Un nouveau rapport de la FAO met en avant la nécessité de les utiliser de manière durable
La demande mondiale d'ingrédients végétaux sauvages, tels que le baobab (photo), augmente est soumise à une explosion de la demande
©FAO
Rome – Vous l’ignorez peut-être mais de nombreux produits issus de végétaux sauvages vulnérables sont probablement présents chez vous, à différents endroits.
Pour commencer, faites un petit tour dans la cuisine, où vous découvrirez peut-être qu’il y a des noix du Brésil dans votre placard, de la gomme arabique dans votre soda et de la réglisse dans votre tisane. Dirigez-vous ensuite vers la salle de bain: vos lotions contiennent peut-être du beurre de karité ou vos produits cosmétiques, de l’huile de baobab ou d’argan. Enfin, un parfum à base d’encens ou de jatamansi se trouve peut-être sur votre table de nuit.
Un nouveau rapport publié aujourd’hui par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), intitulé en anglais Wild Check: Assessing risks and opportunities of trade in wild plant ingredients (Regard sur la flore: évaluation des risques et des perspectives du commerce des ingrédients de végétaux sauvages), jette un éclairage sur 12 espèces sauvages vedettes qui se cachent dans des produits d’usage quotidien.
Élaboré en collaboration avec TRAFFIC, organisation non gouvernementale travaillant à l’échelle mondiale sur le commerce d’espèces de la faune et de la flore sauvages, et l’Union internationale pour la conservation de la nature, ce rapport vise à faire prendre conscience de la nécessité d’utiliser de manière durable ces végétaux prélevés dans la nature.
Sa présentation, dont la date coïncide avec la célébration annuelle de la Journée de la Terre, intervient dans un contexte d’explosion de la demande mondiale d’ingrédients issus de végétaux sauvages (qui a connu une augmentation de plus de 75 pour cent en valeur au cours des deux dernières décennies).
Des milliers d’espèces sont en danger, principalement en raison de la perte de leur habitat, mais aussi sous l’effet d’autres facteurs tels que le changement climatique et la surexploitation. Sur les 21 pour cent d’espèces de plantes médicinales et aromatiques déclarées vulnérables, 9 pour cent sont dites menacées d’extinction. On estime que les moyens de subsistance d’un milliard de personnes environ parmi les plus vulnérables au monde sont tributaires de ces végétaux.
«L’utilisation durable des végétaux sauvages a une incidence cruciale sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de millions de personnes dans le monde. Il est temps de prendre en compte les végétaux sauvages avec tout le sérieux requis dans nos efforts visant la protection et la restauration des habitats, la promotion des systèmes agroalimentaires durables et l’instauration d’économies inclusives, résilientes et durables, et ce tout particulièrement alors que les pays se consacrent actuellement au redressement post-covid», a déclaré M. Sven Walter, qui dirige l’Équipe des produits et statistiques forestiers.
L’offre et la demande
Les végétaux, qui constituent 80 pour cent de la totalité de la biomasse terrestre, remplissent un rôle capital auprès des humains et des animaux, en leur fournissant nourriture, médicaments, oxygène et abris. Dans certaines parties du monde, les végétaux sauvages sont récoltés par des personnes comptant parmi les plus vulnérables, qui emploient souvent à cet effet des méthodes traditionnelles existant depuis des générations.
De son côté, la demande d’ingrédients de végétaux sauvages ne cesse de croître, en particulier dans les pays riches. Selon certaines estimations, les consommateurs des États-Unis d’Amérique ont dépensé à eux seuls 11,3 milliards d’USD en compléments alimentaires d’origine naturelle en 2020, et des données préliminaires font apparaître que la pandémie de covid-19 a suscité un regain d’intérêt pour l’utilisation de végétaux sauvages comme substances entrant dans la composition de médicaments traditionnels ou modernes.
On estime que, à l’échelle mondiale, jusqu’à 5,8 milliards de personnes pourraient faire usage de végétaux sauvages ou semi-sauvages, selon une étude de l’Université Rhodes en Afrique du Sud.
Malgré leur omniprésence, leur importance et les menaces qui pèsent sur eux, les substances issues de végétaux sauvages sont souvent occultées aux consommateurs et ne sont pas soumises à la vigilance des entreprises à cause d’un manque de sensibilisation et de traçabilité les concernant.
Ce rapport a pour but de relever ces défis en présentant des informations détaillées sur un ensemble de 12 plantes sauvages vedettes.
Les 12 plantes sauvages vedettes
Les 12 végétaux sauvages ou substances issues de végétaux sauvages qui ont été retenus dans ce rapport sont les suivants:
Ce rapport, destiné aux professionnels, aux consommateurs, aux praticiens et aux investisseurs, explique pourquoi nous devons avoir le souci de ces ingrédients précieux, souvent négligés alors qu’ils sont si présents dans notre vie quotidienne. L’approvisionnement raisonné de ces ingrédients peut contribuer à une conservation plus large de la flore et permettre d’améliorer les moyens de subsistance de certaines populations parmi les plus marginalisées au monde.
Nicholas Rigillo FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]
FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]