Dans le cadre du projet “Scaling up agroecology to strengthen food security and improving food
diversity in the Congo Basin”, la première étape est de cartographier les acteurs de l’agroécologie et
d’identifier ses pratiques dans le Bassin du Congo. Ce travail a porté sur la cartographie des acteurs,
leurs pratiques respectives et certaines des contraintes qui entravent l’adoption des pratiques
d’agroécologie dans les dix régions du Cameroun. L’étude a suivi une revue documentaire et l’approche
d’échantillonnage en boule de neige pour cartographier les acteurs de l’agroécologie. Ensuite, nous
avons mené des entretiens avec des informateurs clés et/ou des représentants des organisations, couplés
de discussions de groupe. Toutes ces activités ont permis d’identifier les pratiques agroécologiques et
les contraintes liées à leur mise en œuvre au Cameroun. Après l’identification des pratiques, une série
d’innovations agroécologiques a été retenue et développée comme étude de cas pour montrer leurs
principes et comment elles peuvent contribuer au bien-être écologique, à la sécurité alimentaire et
nutritionnelle et surtout à la souveraineté alimentaire dans notre société. Ces pratiques incluaient la
fertilité organique des sols avec le biochar comme exemple, l’aquaponie/hydroponie, l’agroforesterie
productive avec l’agroforesterie cacao/café comme exemple et les cultures intercalaires productives
(en prêtant attention aux cultures maraichères). A partir de l’étude documentaire et de discussion de
groupe, nous avons noté que l’agroécologie au Cameroun demeure encore limitée à l’échelle de la ferme
et de la recherche où la plupart les agriculteurs locaux qui ne valorise pas l’agroécologie. Très peu
d’acteurs considèrent l’agroécologie comme une pratique, une science et un mouvement ; ce qui limite
le développement de l’agroécologie au niveau des champs et des systèmes alimentaires. Il y a également
un très faible niveau de mise en réseau entre les acteurs de l’agroécologie existants, raison pour laquelle
l’agroécologie en tant que mouvement n’est pas encore une réalité au Cameroun. En plus de ces limites,
la plupart des acteurs ont mentionné la réticence des petits exploitants à adopter certaines pratiques
agroécologiques en raison du manque de connaissances, le ciblage de petites zones géographiques pour
promouvoir des pratiques spécifiques, le faible financement et incohérent de l’agroécologie et le faible
plaidoyer en faveur de l’agroécologie comme voie durable pour transformer le système alimentaire
au Cameroun. Pour y remédier, nous avons recommandé que tous les acteurs des chaînes de valeur
agricoles offrent des opportunités de co-création de connaissances afin d’encourager l’agroécologie au
Cameroun, de réaliser une extension et une mise en œuvre efficaces des innovations agroécologiques
au niveau de la ferme, du champ/agroécosystème et du système alimentaire, de créer des réseaux
agroécologiques au Cameroun, de plaider pour un financement fort et cohérent de l’agroécologie et
d’incorporer l’agroécologie dans le système éducatif du Cameroun.