Les termes "agriculture régénératrice" et "solutions fondées sur la nature" occupent une place de plus en plus importante dans les espaces politiques et financiers liés aux systèmes alimentaires. Des forums politiques mondiaux comme le Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires et les conférences des Nations unies sur le climat et la biodiversité ont récemment utilisé ces termes comme synonymes de développement durable. Ils s'ajoutent à un ensemble de termes et d'idées qui prétendent présenter des solutions durables pour les systèmes alimentaires, notamment l'agroécologie, l'agriculture intelligente face au climat, l'intensification durable, l'agriculture de conservation, l'agriculture à faible émission de carbone, la permaculture, l'agriculture biodynamique, l'agriculture biologique, la gestion holistique des ressources, etc. Bien qu'il y ait un large consensus sur la nécessité de transformer les systèmes alimentaires et de les rendre plus durables, il existe différentes interprétations sur la signification pratique de cette transformation et une concurrence croissante entre les différentes approches et terminologies.

Cette étude est motivée par les préoccupations liées aux débats et aux processus politiques liés à la transformation durable des systèmes alimentaires, qui sont menés par un groupe restreint d'acteurs. Plus précisément, la prise en compte de l'agroécologie - un concept qui combine depuis longtemps les aspects écologiques et sociaux - et son amalgame avec d'autres idées liées au discours sur la durabilité, ont pour effet de vider le concept de ses fondements sociaux et politiques. Elle vise à identifier et à analyser de manière critique les cadrages et les récits concurrents liés à l'agroécologie, à l'agriculture régénérative et aux solutions fondées sur la nature dans l'agriculture et l'alimentation. Elle examine comment et pourquoi ces termes ont été repris dans les espaces politiques et les flux de financement mondiaux récents.