Guerre en Ukraine: la FAO renouvelle son appel à relancer l’agriculture et à apporter un appui en urgence aux ménages ruraux vulnérables

Rome – La somme de 115,4 millions d’USD est nécessaire de toute urgence pour empêcher toute nouvelle détérioration de la situation d’insécurité alimentaire et une aggravation du dysfonctionnement des chaînes d’approvisionnement alimentaire en Ukraine. Il est urgent d’aider les agriculteurs ukrainiens à semer des légumes et des pommes de terre au cours de cette saison des semis printaniers et les agriculteurs devraient être autorisés et aidés à se rendre dans leurs champs afin de sauvegarder la récolte de blé d’hiver, a déclaré aujourd’hui l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Avec ce plan, conforme à l’Appel éclair interinstitutions, la FAO a plus que doublé le montant initialement sollicité de 50 millions d’USD destiné à venir en aide à 376 660 ménages agricoles de petites et moyennes exploitations, soit près d’un million de personnes, sur la période se terminant en décembre 2022.

«L’accès à l’alimentation, la production alimentaire et la disponibilité générale des produits alimentaires montrant une détérioration dans de nombreuses parties du territoire ukrainien du fait de la guerre, les activités de relance de la production agricole et le bon fonctionnement des chaînes d’approvisionnement alimentaire seront déterminants pour éviter une crise alimentaire en 2022 et dans les premiers mois de 2023», a déclaré le Directeur du Bureau des urgences et de la résilience, M. Rein Paulsen. «L’objectif immédiat de la FAO est d’accompagner l’actuelle saison des semis de printemps afin d’empêcher toute perturbation des récoltes des cultures d’hiver qui approchent, celles-ci ayant lieu généralement en juin et juillet, et d’éviter ainsi la mise en péril de la sécurité alimentaire du pays. L’agriculture est soumise au cycle des saisons. Il n’y a pas de temps à perdre pour se préparer à la campagne agricole de l’automne prochain.

L’agriculture est un pilier de l’économie ukrainienne et son rôle est capital pour la préservation de la sécurité alimentaire et la sauvegarde des moyens de subsistance dans le pays, mais aussi dans la région. L’ampleur des destructions des cultures et des infrastructures que la guerre a causées compromet la production alimentaire et la sécurité alimentaire.

Selon les estimations de la FAO, un tiers des cultures et des terres agricoles pourrait ne pas être récolté ou cultivé en 2022. Le déplacement contraint de populations civiles fuyant la guerre, auquel s’ajoute la conscription des hommes dans les forces de défense territoriales, entraînent des pénuries de main‑d’œuvre et alourdissent le fardeau que doivent supporter les femmes. Cette situation est exacerbée par un moindre accès aux intrants agricoles les plus indispensables et une diminution de leur offre.

Les premiers éléments recueillis par la FAO, issus des évaluations en cours, attestent que les agriculteurs à tous les niveaux ont besoin d’espèces pour se procurer les intrants et les services nécessaires à la production alimentaire et au maintien en activité de leur exploitation agricole.

Élargir les interventions de la FAO

Les conséquences de la guerre nécessitent une expansion des activités de la FAO et un élargissement de l’assistance technique qu’elle dispense dans tout le pays.

La FAO doit fournir des intrants pour les cultures et autres, immédiatement et dans le moyen terme. Dans l’immédiat, la fourniture de semences de légumes et d’autres denrées cultivées, ainsi que des remises d’espèces, garantiront le respect des échéances saisonnières de la production alimentaire.

L’aide aux éleveurs prévoit la distribution de petits animaux d’élevage, d’intrants utiles à la santé animale, d’alimentations pour animaux et de fourrage, ce qui permettra aux ménages vulnérables de produire du lait, de la viande et des œufs en vue de satisfaire la demande locale croissante.

La FAO continuera d’aider les exploitations de taille moyenne et les acteurs essentiels des marchés en même temps que les chaînes de l’offre agroalimentaire, en vue de relancer le fonctionnement du marché et l’accès aux produits alimentaires dans les communautés et les centres urbains importants.

En outre, la FAO effectuera des remises d’espèces non soumises à conditions, susceptibles d’aider à répondre à un large éventail des besoins des personnes déplacées et des ménages vulnérables touchés par le conflit. Les bénéficiaires pourront affecter ces sommes aux coûts de production et de commercialisation: main-d’œuvre, transport, services vétérinaires et équipements, dans les zones où ces biens et services sont proposés sur les marchés.

À ce jour, le financement de la FAO a atteint 8,5 millions d’USD, dont 70 941 personnes ont bénéficié sous forme d’aide à leurs moyens de subsistance. Ce financement se compose de fonds et de contributions à la FAO émanant de partenaires pourvoyeurs de ressources, parmi lesquels le Japon, la Belgique, l’Union européenne, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et le Bureau de l’aide humanitaire d’USAID (BHA). Ces contributions parviennent à la FAO à un stade critique de l’intervention qu’elle déploie face à la crise. Ces financements aideront les petites exploitations agricoles à maintenir un seuil minimal de production alimentaire grâce à la fourniture de semences de blé et d’intrants agricoles essentiels. Le déficit de financement se situe aujourd’hui à 106,9 millions d’USD. Avec davantage de ressources, la FAO sera en mesure de toucher davantage de gens, à temps pour les travaux agricoles du printemps.