Les sols, point d’origine des aliments

Ouverture du Colloque international sur les sols au service de la nutrition

© FAO/Giorgio Cosulich de Pecine

Quatre-vingt-quinze pour cent de l’alimentation mondiale est produite dans les sols

©FAO/Giorgio Cosulich de Pecine

26/07/2022

Rome - Les sols sont vitaux pour l’alimentation de l’humanité, a rappelé aujourd’hui M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, lors de l’ouverture du Colloque international sur les sols au service de la nutrition.

«La bonne santé des sols peut contribuer grandement à l’éradication de la faim et à la bonne santé de la planète, mais cela suppose d’agir face à ce qui la menace, à commencer par le déséquilibre des nutriments des sols», a déclaré M. Qu.

L’objectif principal de ce colloque est de faire le point sur l’état des connaissances relatives au rôle de la fertilité des sols dans l’obtention d’aliments nutritifs, salubres et de bonne qualité, pour offrir un meilleur apport nutritionnel aux personnes, aux animaux et aux végétaux.

Ce colloque doit aussi permettre de cerner les lacunes dont souffrent nos connaissances dans ce domaine, et de fournir un socle au débat qui doit réunir des décideurs, des producteurs d’aliments, des scientifiques, des producteurs d’engrais industriels, des professionnels de l’agroalimentaire et d’autres acteurs, et permettre d’envisager des solutions qui débouchent sur des systèmes agroalimentaire plus nutritifs, propres à concourir à la santé et au bien-être des personnes tout en préservant l’environnement. 

Le colloque, organisé conjointement par le Partenariat mondial sur les sols mis en place par la FAO, le Groupe technique intergouvernemental sur les sols, et le Réseau international sur l’analyse des engrais se déroule en ligne du 26 au 29 juillet 2022. Les participants comprennent des organisations internationales, des scientifiques et des professionnels du secteur, des ONG, des représentants de la société civile, des utilisateurs des terres et des peuples autochtones, ainsi que des communautés locales et des représentants de l’industrie et du secteur privé.

M. Qu a déclaré que le rapport de la FAO intitulé L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, qui vient de paraître, était venu confirmer l’aggravation sensible de l’insécurité alimentaire mondiale et de la malnutrition sous l’effet d’une multiplicité de facteurs, dont la pandémie de covid-19, la crise climatique et les conflits en cours. Il a également mentionné la hausse des coûts des combustibles, de l’alimentation animale et des engrais. À cela s’ajoutent les autres problèmes que sont la dégradation des terres, le creusement des inégalités, la pollution et la perte de biodiversité.

«La complexité de ces problèmes et leur chevauchement appellent des solutions devant s’accorder avec la production d’aliments sains, nutritifs et d’un prix abordable», a déclaré le Directeur général. «En vue de réussir cela, les systèmes agroalimentaires doivent être transformés pour devenir plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables», a-t-il ajouté.

«Nous ne pouvons réaliser le Programme 2030 et les objectifs de développement durable sans cette transformation et nous n’avons plus que sept ans pour le faire. La santé des sols est notre alliée pour concrétiser cette transformation», a déclaré M. Qu.

Quatre-vingt-quinze pour cent de l’alimentation mondiale est produite dans les sols. Les sols ont la capacité de stocker, transformer et recycler les nutriments dont nous avons besoin pour subsister. Sur les 18 nutriments indispensables aux végétaux, 15 sont fournis par les sols, pour autant que ceux-ci demeurent sains.

Le Directeur général de la FAO a évoqué l’exemple des chernozems, ces sols noirs qui, à l’échelle mondiale, assurent environ deux tiers de la production de graines de tournesol, 30 pour cent de la production de blé et 26 pour cent de la production de pommes de terre. Il a rappelé que les chernozems non seulement couvrent les besoins vivriers des populations locales mais contribuent aussi grandement à nourrir le monde par la proportion importante qu’ils représentent dans les lieux d’origine des produits alimentaires exportés.

«Malheureusement, la perte de fertilité des sols fait que de nombreux légumes et fruits ne sont plus aussi riches en vitamines et en nutriments qu’il y a 70 ans. Aujourd’hui, les deux tiers de la population mondiale risquent de souffrir d’une carence en nutriments», a déclaré M. Qu.

Les problèmes d’engrais

Dans le rapport de la FAO présentant L’État des ressources en sols dans le monde, le déséquilibre des nutriments des sols, causé par leur sous-utilisation, leur mauvaise utilisation et leur surutilisation, est reconnu comme principal facteur mettant les sols en danger au niveau mondial.

L’utilisation excessive et la mauvaise utilisation des engrais ont également des effets négatifs sur les écosystèmes et contribuent au changement climatique, notamment par la perte de biodiversité et les émissions de gaz à effet de serre.

«Ces effets se traduisent par des pertes économiques dont le total est proche de 200 milliards d’USD par an», a indiqué M. Qu. «De plus, les coûts pour la santé humaine et l’impact sur les écosystèmes aquatiques et terrestres peuvent atteindre 400 à 4 000 milliards d’USD par an», a-t-il ajouté.

Les solutions

Le Directeur général de la FAO a présenté succinctement certaines initiatives ayant pour vocation une gestion durable des sols.

«Les Directives volontaires pour une gestion durable des sols sont un outil indispensable», a déclaré M. Qu devant les participants au Colloque. «Le Code de conduite international sur l’utilisation et la gestion durables des engrais constitue une approche transversale d’un problème complexe», a-t-il ajouté.

«Nous devons nous servir de ces outils et rechercher des solutions transversales qui englobent des solutions positives pour la nature, telles que les biofertilisants, l’augmentation de la matière organique du sol et la diversification des cultures. Ces solutions doivent aussi faire un usage optimal des outils technologiques qui permettent une plus grande précision dans utilisation des engrais et promeuvent l’économie circulaire», a déclaré M. Qu. «Nous devons également épauler l’amélioration des systèmes d’information et de surveillance des sols, l’harmonisation des protocoles d’analyse des sols, l’évaluation de la qualité des engrais, et fournir aux agriculteurs les moyens d’adopter de bonnes pratiques».

Le Directeur général a déclaré que la FAO était résolue d’œuvrer à la promotion et à la stimulation de la fertilité des sols et à lutter contre le déséquilibre des nutriments dans une collaboration intersectorielle intégrée et coordonnée.

Il a souligné que la santé des personnes et celle de la planète commencent toutes deux par des sols sains.

Dans un processus pris en main par les pays, le Partenariat mondial sur les sols mis en place par la FAO travaille à l’élaboration de données pédologiques, à la cartographie et à l’évaluation des sols, notamment l’élaboration de cartes des nutriments et des bilans nutritionnels des sols au niveau mondial, dans le but de connaître la fertilité des sols du monde et de guider les décisions.

Contacts

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]

Sean Sampson FAO Actualités et médias (Rome) [email protected]