La restauration des parcours et le pastoralisme durable vont de pair. Celle-ci a été la principale conclusion d’une session intitulée: « Gardiens des pâturages: lutter contre la désertification dans les zones de pâture grâce à un pastoralisme durable », organisée conjointement par la Plateforme des Connaissances Pastorales de la FAO et l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) en parallèle à la treizième session de la Conférence des Parties (COP13) de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la Désertification (UNCCD).

Un tiers de la surface terrestre de la Terre peut être classé comme pâturages, parmi lesquels se trouvent des écosystèmes aussi fragiles que les prairies, les zones arbustives, les zones humides, les hautes terres et les déserts. Ces environnements sont très vulnérables au changement climatique et à la désertification. L’élevage extensif ou le pastoralisme sont largement adaptés aux conditions climatiques changeantes des pâturages du monde. La mobilité stratégique est utilisée pour tirer le meilleur parti des ressources rares et pour produire des aliments d’origine animale là où les cultures ne poussent pas.

Pourtant, le pastoralisme est considéré comme une cause de dégradation de l’environnement. Il existe une vieille croyance selon laquelle la production pastorale extensive serait préjudiciable à la santé des parcours en raison du surpâturage et du manque de considération pour les ressources partagées. Cela se reflète dans les politiques gouvernementales qui visent à clôturer et à privatiser les terres pastorales. Cela perturbe le système traditionnel de gestion des ressources et menace l’avenir du pastoralisme.

Nahid Naghizadeh, du Centre pour le Développement Durable (Cenesta) en Iran, a souligné que de nombreuses zones pastorales sont reconnues comme des Aires et Territoires du Patrimoine Autochtone et Communautaire (APAC). En relançant les institutions traditionnelles pour la gouvernance des ressources et le leadership, le Cenesta espère protéger de l’exploitation les droits ancestraux des communautés tribales sur leurs ressources naturelles et les pâturages.

Jonathan Davies, de l’UICN, a souligné que certains pays, tels que la Jordanie, ont reconnu officiellement, avec des lois, les systèmes traditionnels de gestion des pastoralistes locaux, tels que le Al Hima, à travers leurs Stratégies Actualisées pour les Pâturages. D’ailleurs, cette politique a été récompensée du Prix de la Politique d’Avenir, catégorie bronze, qui reconnaît les politiques qui luttent contre la désertification et la dégradation des terres. Jonathan Davies a également souligné la relation réciproque entre la restauration du paysage et la réalisation des engagements mondiaux en matière de restauration, tels que le Défi de Bonn et les Objectifs d'Aichi, et le pastoralisme durable.

Le pastoralisme fournit de précieux services écosystémiques, tels que l’amélioration de la fertilité des sols et la séquestration du carbone dans le sol, la régulation des eaux, la dissémination des graines, la régulation des maladies et des ravageurs, la conservation de la biodiversité et le contrôle des incendies, qui contribuent à la durabilité des pâturages et à la durabilité environnementale mondiale. Kirk Olson, de la Société pour la Conservation de la Vie Sauvage (WCS, selon ses sigles en anglais), a donné des exemples, tirés de ses expériences dans les pâturages de Mongolie, sur la façon dont le travail avec les pastoralistes est un moyen d’assurer la subsistance des ressources pastorales, y compris certaines espèces sauvages spectaculaires.

Organisé dans le cadre des célébrations de la Journée de Restauration du Paysage, l’évènement visait à démonter les mythes sur l’impact négatif du pastoralisme sur le paysage et à encourager le développement d’un pastoralisme durable pour améliorer la santé des pâturages. Les terres de parcours saines constituent à leur tour une base de ressources propice à un pastoralisme durable.