FAO au Burundi

Le Projet PRO-ACT pour une amélioration de la résilience en faveur des populations rurales vulnérables du Burundi

30/06/2016

Financé par l’Union Européenne pour une durée de 3 ans (2016-2018), le PRO-ACT ou ‘Projet d’appui à l’amélioration des capacité de résilience des populations rurales vulnérables les plus affectées par les effets de la crise multifactorielle au Burundi’ est un nouveau projet de la FAO. Il est maintenant en phase de démarrage dans les provinces de Kirundo (Busoni et Bugabira), Muyinga (Mwakiro et Butihinda), Karuzi (Buhiga et Bugenyuzi), Rutana (Bukemba et Giharo) et Makamba (Kayogoro et Nyanza Lac). Ces localités ont été ciblées suite à une combinaison de résultats IPC critiques, d’indicateurs de malnutrition inquiétants et des taux de migration parmi les plus intenses.

Au total, le PRO-ACT va s’adresser à  5000 ménages dont les membres sont regroupés en 200 Organisations de Producteurs et Associations Féminines ainsi que 10 000 ménages individuels de retournées et de résidents. Il a pour objectif principal de ‘contribuer à la réintégration socio-économique des populations vulnérables les plus affectées par la crise multifactorielle à travers l’amélioration durable de la sécurité alimentaire, la nutrition et les moyens d’existence’.

L’objectif global du PRO-ACT est de « Contribuer à la réintégration socio-économique des populations vulnérables affectées par la crise multifactorielle à travers l’amélioration durable de la sécurité alimentaire, la nutrition et les moyens d’existence ». Au final, 3 résultats sont attendus. Il s’agit de l’améliorationde la sécurité alimentaire et nutritionnelle de 10 000 familles individuelles retournées et locales vulnérables; celle de la résilience de 5 000 ménages des membres des OP et AF, afin de mieux gérer les risques et tirer profits des opportunités locales en vue d’une meilleure sécurité alimentaire et nutritionnelle. L’information sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle par un système d’alerte précoce à base communautaire est adaptée, l’évaluation des performances agricoles sera également renforcée.

A noter que le nouveau projet compte s’attaquer aux causes de l’insécurité alimentaires et nutritionnelle dans le cadre des activités programmées. Il s’agit de la production et la diversification des produits améliorant la ration alimentaire (petit élevage, maraichage, pisciculture, myciculture, apiculture etc), le renforcement des capacités techniques, organisationnelles et mercatiques des communautés ainsi que le développement du système de suivi des campagnes agricoles à base communautaire et d’information sur la situation alimentaire et nutritionnelle.

Afin de contribuer au mieux au renforcement des moyens d’existence et de la résilience des communautés, le PRO-ACT fera en outre appel à l’approche développée par la FAO dite des ‘Caisses de Résiliences’(CdR) qui constitue une démarche communautaire intégrée autour de 3 pôles. Il s’agit du pôle technique, financier et social.

Le pôle ‘technique’ est basé sur l’apprentissage des bonnes pratiques agricoles durables au travers des Champs Ecoles Paysans (CEP) qui permettent aux intéressés d’atteindre des productions plus élevées et de meilleure qualité, dans des conditions plus respectueuses de l’environnement. Le pôle ‘financier’ est quant à lui en rapport avec la formation et la mise en œuvre de ‘tontines améliorées’ connues sous l’appellation de ‘Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit’ (AVEC) ou ‘Village Savings and Loan Associations (VSLA)’ en anglais. Ces derniers permettent de renouer avec l’esprit d’épargne, crédit et remboursement afin d’accéder à des ressources financières à investir ensuite dans la diversification des moyens d’existence. Le pôle ‘social’ compte renforcer la cohésion des groupes de femmes et de producteurs investis dans l’approche CdR en améliorant la confiance, le respect mutuel et l’entraide collective et inclusive au travers de techniques de dialogue et d’animation participative portant sur des thèmes relatifs aux contraintes et opportunités partagées par les membres d’une communauté.

A l’étape actuelle, le projet a déjà ouvert ses bureaux à Muyinga et Makamba. L’équipe du projet  a déjà rencontré tous les intervenants œuvrant dans la même zone d’action en vue de s’accorder sur les synergies possibles de mise en œuvre des actions et d’identifier ensemble les risques de chevauchements d’interventions qui pourraient être contre-productifs afin de les éviter. Le projet a aussi identifié et sélectionné 7 meilleurs partenaires de mise en œuvre (PMO) du projet dans les 10 communes de sa zone d’actions. A présent, il est dans un processus d’élaboration des protocoles d’accords avec ceux-ci, dans le ciblage géographique (collines) et ciblage des bénéficiaires (familles individuelles et Organisations des Producteurs « OP » et Associations Féminines « AF ») qui sont les groupe-cibles du projet.

Signalons enfin que le projet PRO-ACT a été  lancé au moment où le Burundi fait face à un contexte difficile. La productivité du secteur agricole burundais est affectée par diverses contraintes structurelles liées notamment à une densité de la population très élevée, à l’appauvrissement des sols, au faible accès des producteurs aux revenus et autres capitaux ainsi qu’aux changements climatiques.  Les récentes tensions qui ont secoué le pays ont aggravé la conjoncture, en particulier pour les populations déplacées/réfugiées qui ont décapitalisé leurs exploitations et à leur retour, peinent à reconstituer leurs moyens d’existence d’avant crise.  Combinés à une économie nationale en perte de vitesse et aux faibles connaissances sur le comportement adéquat d’alimentation et de nutrition, ces facteurs ont entrainé l’accroissement de l’insécurité alimentaireavec, selon le rapport du Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA de 2014, un taux de prévalence moyen de la malnutrition chronique de 58% (pour un seuil critique de l’OMS de 40%), allant dans certaines provinces du Nord, du Centre-Est et du Sud (Ngozi, Kirundo, Muyinga, Muramvya, Karusi, Ruyigi et Makamba) jusqu’à 78%.