Plateforme des Connaissances Pastorales

Une plateforme de pastoralisme favorise la paix en République centrafricaine perturbée par des conflits

Une plateforme multipartite pour discuter des moyens de réduire les conflits


12/09/2016 -

Promouvoir le dialogue, encourager des partenariats et trouver des solutions aux défis auxquels sont confrontés les éleveurs: tels sont les objectifs de la Plateforme de pastoralisme et de transhumance, une initiative multipartite lancée en mars 2015 par le Gouvernement de la République centrafricaine.

Lors de sa deuxième réunion à Bangui en juin 2016, la plateforme a réuni des institutions gouvernementales, des ONG, des réseaux d’éleveurs, des forces de sécurité, y compris la mission de maintien de la paix de l’ONU (MINUSCA), l’intervention militaire française (Opération SANGARIS) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). La FAO fournit de l’appui dans l’organisation de cette plateforme.

L’échec d’une coexistence pacifique

La situation sécuritaire en République centrafricaine était déjà complexe, avant même le début de la rébellion en 2012. Plusieurs groupes armés opèrent dans le pays. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées à l’intérieur. Des communautés ont été déstabilisées de façon délibérée afin de créer des troubles ailleurs. En 2014, les communautés pastorales ont été chassées de l’ensemble de la partie orientale du pays.

La coexistence pacifique entre les communautés agricoles et pastorales est mise en péril. Il y a une rupture des liens avec les groupes d’éleveurs étrangers qui entrent dans le pays en quête de pâturages.

Des groupes d’éleveurs signalent avoir eu de nombreuses difficultés. Ils sont confrontés aux actes de violence de la part des groupes armés, au vol de leur bétail, aux feux de brousse, aux marchés fragilisés, à des taxes arbitraires; on leur bloque l’accès aux points d’eau et aux voies migratoires en raison de l’expansion des terres agricoles.

Traditionnellement, des groupes d’agriculteurs et d’éleveurs échangeaient des animaux vivants contre des céréales pour leur avantage mutuel. Mais les conflits ont perturbé ce commerce et il y a un accroissement de la pauvreté et l’insécurité alimentaire.

Les pâturages naturels couvrent entre 30 et 40 pour cent du territoire national. On estime qu’il y a 3,8 millions de têtes de bétail et 3,5 millions de caprins. Environ 90% du cheptel appartiennent à des groupes peuls.

Les parties prenantes se félicitent des initiatives de résolution des conflits

La Plateforme de pastoralisme et de transhumance réunit des organisations locales et internationales, la société civile, les forces de sécurité et les responsables gouvernementaux de divers ministères qui sont responsables de la production animale, du développement rural, de l’environnement, des affaires internes, de la communication, des finances et de la défense.

Lors de la première réunion de la Plateforme en novembre 2015, les participants ont formulé 15 recommandations. Celles-ci comprennent l’intensification des échanges d’informations sur les voies migratoires des communautés pastorales, la promotion du dialogue avec les pays voisins, et le renforcement des capacités des services responsable de l’élevage et pour les ONG.

Lors de la deuxième réunion tenue en juin 2016, les participants ont discuté des campagnes de vaccination et des moyens de résoudre les conflits. Ils ont formulé des recommandations pour modifier la loi sur le pastoralisme.

Selon les participants, la meilleure façon de résoudre les conflits et renforcer la cohésion sociale est de mettre en place des comités locaux, de soutenir les jeunes et les femmes par le biais de petits projets et des services de micro-crédit, et de mettre en place des abattoirs pour créer des marchés et répondre à la demande pour la viande.

Les comités locaux réunissent les chefs des différents groupes, y compris les responsables des communautés et les chefs religieux, les anciens, les chefs des milices, des représentants des Nations Unies et des commandants de police. Les représentants discutent ouvertement des questions à la base du conflit. Le dialogue est la première étape importante pour résoudre les conflits.

La mission de maintien de la paix de l’ONU a promis son soutien pour assurer la sécurité des activités de la Plateforme. L’amélioration de la sécurité contribuera à la réhabilitation des infrastructures, la restauration de l’autorité de l’État et l’amélioration des marchés de bétail.

Le renforcement de la paix: élément important des campagnes de vaccination

« La Plateforme s’avère une approche prometteuse », a déclaré Vincent Briac, Spécialiste de l’élevage à la FAO, qui a assisté aux deux premières réunions. « Tous les groupes partagent l’intérêt commun de garder leurs animaux en bonne santé. Le risque de perdre le bétail à la suite d’une maladie est plus grand que le risque de conflit armé. Voilà qui nous permet de réunir des groupes qui n’accepteraient jamais de se rencontrer en temps normal.» Il recommande de créer d’initiatives similaires dans d’autres pays où des conflits similaires de type éleveurs-agriculteurs surviennent.

En collaboration avec des partenaires locaux, y compris la Fédération nationale des éleveurs centrafricains (FNEC) et l’Agence nationale de développement de l’élevage (ANDE), la FAO a lancé à la fin de l’année dernière une campagne de vaccination contre deux principales maladies: la peste des petits ruminants et la péripneumonie contagieuse bovine. Le renforcement de la paix et la cohésion sociale étaient deux éléments importants de la campagne.

Des comités locaux ont été créés pour discuter de la campagne de vaccination. Les dirigeants des différents groupes ont également eu l’occasion de parler de questions liées aux conflits, tels que le port d’armes dans les villages.

À partir de septembre 2016, les interventions prochaines en matière de santé animale se feront suivant une approche similaire, et se concentreront sur le renforcement des capacités des services vétérinaires publics et privés. L’organisation d’une troisième réunion de la Plateforme est en cours de préparation.

De plateformes similaires seront lancées dans d’autres pays par le Comité permanent Inter-États de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel, dans le cadre d’un nouveau projet de la Banque mondiale intitulé: «Pastoralisme et Stabilité au Sahel et dans la Corne de l’Afrique (PASSHA)».

Ces plateformes peuvent aider à comprendre la nature des conflits et à réunir les parties prenantes clés. Cela dit, la plupart des conflits sont complexes et nécessitent une analyse détaillée des parties concernées et des causes et de la dynamique des conflits. Les interventions ne seront pas les mêmes; elles doivent être adaptées aux circonstances respectives.

 

Pastoralism and Transhumance Platform of the Central African Republic