Mis en œuvre par la FAO, avec le financement de l’Union européenne et du Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement, le projet FISH4ACP est fondé sur l’innovation et vise à renforcer les chaînes de valeur des pêches et de l’aquaculture. ©FAO/Nieuw Image Media
Bien que le secteur de la pêche et de l’aquaculture soit une importante source de moyens de subsistance pour des millions de personnes dans le monde entier, il dispose d’un potentiel de croissance encore inexploité. Néanmoins, dans de nombreux cas, de mauvaises pratiques de gestion des pêches et de l’aquaculture mettent l’environnement marin et les stocks de poissons sous pression.
Le programme FISH4ACP, mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sous la direction de l’Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, consiste à renforcer la productivité et la compétitivité de chaînes de valeur tout en veillant à ce que les améliorations économiques aillent de pair avec la durabilité environnementale et l’inclusion sociale.
Avec le soutien financier de l’Union européenne (UE) et du Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement, le programme FISH4ACP est mis en œuvre dans 12 pays sur 3 continents et s’appuie sur l’innovation pour renforcer les chaînes de valeur de la pêche et de l’aquaculture.
Voici seulement cinq exemples d’outils et de pratiques novateurs qui aident des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique à accroître l’efficacité de ce secteur:
1. Recueillir des données sur les pêches au moyen d’une application en ligne au Guyana
Au Guyana, le secteur de la crevette est confronté à des difficultés en matière de collecte, de gestion et de communication de données qui compromettent l’élaboration de politiques et la gestion durable des ressources halieutiques.
Un outil en ligne nommé Calipseo, élaboré par la FAO, a été mis en place pour produire des statistiques sur les pêches. Calipseo fournit en temps réel des informations sur l’abondance du poisson, les variations saisonnières et les tendances du marché qui permettent aux pêcheurs et aux transformateurs de crevettes de cibler leurs efforts. Les pêcheurs peuvent ainsi pêcher lorsque les crevettes sont abondantes et éviter les populations surpêchées. Ils peuvent également planifier leurs activités en fonction de la haute saison et de la demande du marché.
Les données de Calipseo aident également les décideurs à mieux gérer la pêche de la crevette. L’application permet, par exemple, d’estimer la biomasse et le rendement maximal durable dans le cadre des évaluations des stocks, aux fins d’une gestion plus durable de la pêche crevettière.
Grâce à de nouveaux outils, notamment des congélateurs conçus sur mesure pour le mahi-mahi et de nouveaux aliments bon marché destinés au tilapia, le programme FISH4ACP renforce l’efficacité des pêches et de l’aquaculture, fait diminuer les pertes et augmente les revenus des pêcheurs. À gauche: ©FAO/Erika Santelices. À droite: ©FAO/ Zinyange Auntony.
2. Concevoir des réfrigérateurs pour moderniser la chaîne du froid en République dominicaine
Le mahi-mahi est une espèce essentielle pour les artisans pêcheurs de la République dominicaine et il est crucial de réfrigérer ce poisson jusqu’à ce qu’il parvienne au client. Une chaîne du froid qui fonctionne bien permet aux pêcheurs et aux poissonniers de réduire les dommages et les pertes lors de la production de poisson et améliore la qualité et la sécurité sanitaire, ce qui fait augmenter le prix du poisson et les bénéfices.
Dans le cadre du programme FISH4ACP, des congélateurs conçus sur mesure pour les grands poissons pélagiques tels que le mahi-mahi sont fournis et des artisans locaux sont formés à leur fabrication et à leur entretien.
«Grâce à cette nouvelle conception, nous pouvons fabriquer des congélateurs plus durables et plus performants énergétiquement pour entreposer de grands poissons tels que le mahi-mahi», indique Johan Alfredo Pérez, pêcheur et fabricant de réfrigérateurs.
Un cofinancement qui permettra d’acheter des congélateurs bénéficiera à 75 pêcheurs et vendeurs de poisson.
3. Doper l’élevage de tilapias au Zimbabwe grâce à des aliments pour poissons novateurs
Le tilapia est de plus en plus prisé au Zimbabwe. Toutefois, ce poisson reste cher car on a besoin d’importer des aliments pour le nourrir.
Dans le cadre du programme FISH4ACP, on expérimente actuellement la production d’aliments locaux composés de larves de mouche soldat noire, une alternative bon marché et disponible localement.
«Les aliments produits à partir de mouches soldats noires ont tout changé dans mon entreprise parce qu’ils ont fait baisser de près de moitié les coûts de production. Ils sont une condition indispensable de la poursuite de mon élevage de poissons», affirme Cathrine Mbona, une éleveuse de tilapia.
4. Réparer les conteneurs réfrigérés aux Îles Marshall
Les Îles Marshall sont une plaque tournante de la conteneurisation du thon. Toutefois, le manque de services locaux d’entretien et de réparation des conteneurs réfrigérés qui sont utilisés pour transporter le poisson est un des obstacles auxquels le pays est confronté dans cette position.
Un programme de formation FISH4ACP a été mis en place à l’intention des techniciens des principales entreprises de transformation du thon du pays. Au cours d’une formation de 5 jours, 12 techniciens ont appris à réparer les dysfonctionnements les plus courants des conteneurs réfrigérés.
Le fait de renforcer les capacités locales aux fins du bon fonctionnement de la chaîne de valeur du thon permettra de faire transiter davantage de conteneurs de thon par le port de la capitale, Majuro, ce qui renforcera considérablement la position des Îles Marshall en tant que pôle du thon et favorisera ainsi la croissance intérieure et les possibilités d’emplois.
FISH4ACP aborde les moyens de subsistance liés à la pêche sous tous leurs aspects. En Gambie, de nombreux pêcheurs d’huîtres ne savent pas nager. Dans le cadre du programme, un cours de natation a été organisé à l’intention de ces pêcheurs afin de rendre leur travail moins dangereux. ©FAO/Jason Florio
5. Apprendre à nager aux pêcheurs d’huîtres gambiens
En Gambie, les pêcheurs d’huîtres sont en général des femmes, or nombre d’entre elles ne savent pas nager, ce qui met en danger ces personnes qui passent leurs journées dans l’eau. Un programme de natation de six semaines, dirigé par la marine nationale gambienne, a été organisé dans le cadre de FISH4AC afin d’apprendre à 60 pêcheurs à nager, à flotter et à atteindre le rivage en cas d’urgence.
«Nous avions vraiment peur quand nous allions pêcher des huîtres. À présent, nous nous sentons plus en sécurité dans l’eau et nous avons davantage confiance lorsque nous travaillons», affirme Marie Sambou, une pêcheuse d’huître.
FISH4ACP aide des pays à exploiter le potentiel des pêches en matière de moyens de subsistance et d’économie et, dans le même temps, à réduire les pertes et à faire baisser la pression qui pèse sur l’environnement marin. Ces autres pratiques seront présentées lors du Forum sur les aliments bleus, les 12 et 13 septembre 2024.
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