FAO en République démocratique du Congo

Mise en place d’outils de gestion durable des tourbières en RD Congo

©FAO/Hyacine Kacou-Amondji
27/03/2024

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) ainsi que le ministère de l’Environnement et Développement Durable, ont organisé à Kinshasa, un atelier consultatif national sur la thématique : Eau, climat et outils de suivi des tourbières, qui est l’un des piliers du projet « Sécuriser les réserves cruciales de biodiversité, de carbone et d'eau dans les tourbières du bassin du Congo grâce à une prise de décision éclairée et une bonne gouvernance », en sigle (IKI)

Gestion durable des tourbières

En décembre 2021, un accord de subvention a été signé entre la République Fédérale d'Allemagne, représentée par le ministère fédéral de l'Environnement, de la Conservation de la nature, de la Sûreté nucléaire et de la Protection des consommateurs (BMUV) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Dans ce cadre, BMUV a mis à la disposition du PNUE un financement pour la mise en œuvre du projet « Sécuriser la biodiversité cruciale, de carbone et d’eau dans les tourbières du bassin du Congo grâce à une prise de décision éclairée et une bonne gouvernance » ou « Projet des tourbières du bassin du Congo ».

Cette initiative vise à aider les gouvernements et les parties prenantes de la République du Congo et de la République Démocratique du Congo à atténuer les impacts du climat et du développement sur la biodiversité, l'eau et le carbone dans le lac Télé (Congo) et dans le paysage du lac Tumba (RDC) avec une attention particulière aux tourbières qu'il abrite.

Mis en œuvre officiellement depuis le 1er janvier 2022, ce projet permet aux pays cibles de bénéficier d'une coopération sud-sud visant à tracer une nouvelle voie vers la gestion durable de leurs tourbières, au profit des populations, et la conservation de leurs services écosystémiques. Pour atteindre les objectifs escomptés il est attendu que le programme puisse produire cinq résultats majeurs, notamment : (i) environnement favorable ; (ii) biodiversité, habitat et moyens de subsistance ; (iii) eau et climat ; (iv) tourbières et écosystème et (v) renforcement des capacités et gestion des connaissances.

Les tourbières du bassin central de la RDC couvrent une superficie estimée à 111.400 Km2. Il s’agit des provinces de l’Equateur, Mongala, Tshuapa, Sud-Ubangi et Mai-Ndombe. Le stock de carbone de la tourbe du bassin central, dans ces 5 provinces est de 24,0 gitatonnes.

Une consultation nationale multipartite  

Lors de l’atelier de Kinshasa, une quarantaine d’experts (gouvernement, partenaires techniques financiers, Agences UN et ONG, société civile, universités…) impliqués dans la gestion des tourbières se sont réunis pour échanger sur la troisième composante du projet qui est l’eau et le climat. Ils vont mettre en place une feuille de route sur la gestion durable des tourbières, au profit des populations et la conservation de leurs services écosystémiques.

 « Ces échanges permettront aux parties prenantes d’avoir un même niveau de compréhension et de mettre en place un mécanisme qui permettrait à ce que cette composante puisse bénéficier au pays en général et à toutes les populations en particulier », a expliqué Henri-Paul Eloma Ikoleki, Chargé de programme, assistant du Représentant de la FAO en RDC.

 « Je vous invite à mettre en place un processus qui aboutira aux impacts positifs de la protection de la biodiversité, à améliorer les conditions de vie, le renforcement de la résilience des communautés et des écosystèmes face aux changements des effets climatiques », a appelé Georges Akwa, chef d’équipe du PNUE pour le bassin du Congo.

Pour le représentant du Secrétaire général du ministère de l’environnement et du développement rural (MEDD), Jean-Jacques Bambouta : « la RDC se présente comme pays solution, face au réchauffement climatique, à cause de son grand potentiel en eau et climat, aux minerais utiles à la transition écologiques et surtout aux tourbières ».

Il a présenté l’effort que mène actuellement la RDC pour la gestion durable de ses tourbières. En effet, actuellement la RDC, à travers l’Unité de Gestion des Tourbières du ministère de l’Environnement et Développement Durable, travaille pour l’élaboration des politiques efficaces au niveau national devant permettre d’assurer une gestion durable de ces écosystèmes. L’élaboration de la stratégie nationale sur les tourbières de la RDC se consolide progressivement par une série d’activités, à savoir : la revue du cadre juridique propice à la gestion des tourbières, l’identification de la définition nationale de la tourbière et de la tourbe, l’étude des menaces anthropiques et climatiques qui pèsent sur les tourbières, l’identification préliminaire des piliers de la stratégie nationale des tourbières, les synergies institutionnelles et interactions connexes autour des tourbières et l’étude portant sur la collecte des données multisectorielles relatives aux menaces climatiques, à l’hydrologie et au niveau de saturation des tourbières, à la botanique/végétation des tourbières, à la situation  socio-économique des communautés qui vivent dans les zones des tourbières, et aux maladies zoonotiques qui ont comme cadre d’émergence des zones des tourbières.

L’intervention du représentant du PNUE a montré l’importance du projet IKI et sa contribution à consolider l’effort que mène le MEDD pour préserver ces écosystèmes fragiles.

Pendant deux jours les participants ont échangé sur les défis écologiques, socio-économiques et institutionnels de gestion des tourbières.

La cartographie des tourbières, le besoin en information sur les tourbières, les initiatives actuelles eau et tourbières en RDC, les indicateurs, l’eau et le climat, les outils et méthodes innovantes d’observation/suivi des tourbières adaptés aux besoins du pays, le changement climatique et son impact sur les tourbières, les causes de dégradation, … ont fait l’objet de discussion durant l’atelier.