Lorsque Jacob et Jessica Beaton ont abandonné leur vie en ville pour une ferme de 140 acres dans la Colombie-Britannique, ils ont appris à planter leurs légumes en regardant des vidéos de YouTube. Quatre années et une pandémie mondiale plus tard, ils en produisent des milliers de kilos et ils sont devenus les promoteurs d’une relance de la souveraineté alimentaire des communautés autochtones de la côte occidentale.
Jacob et Jessica ont créé Tea Creek, un centre de formation géré par la population locale qui offre aux «Premières nations» locales un espace culturellement sûr où acquérir différentes compétences.
Après avoir assisté à l’interruption des chaînes de valeur alimentaires durant la covid-19, ainsi qu’à des incendies et des inondations de grande ampleur, le couple s’est senti davantage préoccupé par la souveraineté alimentaire dans leur nouvelle résidence sur le Territoire de Gitxsan.
Le tournant s’est produit le jour où les chefs des populations autochtones les ont contactés et leur ont demandé de cultiver de la nourriture pour leur communauté. C’est alors que Jacob et Jessica leur ont ouvert les portes de leur exploitation et ont commencé à les former.
«On manque d’agriculteurs et de terres agricoles», affirme Jacob, qui appartient à l’ethnie tsimshian.
Au Canada, moins d’un pourcent des producteurs alimentaires sont des autochtones alors que près de la moitié des familles autochtones ont du mal à subvenir aux besoins alimentaires, et les produits sains sont nettement plus chers dans leurs communautés que dans les centres urbains.
Les populations autochtones du Canada sont jeunes et ont une croissance démographique rapide, selon Jacob. Il est deux fois plus probable qu’ils voudraient vivre sur leurs terres rurales et cinq fois plus probable qu’ils auraient leur propre entreprise dans les territoires qui permettent l’agriculture et la production alimentaire, si seulement ils en avaient la possibilité.
Dans le cadre du programme de formation sur la souveraineté alimentaire, les stagiaires de Tea Creek suivent des cours d’horticulture, de menuiserie, de cartographie par drone, et ils apprennent à utiliser des équipements lourds et à produire des histoires pour communiquer de manière efficace le projet aux médias. Le programme est conçu afin que les stagiaires puissent acquérir des compétences et des connaissances valables et vendables dans le secteur des systèmes alimentaires.
En 2021, première année d’activité à plein régime, Tea Creek a accueilli plus de 1 000 invités d’origine autochtone, servi plus de 6 000 repas et produit de la nourriture qui a été distribuée aux communautés locales, aux invités, au personnel et aux stagiaires.
À ce jour, 84 stagiaires autochtones se sont diplômés dans ce programme et ils continuent à produire de la nourriture, à construire des serres et des jardins potagers.
Dans leur souci de revitaliser la sécurité alimentaire et la santé au sein des nations autochtones du Canada, Jacob et Jessica se battent pour introduire des changements dans les politiques et dans les règles de financement et du droit foncier qui limitent les populations natives dans tout le pays.