Les nouvelles technologies aident les agriculteurs à gérer leur production végétale et animale, à détecter les ravageurs et les maladies et à optimiser la manière dont ils utilisent la main-d’œuvre, les engrais, les pesticides, l’alimentation animale et l’eau.
Rome – Pour révolutionner le secteur agroalimentaire, nous devons exploiter les moyens que nous offrent les outils numériques et assurer un accès plus large et plus sûr à l’innovation. Tels sont les deux grands appels à l’action qui ont émergé de la manifestation qui s’est tenue ce jeudi au siège de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur le thème «Intelligence artificielle et outils numériques pour des systèmes agroalimentaires résistants au climat».
La crise climatique donne de plus en plus de maux de tête aux agriculteurs, qui se retrouvent confrontés, entre autres, à la fluctuation des conditions météorologiques, à la modification des cycles de précipitation, à l’augmentation des températures et à la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes. Face à cette situation, qui se traduit par des mauvaises récoltes, des rendements en baisse et une sécurité alimentaire plus fragile, les petits exploitants, en particulier, ont besoin de solutions axées sur la résilience climatique pour les aider à protéger et à renforcer leurs moyens de subsistance.
S’ils bénéficient d’un accès adéquat aux outils technologiques, les agriculteurs pourront tirer parti de ces progrès pour s’engager sur la voie d’une agriculture plus efficace et plus résiliente, en faisant évoluer leurs pratiques traditionnelles vers des systèmes sophistiqués fondés sur des données. L’agriculture moderne doit intégrer ces innovations majeures pour surmonter les problèmes tels que le changement climatique et la raréfaction des ressources naturelles.
Selon le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, «l’intelligence artificielle doit être mise au service de la transformation des systèmes agroalimentaires et du développement rural». Et d’insister: «Il faut tenir compte des besoins des agriculteurs dans la conception et les applications des outils numériques.»
Animée par le Directeur de l’informatique de la FAO, M. Dejan Jakovljevic, la table ronde a réuni cinq intervenants: Mme Najat Mokhtar, Directrice générale adjointe et Chef du Département des sciences et des applications nucléaires de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA); M. Vincent Martin, Directeur du Bureau de l’innovation de la FAO; M. Alan Belward, Chef de l’unité de la sécurité alimentaire au Centre commun de recherche de la Commission européenne; M. Sebastian Bosse, Chef du groupe des systèmes interactifs et cognitifs de l’Institut Fraunhofer Heinrich Hertz; et M. Rikin Gandhi, fondateur et Président-Directeur général de Digital Green.
La manifestation, qui se tenait dans le cadre de l’axe Science et innovation du Forum mondial de l’alimentation, visait à donner un coup de projecteur sur des exemples concrets d’innovations technologiques qui contribuent déjà à moderniser et à révolutionner l’agriculture.
Dans son discours inaugural, l’Économiste en chef de la FAO, M. Máximo Torrero, a attiré l’attention sur certains outils numériques particulièrement intéressants qui ont été mis au point par la FAO. L’un des plus récents s’appelle FLAPP (FAO Food Loss App), une application qui permet de mieux analyser où se produisent les pertes de produits alimentaires et pour quelles raisons, ce qui donne la possibilité d’intervenir de manière plus ciblée pour réduire les gaspillages.
Après la diffusion d’une courte vidéo explicative, M. Torrero a mis en avant l’aide apportée sur le terrain aux agriculteurs en Tanzanie grâce à un autre outil numérique, baptisé «Ugani Kiganjani». Cette application mobile, qui fait partie du Portefeuille de services numériques de la FAO, donne accès à des prévisions météorologiques et à des services de conseil qui permettent aux agriculteurs de savoir quand préparer les terres et quand récolter. Ainsi, ces derniers peuvent mieux s’adapter aux variations des conditions météorologiques induites par le changements climatique.
Mme Mokhtar, de l’AIEA, a évoqué le recours à des humidimètres à neutrons de rayons cosmiques, solution innovante mise au service de l’agriculture. Ces outils, qui constituent un domaine de travail du Centre mixte FAO/AIEA (Techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture) , permettent aux scientifiques de suivre la trajectoire des neutrons dans l’atmosphère pour déterminer la quantité d’eau déjà présente dans le sol. Cette information, qui est mise à la disposition des agriculteurs, peut ensuite les aider à savoir quand irriguer ou non.
Tous les intervenants ont par ailleurs insisté sur le fait qu’il importait d’utiliser ces outils de manière responsable, et M. Martin, de la FAO, a rappelé que l’Organisation avait signé l’Appel de Rome pour une éthique de l’intelligence artificielle, un document qui plaide en faveur d’une approche de l’intelligence artificielle se voulant transparente, inclusive, responsable, impartiale, fiable et sûre.
Tous les participants à la table ronde se sont montrés unanimes quant aux possibilités offertes par l’intelligence artificielle et les outils numériques pour faire face aux nombreux défis posés par la crise climatique. Toutefois, de nombreux appels à la prudence ont été lancés par les intervenants, lesquels ont insisté sur la nécessité d’utiliser ces outils de manière inclusive et responsable et ont recommandé de soumettre les produits issus de l’intelligence artificielle à des procédures de validation et d’assurance de la qualité, rappelant à cet égard que l’utilisation sans garde-fous de ces outils risquait de favoriser la discrimination au détriment de l’inclusion, voire d’accentuer la fracture numérique.
Cela étant, les applications raisonnables et responsables des outils numériques et des pratiques fondées sur la technologie se révèlent déterminantes en vue d’assurer la viabilité des systèmes agroalimentaires de demain.
Karen Mardelli FAO Actualités et Médias (Rome) (+39) 06 570 56886 [email protected]
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