perspectives alimentaires No.4, décembre 2005 
système mondial d'information et d'alerte rapide sur l'alimentation et l'agriculture(SMIAR)

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FAITS SAILLANTS

Bilan

BLÉ

CÉRÉALES SECONDAIRES

RIZ

LAIT ET PRODUITS LAITIERS

Encadré: Légumineuses

GRAINES OLÉAGINEUSES, HUILES ET TOURTEAUX

SUCRE

Autres denrées agricoles pertinentes

Taux de fret maritime

Engrais

Dossier spécial

Annexe statistique

NOTE SUR LES STATISTIQUES

Dossier spécial

Grippe aviaire : les impacts potentiels de nouvelles flambées épidémiques sur les marchés

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Hausse des cours internationaux en 2004 et 2005 du fait d’approvisionnements insuffisants dans le secteur de la volaille en raison de la grippe aviaire

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Les flambées épidémiques de grippe aviaire en Asie et dans d’autres pays, au fur et à mesure qu’elles progressent vers l’ouest, amènent à interdire les importations des produits de la volaille provenant des pays touchés par la maladie. Au cours des 18 derniers mois, ces interdictions ont eu un impact sur le marché mondial, provoquant notamment une pénurie progressive des approvisionnements dans le secteur de la viande de volaille, la montée en flèche des cours internationaux, une chute marquée du commerce mondial de la viande de volaille et une redistribution des marchés, les pays se bousculant pour se procurer des produits provenant de pays non touchés par la maladie. L’impact général sur les prix de la volaille en 2004 et 2005 a en outre été aggravé par les pénuries enregistrées dans d’autres secteurs de la viande, en particulier la viande de bœuf en provenance d’Amérique du Nord, région dont les produits sont actuellement frappés d’interdiction dans de nombreux pays en raison de préoccupations liées à l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), bien qu’elle représente traditionnellement un quart des échanges mondiaux de viande de boeuf.

Les restrictions imposées aux exportations en provenance des pays asiatiques affectés par des flambées épidémiques de grippe aviaire en 2004 et jusqu'à la mi-2005 ont donné lieu à une augmentation de 30 pour cent des prix internationaux de la volaille pendant cette période (voir figure). Ces mouvements à la hausse des cours internationaux contrastent considérablement avec le recul des prix enregistré dans les pays touchés par la maladie, les disponibilités exportables revenant sur les marchés intérieurs et la demande diminuant du fait de la réaction des consommateurs aux problèmes de sécurité sanitaire des aliments et de santé humaine. En fait, l’accroissement de la consommation en Asie, qui a dépassé les moyennes mondiales ces dix dernières années, a ralenti car les consommateurs se sont tournés, en 2004, vers d’autres sources de protéines ce qui, associé à une élimination des élevages, a provoqué un recul de la production en Asie.

Sur les marchés internationaux, l’insuffisance des exportations due à la grippe aviaire et les prix plus élevés ont entraîné une chute sans précédent de 8 pour cent du commerce mondial de la volaille en 2004. Les restrictions imposées au mouvement des produits frais/réfrigérés en provenance d’exportateurs asiatiques, en particulier la Thaïlande et la Chine, ont provoqué un recul des exportations en Asie qui sont passées de plus de 1,8 million de tonnes en 2003 à moins d’un million de tonnes en 2004/05, soit 12 pour cent environ des expéditions mondiales.

Les marchés de la volaille sont vulnérables à un autre choc : que pourrait-il se passer?

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Les flambées épidémiques de grippe aviaire continuant de se déplacer vers l’ouest, le marché mondial se prépare à d’autres chocs. Alors que la plupart des marchés sont préoccupés par la menace que les migrations d'oiseaux sauvages présentent pour les industries locales, les flambées épidémiques survenues récemment dans des pays d'Europe géographiquement très proches d'états membres de l’UE ont suscité de très vives inquiétudes quant à l’impact de flambées épidémiques potentielles sur l’industrie. Ces inquiétudes, compte tenu, en particulier, de la place importante de l’UE sur les marchés mondiaux, ont conduit la FAO à évaluer les effets qu’une flambée épidémique de grippe aviaire de grande envergure, qui se propagerait dans les principaux pays producteurs de l’UE1/, aurait sur les marchés internationaux de la volaille alors que les pays du monde entier interdiraient les importations en provenance de l’UE. Cette dernière représentant approximativement 13 pour cent de la production et des exportations mondiales de viande de volaille, les cours internationaux de la volaille devraient grimper en flèche. Pendant ce temps, dans l’UE, les prix intérieurs fléchiraient, tout comme les perspectives de production et les prix des aliments pour animaux, les produits de la volaille destinés à l’exportation, environ 10 pour cent de la production, submergeant les marchés locaux. L’UE expédie environ 1 million de tonnes de produits frais/réfrigérés/surgelés, dont la valeur est estimée à plus d’un milliard de dollars EU, à destination de plus de 150 marchés à travers le monde, les trois quarts de ces expéditions étant destinés à la Russie (23 pour cent), aux marchés du Moyen-Orient (27 pour cent) et aux pays africains en voie de développement (26 pour cent). Parallèlement, l’UE importe également près de 500 000 tonnes de filets surgelés et autres produits à base de poulet. Ces importations devraient baisser avec la chute des prix intérieurs liée à la hausse des cours internationaux.

Déterminer les effets

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L’évaluation de l’impact général d’une maladie animale sur les marchés mondiaux de la viande et d’autres secteurs tels que l’industrie des aliments pour animaux exige l’utilisation d’un cadre qui relie les marchés et permette une analyse tant spatiale que multiproduits. Pour évaluer l’impact mondial à court terme d’une flambée épidémique potentielle de grippe aviaire dans l’UE, le modèle de produits à court terme de la FAO a été utilisé afin de déterminer les effets de chocs exogènes sur les exportations par rapport à des projections de référence qui ne tiennent pas compte des répercussions de tels scénarios.

Toute évaluation classique de l’impact mondial potentiel de la grippe aviaire en Europe est toutefois compliquée par les récentes flambées épidémiques de fièvre aphteuse survenues au Brésil, premier exportateur mondial de viande de bœuf et de volaille, qui influenceront également les marchés mondiaux de la viande à court terme. L’impact des pénuries de viande de volaille sur les marchés internationaux, en particulier les mouvements relatifs des prix, serait accentué du fait de la réduction des disponibilités exportables de viande bovine en provenance du Brésil, qui auraient dû représenter plus d’un quart des expéditions mondiales de viande de bœuf en 2005. La combinaison de ces deux événements exercerait une pression considérable à la hausse sur tous les prix de la viande, comme en 2004, lorsque l’absence de bœuf nord-américain en raison des inquiétudes suscitées par l’ESB a fait augmenter tous les prix de la viande. En outre, l'UE étant un importateur net de viande bovine qui s'approvisionne dans une large mesure au Brésil, l'interdiction des produits bovins brésiliens entraînerait une hausse des prix intérieurs de la viande de boeuf.

L’évaluation de l’impact dépend des diverses hypothèses sur lesquelles repose l’analyse. Ce scénario présuppose que les flambées épidémiques de grippe aviaire dans l’UE sont réparties dans les principales régions productrices, d'où l'interdiction des importations de produits de la volaille en provenance de toute la région. Dans l’UE, les producteurs devraient, face à la baisse des prix, réduire les niveaux de production en proportion avec les pertes commerciales. S'il est prévu que la grippe aviaire aboutisse à des changements dans la consommation de viande de volaille, les consommateurs se tournant vers d’autres sources de protéines, cela ne sera, selon toute hypothèse, que de courte durée puisque les stratégies de communication des risques garantissent que les consommateurs sont conscients du risque minimal de transmission de la grippe aviaire par la simple consommation de viande de volaille. Par conséquent, la consommation de viande de volaille pendant cette période de choc devrait rester relativement stable.

Ce scénario évalue l’impact de deux grands chocs sur les marchés internationaux de la viande qui seraient d’origine extérieure : 1) les exportations de volaille de l’UE tombent, passant d’un million de tonnes à zéro et dans le même temps, 2) les exportations brésiliennes de viande de bœuf reculent de 800 000 tonnes2/ (soit une baisse de 45 pour cent par rapport aux exportations prévues de 1,8 million de tonnes)

Incidences sur les marchés

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Une vaste flambée épidémique de grippe aviaire dans l’UE aurait des incidences immédiates sur les marchés mondiaux de la volaille et des aliments pour animaux. Selon les résultats préliminaires de cette analyse, l’impact potentiel à court terme consisterait en des prix plus élevés pour toutes les viandes sur les marchés mondiaux (augmentations allant de 7 à 8 pour cent dans le cas de la volaille et du bœuf et de 3 pour cent dans celui de la viande porcine), une baisse de la consommation mondiale de viande et une redistribution des échanges, certains marchés prenant des mesures pour combler le déficit laissé par l’Europe (s’agissant du poulet) et le Brésil (pour le bœuf). En outre, les répercussions seraient évidentes dans l’industrie des aliments pour animaux puisque le recul de la production dans le secteur de la viande exerce une pression à la baisse sur la consommation des céréales et de protéines carnées ainsi que sur les prix, lesquels diminueraient, respectivement, de 1 et 2 pour cent.

Les pays qui sont fortement tributaires des importations de l’UE pour maintenir des prix stables sont particulièrement vulnérables à un accès réduit aux importations de viande de volaille. En Afrique, où il existe aussi le risque d'une flambée épidémique de grippe aviaire provoquée par les flux d'oiseaux migrateurs, les importations de viande de volaille représentent 20 pour cent de la consommation régionale estimative (4,2 millions de tonnes). Les interdictions frappant les importations de volaille en provenance de l’UE, qui assure près de 50 pour cent des importations africaines, dans le contexte d’une importante flambée épidémique dans les pays membres, pourraient avoir des incidences majeures sur les prix pour les consommateurs africains de certains pays dépendant des importations.

Les résultats de cette analyse à court terme ont été obtenus sur la base d’hypothèses plutôt extrêmes, notamment la perte totale du marché d’exportation de l’UE en cas de flambées épidémiques de grippe aviaire et le fait que les consommateurs européens et d’autres pays pourraient ne pas réduire leur consommation de produits de la volaille. En fait, dans l’UE, la consommation de viande de volaille a déjà été affectée malgré l’absence d’épidémie réelle dans les pays membres. Les ventes de viande de volaille ont chuté dans de nombreux pays européens où selon les rapports, les prix, la production et l’utilisation dans l'alimentation animale seraient en baisse. En outre, les flux commerciaux au sein de l’Europe ont été affectés, des marchés comme les Pays-Bas, un pays qui est extrêmement tributaire des échanges intra-européens, faisant état d'un recul du prix de la viande de volaille allant jusqu’à 25 pour cent et d’une baisse des exportations d’aliments pour animaux.

Compte tenu des incertitudes concernant les flambées épidémiques potentielles et les réactions des consommateurs, le scénario ci-dessus ne constitue qu'une évaluation parmi d'autres de l’impact. La réaction des consommateurs est très difficile à prévoir, tout comme l’est la capacité des autres grandes pays exportateurs, en particulier les États-Unis et le Brésil qui assurent près de 70 pour cent des échanges mondiaux de volaille, à renforcer la production et les exportations de viande de volaille à court terme. La capacité de ces pays à réagir aux chocs qui surviennent sur les marchés et aux hausses des prix atténuerait de toute évidence les chocs à la hausse subis par les prix. Cela présuppose bien évidemment qu’il n’existe pas de difficultés d’approvisionnement dans ces pays et qu’eux-mêmes ne soient pas touchés par des flambées épidémiques de grippe aviaire.


1.  Cinq pays assurent les deux tiers de la production de viande de volaille de l’UE: la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie.

2.  Cette hypothèse correspond au pire des scénarios, lequel reflète la situation de Mato Grosso do Sul (État touché par la fièvre aphteuse) en sa qualité de fournisseur de près de la moitié des exportations de viande de bœuf du Brésil.

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