FAO en République centrafricaine

République centrafricaine | Améliorer la production rizicole, générer des revenus et créer des stocks en période de crise

12/12/2022

La FAO et l’Union européenne soutiennent les agriculteurs de Bambari, tel que Jean-Paul Angaïda, président du groupement agricole Ngoumango, qui a relancé ses activités de cultures rizicoles. Jean-Paul nous raconte comment sa vie a été impactée par le projet.

 

En République centrafricaine, les conflits armés pré- et post-électoraux, les impacts de la pandémie de covid-19 et les récentes inondations qui touchent le pays depuis 2020, ont entraîné une détérioration de la situation humanitaire. Le projet OSRO/CAF/105/EC de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) intitulé «Appui d’urgence à la relance des moyens d'existence et au renforcement des capacités de la production alimentaire des populations vulnérables touchées par les crises en République centrafricaine» avait pour objectif d’apporter un appui d’urgence à la relance des moyens d’existence et au renforcement des capacités de production alimentaire de 18 300 ménages vulnérables touchés par des crises. Le projet, financé par la Direction générale de l’aide humanitaire et de la protection civile de la Commission européenne pour un montant de plus de 2,2 millions d’USD, a été mis en œuvre du 25 janvier 2021 au 24 mars 2022.

Jean Paul Angaïda, 53 ans et père de 14 enfants, est le chef de groupe du village de Sabalet situé à 3 km de Bambari sur l’axe Kouango, dans la préfecture de l’Ouaka. Il est également le président du groupement rizicole Ngoumango du même village, qui compte 123 membres, dont 57 femmes. «Nous exploitons un site aménagé depuis 1975, du temps de nos pères. Nous avions des décortiqueuses, des motoculteurs, des batteuses, des vanneuses et des petits outillages, mais en raison de la crise de 2013, nous avons tout perdu, même le magasin de stockage a été détruit» explique Jean Paul. 

Dans le cadre du projet de la FAO, les préfectures de l’Ouham, de l’Ouham-Pendé, de la Kémo, de la Basse-Kotto et de l’Ouaka ont été sélectionnées car particulièrement touchées par les multiples crises que traverse le pays. Jean Paul et certains membres de son groupement ont été soutenus par les interventions du projet pendant la campagne agricole 2021. Ils ont chacun reçu un kit agricole composé de 25 kg de semences de riz, deux houes Ceylan et deux houes Linda. De plus, le Programme alimentaire mondial a fourni une assistance alimentaire aux mêmes bénéficiaires dans les zones d’intervention du projet, afin d’assurer la protection des semences distribuées (à savoir la non-consommation de celles-ci par les bénéficiaires).

«Avant la relance des cultures rizicoles, nous vivions un moment critique, dans un contexte marqué par la crise qui touche notre pays. Il nous était difficile de trouver à manger, de scolariser nos enfants et de faire face aux problèmes de santé. Grâce au soutien de la FAO, nos peines ont été réduites. Maintenant nous pouvons préparer la rentrée scolaire de nos enfants, verser de l’argent dans le ménage et assurer la santé de nos familles. Il nous est également possible d’entreprendre des travaux de construction de logements décents et surtout d’épargner pour pérenniser notre activité» explique Jean Paul.

Grâce aux intrants distribués, le groupement de Jean Paul a emblavé cinq casiers de 0,1 ha chacun au sein de leur site aménagé, soit 0,5 ha de terres cultivées et ont produit 2 420 tonnes de riz. Après avoir mis de côté des semences pour la campagne suivante, ils ont dégagé un revenu total de plus de 2,6 millions d’XAF, soit près de 4 000 EUR, lors des ventes sur la foire aux semences agricoles organisée par la FAO à Bambari. Pour l’ensemble de la campagne agricole 2022, le groupement de Jean Paul a emblavé au total 12 casiers, soit 1,2 ha. Il estime qu’ils pourront récolter près de 4 tonnes de riz.

 «Grâce aux revenus tirés de la vente de notre production, chaque membre du groupement est tenu de verser 30 000 XAF (environ 46 EUR) dans la caisse commune, afin de nous permettre de mettre en œuvre nos projets, comme la construction d’un magasin de stockage et l’aménagement de l’aire de séchage. En ce moment nous n’avons pas de magasin de stockage et nous sommes obligés de louer les locaux de l’Institut centrafricain de recherche agricole. Ceci nous coûte 30 000 XAF par mois» explique Jean Paul.

Les membres du groupement Ngoumango cultivent également du manioc, du maïs et de l’arachide et mènent des activités de petit élevage. «Si nous ne cultivons que du riz, qu’allons-nous manger en attendant qu’il arrive à maturité ? Avec le maïs, l’arachide, le manioc et le sésame, nous avons de quoi nourrir notre famille en attendant que le riz, une fois récolté, nous apporte de l’argent» précise Jean Paul, qui conclut en affirmant sa gratitude envers le soutien fourni par la FAO et l’Union européenne. Il souligne cependant que «l’aire de séchage que nous avons en ce moment ne fait que 20 m2 pour plus de 600 riziculteurs sur le site. Ceci reste un grand handicap pour nous». Jean Paul indique que certains besoins subsistent au sein du groupement, notamment une décortiqueuse pour l’amélioration de la chaîne de valeur, un motoculteur qui leur permettrait d’augmenter davantage leur production et un hangar de stockage et d’aire de séchage; et appelle à un soutien continu des partenaires.