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Une avancée majeure


Les nouvelles lignes directrices du Codex Alimentarius permettront à davantage de pays de fabriquer des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et d’intégrer ces produits dans leur politique de santé.

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Les nouvelles lignes directrices concernant les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi ouvrent la voie à une plus large production de ce produit essentiel, qui peut permettre à un enfant atteint de malnutrition de retrouver la santé en seulement quatre à six semaines © UNICEF/Nyan Zay Htet

24/11/2022

Voilà un produit qui peut sauver des vies, mais qui ne rentre pas dans les cases. S’agit-il d’un aliment? S’agit-il d'un médicament? Riche en nutriments et en énergie, il peut se présenter sous la forme d'une pâte épaisse ou d'une barre plus compacte. Il est conçu pour des enfants âgés de 6 à 59 mois souffrant de malnutrition aiguë sévère. L’administration d’une seule dose de ce produit vital par un professionnel de santé local, associée à un suivi médical adéquat, peut redonner la santé à un enfant atteint de malnutrition en seulement quatre à six semaines. L’appellation «aliment thérapeutique prêt à l’emploi» laisse déjà supposer qu’il est difficile de classer ce produit.

Mais pourquoi vouloir à tout prix le classer dans une catégorie? Eh bien, c’est une étape nécessaire pour garantir la sécurité sanitaire du produit et sa teneur en nutriments essentiels. De plus, on ne peut pas utiliser quelque chose qu’on ne peut pas définir. 

C’est pourquoi, l’adoption par la Commission du Codex Alimentarius des toutes premières lignes directrices relatives aux aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, à la suite d’une demande du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), représente une avancée majeure. Si elle peut sembler à première vue technique ou abstraite, cette décision de la Commission du Codex Alimentarius, qui est responsable de la mise en œuvre du Programme mixte FAO/OMS (Organisation mondiale de la Santé) sur les normes alimentaires, constitue en réalité un premier pas capital vers l’intégration des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi dans les systèmes de santé nationaux.

Les lignes directrices adoptées par la Commission du Codex Alimentarius permettront aux pays d’intégrer les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi dans leurs politiques de lutte contre la malnutrition aiguë sévère des enfants. En haut à gauche: © UNICEF. En bas à droite: © UNICEF/ Azizullah Karimi

Le produit est actuellement fabriqué dans une vingtaine de pays. Si sa production n’est pas plus étendue, c’est notamment parce qu'il n’est pas facile de le classer dans les catégories existantes et qu’il n’y a donc aucune norme qui lui a été consacrée.

«Ces nouvelles lignes directrices du Codex constituent une référence officielle que les États pourront reprendre dans leurs politiques de prise en charge de la malnutrition aiguë sévère des enfants», assure Mme Maria Xipsiti, Nutritionniste à l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

«Il ne s’agit ni d'un médicament, ni d’un sac de haricots ou de blé, mais plutôt d’un aliment thérapeutique. Les États ne savaient pas précisément comment réglementer ce produit, car il ne s’intégrait pas vraiment à leur éventail de produits alimentaires ou médicaux», explique Mme Alison Fleet, Spécialiste de la nutrition à l’UNICEF.

Ainsi, même si des donateurs tels que l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) étaient prêts à accroître leur soutien, les quantités de produits disponibles n’ont jusqu’ici permis aux organismes humanitaires que de venir en aide à environ un quart des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère. Pendant ce temps, les crises multiples causées par l’inflation, le changement climatique, les sécheresses et les inondations ont fait bondir le nombre d’enfants émaciés, qui dans certains pays a progressé de 40 pour cent depuis 2016. L’UNICEF a demandé l’intervention du Codex principalement pour qu'il apporte le chaînon manquant et facilite le développement de la production des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi.

Les lignes directrices du Codex abordent tous les aspects, de la composition nutritionnelle à l’étiquetage en passant par les additifs, et prévoient des dispositions en matière de sécurité sanitaire, notamment aux fins de la prévention d’éventuelles contaminations bactériennes. En revanche, elles n'imposent pas l’utilisation d'un ingrédient particulier, comme les arachides. Le produit peut être fabriqué à partir de céréales, de graines, de légumineuses ou de tout autre ingrédient disponible localement et qui correspond aux habitudes alimentaires et aux goûts locaux, tant que les directives sur les plans nutritionnel, sanitaire et scientifique sont respectées.

Maintenant que les lignes directrices ont été adoptées, l’OMS et l’UNICEF prévoient de proposer aux pays d’intégrer ce produit à la Liste modèle des médicaments essentiels. M. Jaden Bendabenda, Fonctionnaire technique de l’OMS, explique: «L’OMS se félicite que le Codex ait élaboré des lignes directrices concernant les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, qui définissent des normes claires, car cela va faciliter les débats en cours au sujet de l’inscription de ce produit sur la Liste modèle des médicaments essentiels. Cela pourrait améliorer l’accès aux aliments thérapeutiques prêts à l’emploi pour soigner la malnutrition aiguë sévère au niveau national.»

On espère qu'une augmentation de la production d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi permettra de réduire l’écart entre l’offre et la demande et de venir ainsi en aide à certains des enfants les plus vulnérables de la planète. © UNICEF/Ismail Taxta

La production d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi utilisés par l’UNICEF provient actuellement à 67 pour cent des pays bénéficiaires. L’Afrique du Sud, qui compte déjà parmi les pays fournisseurs, a été un fer de lance du processus de normalisation, avec le soutien de l’Ouganda et du Sénégal. L’UNICEF, de son côté, a apporté un soutien technique tout au long du processus. Plusieurs autres pays en développement ont dit réfléchir à la possibilité de s’engager dans la production d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi à la suite de l’adoption des lignes directrices.

À mesure que l’insécurité alimentaire s’aggrave dans le monde, particulièrement dans des régions telles que la Corne de l’Afrique et le Sahel, on espère qu'une augmentation de la production d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi permettra de réduire l’écart entre l’offre et la demande et de prêter secours à certains des enfants les plus vulnérables de la planète.

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