’hui à environ un tiers de ce qu’ils étaient en 1970, ce qui témoignait de progrès et de résultats remarquables.

Toutefois, il a ajouté que les prévisions actuelles concernant l’insécurité alimentaire et les retards de croissance chez les enfants étaient inacceptables et étaient même peut-être optimistes, car on risquait d’atteindre rapidement des points de basculement dans le système terrestre. Selon lui, il est certes difficile de quantifier ces risques, mais il est clair que «le changement ne va pas dans le bon sens».

Ces 30 prochaines années, il faudra investir à grande échelle environ 3 pour cent du produit intérieur brut mondial chaque année, mais la mobilisation d’une telle quantité de ressources débouchera sur une augmentation considérable de la croissance.

Il y a d’abondantes ressources financières sur les marchés des capitaux pour réaliser ces investissements, mais, pour pouvoir y puiser, il faut «faire en sorte que le système fonctionne en tant que système», a-t-il indiqué, ce qui demande à la fois de réformer les politiques et de consentir des efforts sur le plan national pour renforcer la confiance sociale.

Il a également estimé que le point du vue traditionnel des économistes selon lequel il y avait un arbitrage à faire entre la durabilité et la croissance était erroné puisque ceux-ci partaient du principe que les marchés étaient parfaits. En déployant les technologies qui conviennent, en façonnant les marchés et en faisant preuve de créativité financière, les pays ont la possibilité de parvenir à une croissance économique de meilleure qualité.

Souvent, des technologies dont on peut tirer parti existent déjà et peuvent être rentabilisées rapidement après leur déploiement. Par ailleurs, un effort concerté visant à intensifier l’innovation permettra de mettre en place des marchés plus complets et de mettre à disposition des outils plus accessibles et meilleur marché, ce qui évitera d’avoir à faire des arbitrages plus difficiles.

Le cycle mondial de l’eau

Dans son discours, M. Shanmugaratnam, qui est actuellement Coprésident de la Commission mondiale de l’économie de l’eau, a également abordé la question de la gestion de l’eau, qui est le thème principal de la Conférence 2023 de la FAO.

Il a souligné que l’amélioration de la gestion de l’eau jouait un rôle central dans la réalisation des objectifs mondiaux liés à la faim, au climat et à l’environnement et a indiqué que, comme l’agriculture était de loin l’activité consommant le plus d’eau douce, les systèmes agroalimentaires étaient un secteur dans lequel il était crucial d’intervenir.

M. Shanmugaratnam a rappelé l’existence d’un cycle mondial de l’eau, dans le cadre duquel près de la moitié des précipitations mondiales sont acheminées par des rivières atmosphériques qui dépendent largement des sols forestiers, et a souligné que la coopération, la collaboration et le multilatéralisme étaient donc importants.

Selon une de ses thèses principales, il est nécessaire d’établir une tarification de l’eau dans l’optique d’une plus grande durabilité. Il a contesté l’argument selon lequel la tarification de l’eau serait injuste pour les pauvres, affirmant que ceux-ci devaient être les principaux bénéficiaires d’une utilisation plus efficace de l’eau.

Il a signalé l’existence, en Chine et au Viet Nam, d’innovations concluantes qui ont permis de réduire l’utilisation d’eau au moyen de capteurs et de pratiques d’irrigation novatrices dans le secteur de la riziculture.

L’enregistrement du discours de M. Shanmugaratnam peut être visionné ici. On trouvera ici des renseignements sur les conférences McDougall, dont plusieurs ont été données par des dirigeants de premier plan et des lauréats du prix Nobel.
En savoir plus sur ce thème
Conférence de la FAO (1-7 juillet 2023
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