FAO au Cameroun

Du poisson pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables

07/04/2021

Dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun en proie à la crise du Lac Tchad, la FAO forme des groupements communautaires aux techniques d’élevage du poisson en milieu contrôlé.

Zileng I, localité du département du Diamaré, dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun. Ici, les populations essentiellement agricultrices, découvrent les joies et les bienfaits d’une toute nouvelle activité, la pisciculture. En effet, le Comité de Zileng I est l’un des 6 groupements ayant bénéficié de l’accompagnement de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pour le développement des activités piscicoles dans la région de l’Extrême-Nord.

Ces populations depuis 2013, subissent les exactions perpétrées par des groupes islamistes armés dont les insurrections ont sur la vie des populations victimes, un impact économique négatif majeur. L’Extrême-Nord déjà en proie à un retard de développement, est de plus en plus confrontée à des difficultés liées à l’accès aux moyens d’existence, compromettant par le fait même la sécurité alimentaire et nutritionnelle des individus. En effet, plusieurs études menées par divers organismes, ainsi que la dernière analyse Cadre Harmonisé ont montré que cette région de l’Extrême-Nord est celle qui enregistre le taux d’insécurité alimentaire le plus élevé dans le payset sert de refuge au plus grand nombre de personnes vulnérables, notamment les déplacés internes, les retournés et les réfugiés.

Les groupements sélectionnés avec l’appui du Ministère de l’élevage, des pêches et industries animales (Minepia) rassemblent des victimes de la crise du bassin du Lac Tchad. Il s’agit spécifiquement de personnes âgées, de femmes veuves et chefs de ménage, de jeunes responsables de famille, des otages et ex-combattants de Boko Haram.

Pallier aux effets des exactions de groupes terroristes sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations

Dans le but de remédier à ces affres, la FAO accompagne les populations victimes de la crise du bassin du Lac Tchad dans l’amélioration de leur sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers la pisciculture; pour ce faire, outre le renforcement des capacités techniques, l’Organisation distribue aux populations des équipements et intrants piscicoles. Ces distributions se font dans le cadre d’un projet financé par le Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires des Nations Unies (UNCERF). C’est ainsi que du 1er mars au 31 décembre 2019, la FAO a appuyé 10 localités (Mokolo et Koza dans le Mayo-Tsanaga; Maga et Yagoua dans le Mayo-Danay; Mora dans le Mayo-Sava et Logone-Birni, Goulfey, Makary Kousseri, Fotokol dans le Logone-et-Chari) de 4 départements de la région de l’Extrême-Nord, réunies en groupements dans le développement des activités piscicoles.

A Zileng I, 421 hommes et femmes incluant des personnes en situation de handicap, des veuves et des femmes cheffes de ménage en sont les premiers bénéficiaires. La première expérimentation du groupement a permis de produire au bout de six mois, 133 kilogrammes de poissons de type Clarias gariepinus, revendus sur la place publique à hauteur de 2500 Fcfa le kilogramme.

Cet exercice de vente publique a permis non seulement de faire valoir le savoir-faire des bénéficiaires et encourager d’autres personnes à s’intéresser à l’activité piscicole, mais également de rentabiliser leurs efforts tout en élargissant la potentielle cible de distribution. Les bénéfices obtenus viennent renforcer la situation économique des ménages et améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des individus.

Asta Yaoba, bénéficiaire du projet témoigne à ce propos: «je suis déjà agricultrice et maintenant je suis heureuse que la FAO m’ait enseigné à élever du poisson; je sais désormais que cette activité servira pour une meilleure alimentation de ma famille et pourquoi pas, envisager investir pour rentabiliser les compétences acquises ». 

Un projet qui suscite l’enthousiasme

Le développement des activités piscicoles dans l’Extrême-Nord s’inscrit dans un projet plus large d’amélioration de la sécurité alimentaire des populations affectées par les impacts de la crise du bassin du Lac Tchad. Ledit projet mis en œuvre du 01er mars au 31 décembre 2019 a permis la mise en place de 503 unités de production maraîchère sur une superficie de 50,3 hectares et 20 unités piscicoles.

A Zileng I, outre les intrants piscicoles, le projet a favorisé l’installation d’un forage qui permet d’approvisionner le village en eau potable et sert également pour les activités agricoles, contribuant ainsi à atténuer les difficultés d’accès à l’eau observées sur certains sites. De plus, l’association pisciculture et culture maraichère permet de valoriser les eaux issues des bacs pour poissons pour l’irrigation des cultures en amont, minimisant ainsi l’utilisation d’engrais chimiques. Le groupement local a également bénéficié de semences agricoles(gombo, maïs et morelle noire) de qualité et d’engrais pour obtenir une bonne production et de motopompes pour le drainage des eaux, en particulier en saison pluvieuse où les eaux de pluies limitent considérablement l’accès à certains sites.

Ce projet suscite l’enthousiasme des bénéficiaires qui se disent satisfaits de l’appui reçu dans le cadre de sa mise en œuvre. «Nous commençons à voir les retombées des compétences acquises et des moyens mis à notre disposition; l’accompagnement de la FAO et de la partie gouvernementale n’a jamais fait défaut, nous en sommes reconnaissants », témoigne Siddi Yankabe, Président du groupement de Zileng I. «A l’avenir, nous souhaitons investir pour diversifier notre production de poissons, notre souhait étant que pour les communautés des alentours, Zileng I soit un véritable exemple de développement par la sécurité alimentaire», poursuit-il.

Depuis 2013, la situation sécuritaire dans la quasi-totalité des localités de la région de l’Extrême-Nord s’est dégradée, du fait de la crise du bassin du lac Tchad. Au quotidien, la FAO avec le support de ses partenaires financiers et techniques, travaille à améliorer les conditions de vie des populations vulnérables en leur apportant une assistance pour endiguer l’insécurité alimentaire et nutritionnelle tout en promouvant la résilience des plus vulnérables.

En savoir plus:

Site internetProfil de pays de la FAO : Cameroun

Site internet: La FAO au Cameroun

Site internet:La FAO et les situations d’urgence