Initiative Pêches Côtières

Journée mondiale de l'alimentation : message d'une transformatrice de produits de la mer du Cabo Verde

« Les gens devraient valoriser davantage le poisson en tant qu’aliment sain et nutritif »

12/10/2023

Eloisa Mota, 35 ans, est devenue poissonnière grâce à sa mère, qui lui a appris le métier lorsqu'elle était petite.

« J'ai fini par aimer ce travail », déclare Eloisa, vice-présidente de l'Association des poissonniers de São Vicente, composée de femmes et d'hommes.

Elle travaillait de 7h30 à 12h30 au marché aux poissons de Mindelo, qui, selon elle, n'offre pas de bonnes conditions de travail.

« Les conditions physiques du marché sont précaires et les femmes qui y travaillent ne sont pas motivées. Elles y vont uniquement par manque de choix », explique Eloisa, qui soutient ses deux enfants, une fille de 15 ans et un garçon de quatre ans.

Eloisa voulait quelque chose de plus : avec son associée Flávia Lima, elle a créé une entreprise appelée Lofla´s Food, qui compte aujourd'hui quatre employés – trois femmes et un homme.

Elles produisent et commercialisent des fishburgers et des boules de poisson (fishballs) surgelés, disponibles dans les principaux supermarchés de l'île de São Vicente.

Les produits de Lofla’s Food sont transformés et emballés conformément aux réglementations d'hygiène alimentaire du Cabo Verde et sont étiquetés avec toutes les informations dont les consommateurs ont besoin, du type de poisson utilisé à la manière dont il est conservé.

L'entreprise commercialise ses produits via les réseaux sociaux, avec des suggestions de recettes pour promouvoir son offre.

Eloisa et Flávia ont acquis les compétences et les équipements nécessaires pour démarrer leur activité grâce à la formation dispensée par l'Initiative Pêches Côtières en Afrique de l’Ouest (IPC-AO) en collaboration avec le Programme de contribution volontaire flexible (FVC) de la FAO et l'École de la mer du Cabo Verde (EMAR).

« Grâce à ces formations, nous avons développé notre projet de transformation du poisson frais en fishburgers et fishballs », raconte Eloisa. « J'ai appris beaucoup de choses : comment gérer mon entreprise, y compris les gens et, surtout, j'ai beaucoup appris sur la production, les bonnes pratiques, l'étiquetage, la traçabilité. Ce sont autant d’aspects que j’ai beaucoup aimé découvrir et dont je n’avais pas conscience auparavant. J’ai aussi appris à comprendre le circuit des produits de la mer et le fonctionnement des exportations de poisson. »

Même si elle travaille toujours comme poissonnière le matin, Eloisa se dit également très heureuse de diriger sa propre entreprise. Désormais, elle partage ses après-midis entre l’Association des poissonniers et Lofla’s Foods.

« C'est une activité que j'apprécie », commente-t-elle. "Avec cette entreprise, j'ai plus d'autonomie et de liberté et plus d'opportunités de croissance, avec une vision différente qu'auparavant. »

Grâce au renforcement des capacités de l’IPC, de FVG et de EMAR, Eloisa a découvert des aptitudes qu'elle ignorait posséder.

« J'ai appris que je suis douée en tant qu'administratrice et que je peux être créative en termes de production. Par exemple, j’explore désormais de nouvelles recettes et de nouveaux produits. Nous allons lancer une campagne de dégustation auprès des clients, qui auront également accès à des informations sur les produits », ajoute-t-elle.

Améliorer la condition des femmes

« Je pense qu'il y a beaucoup à faire pour améliorer les conditions de travail des femmes », déclare Eloisa. « Beaucoup ne sont pas enregistrées et n’ont aucune couverture sociale. »

Eloisa ajoute qu'elle aimerait voir les poissonnières élargir leur clientèle au-delà du marché aux poissons de Mindelo, par exemple grâce à la vente en ligne.

« J'aimerais les voir utiliser les médias digitaux pour développer leurs activités et qu'elles soient reconnues et valorisées en dehors du marché », explique Eloisa.

De plus, les femmes devraient se soigner davantage, dit-elle.

« Ce que je constate, c'est qu'elles passent tout leur temps à travailler », souligne Eloisa. « Même lorsqu’elles quittent le marché, elles continuent à travailler. J’aimerais les voir profiter de la vie en s’adonnant à des activités de loisirs. »

Quant à l’avenir de ses enfants, Eloisa souhaite qu’ils reçoivent une éducation et qu’ils s’épanouissent tant sur le plan personnel que professionnel.

« Je veux transmettre à mes enfants qu'ils doivent étudier et se consacrer à un travail qui leur apporte du bonheur – pas seulement des récompenses financières, mais aussi un épanouissement. De cette façon, leur fatigue portera sur le corps mais pas sur l'âme, et ils auront beaucoup plus de plaisir à le faire », explique Eloisa.

À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, Eloisa appelle la population du Cabo Verde à « valoriser davantage le poisson en tant qu’aliment sain et nutritif ».

« Les gens devraient encourager leurs enfants et leurs familles à manger davantage de poisson », dit-elle. « Et mes collègues devraient ajouter de la valeur au poisson afin qu'elles puissent gagner plus d'argent. »