EAF-Nansen Programme

Lutter contre les déchets marins et les microplastiques avec le Dr Fridtjof Nansen

22/10/2021

L'augmentation rapide du plastique et les problèmes liés aux systèmes de gestion des déchets sont devenus des problèmes mondiaux majeurs au cours des dernières décennies, notamment pour l'océan. En effet, les débris marins, également appelés détritus, qui consistent en toute matière solide persistante, fabriquée ou transformée, jetée, éliminée ou abandonnée dans l'environnement marin et côtier du fait de l'activité humaine, sont décrits comme l'une des principales menaces pour la biodiversité marine et côtière dans des publications récentes très médiatisées. Aujourd'hui, nous savons que les plastiques sont présents dans toutes les parties de l'océan, y compris la surface, la colonne d'eau et les fosses océaniques les plus profondes, de l'Arctique à l'Antarctique – mais quels sont leurs impacts? Le Programme EAF-Nansen dédie des ressources à l'évaluation de la présence et des risques des déchets marins et des microplastiques dans l'océan, à partir du navire de recherche Dr Fridtjof Nansen.

On estime qu'entre 60 et 80 pour cent des déchets marins sont composés de plastique, selon l’indice de santé des oéans. En 2016, une étude a suggéré qu'il y avait environ 19 à 23 millions de tonnes métriques de déchets plastiques dans l'océan. Cette grande quantité de déchets marins et de microplastiques (particules < 5 mm de diamètre) a des impacts sociaux, économiques et environnementaux majeurs, notamment dans les secteurs de la pêche et de l'aquaculture.

«Nous savons qu'il est urgent d'agir pour réduire les rejets de plastiques dans l'océan, mais il n'existe pas de solution simple», explique le Dr Peter Kershaw, expert en déchets marins et microplastiques à la FAO. «Pour concevoir des mesures d'atténuation plus efficaces, nous avons besoin de plus d'informations sur les sources, les quantités et les types de déchets, en particulier dans les régions et les pays où les données font défaut. Avec plus de connaissances, nous serons également en mesure d'estimer le risque pour les communautés locales en termes de santé et les secteurs économiques clés comme la pêche, ainsi que pour l'environnement en général», a déclaré le Dr Kershaw.   

Pour obtenir des informations, le Programme EAF-Nansen utilise des données et des observations provenant de campagnes menées par le Dr Fridtjof Nansen. De 2017 à 2019, ce navire ultramoderne a effectué des campagnes au large des côtes de l'Afrique de l'Ouest et de l'Est et dans les eaux côtières des pays du golfe du Bengale, ainsi que dans l'océan Indien. Au cours de ces campagnes, des prélèvements de déchets marins et de microplastiques dans les eaux de surface, les sédiments et certaines espèces de poissons ou d'invertébrés ont eu lieu. 

Une série de publications est en cours d'élaboration, basée à la fois sur les résultats existants et sur les données attendues des campagnes prévues en 2021 et 2022, et une note de synthèse sera préparée. Le traitement et l'identification des microplastiques nécessitent des dispositifs analytiques assez sophistiqués. Il est prévu de développer ces capacités dans certains pays partenaires, mais en attendant, les analyses sont effectuées dans les laboratoires de l'Institut de recherche marine (IMR), en Norvège. 

«Nous analysons actuellement des échantillons provenant de campagnes effectuées par le Dr Fridtjof Nansen dans la baie du Bengale en 2018, à proximité du Sri Lanka, du Myanmar et de la Thaïlande», explique Bjørn Einar Grøsvik, chercheur à l'IMR. «Une équipe de scientifiques de ces pays et de l'IMR ont travaillé ensemble pour présenter les résultats dans un prochain article intitulé «Distribution spatiale des microplastiques dans les eaux de surface du golfe du Bengale», dans lequel nous avons décrit l'occurrence et la répartition des microplastiques dans les eaux de surface du golfe du Bengale, cherché à cartographier et à identifier les zones à forte concentration de microplastiques, et enfin à expliquer les différences à l'aide de modèles océanographiques», explique encore le Dr Grøsvik.

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Agnethe Herztberg lors de sa présentation du cours sur la façon d'analyser le type de polymère des plastiques par ATR FTIR © IMR/Bjørn Einar Grøsvik Échantillon de microplastiques provenant d'une campagne menée dans le golfe du Bengale en 2018. © IMR/Bjørn Einar Grøsvik

En plus des efforts de recherche, le Programme organise une série de cours de formation. L'un de ces cours a eu lieu les 22 et 23 juin, invitant les co-auteurs des publications en cours à discuter du sujet et à en apprendre davantage sur les méthodes d'échantillonnage et d'analyse des microplastiques pour les prélèvements dans le milieu.  

Les participants, M. Moulaye Mohamed Wagne, de l'Institut mauritanien de recherches océanographiques et de la pêche, et Me Pooja Solanki, de la Tanzania Tuna Fishery National Alliance, ont trouvé la formation utile et pertinente en raison de la nécessité pressante de prendre des mesures contre les déchets marins. «C'est un nouveau problème, il est donc urgent pour nous de développer la recherche sur cette question vu les risques sanitaires et environnementaux en jeu pour un pays comme la Mauritanie», a déclaré le Dr Wagne, tandis que Me Solanki a déclaré que: «Les microplastiques sont des matériaux toxiques qui ont envahi l'environnement marin, et des mesures urgentes sont nécessaires pour les désintoxiquer.»

Des activités sont également prévues dans le golfe de Guinée où le Programme EAF-Nansen collabore avec quatre pays – le Togo, le Bénin, le Ghana et la Côte d'Ivoire – pour recueillir des informations sur l'impact des déchets marins sur les communautés locales de pêcheurs.

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Contenu d'un chalut démersal au large du Ghana, 2019. © IMR/Tor Magne Ensrud Déchets sur une plage au Sénégal, composés d'une grande variété de matériaux, dont du plastique, du caoutchouc et du tissu. © IFREMER

Au Ghana, une enquête de terrain est en cours de réalisation et les résultats montrent bien comment les déchets marins sont devenus une partie importante de la vie quotidienne des pêcheurs de la région de la Volta. «Non seulement ils attrapent de grandes quantités de déchets avec leurs poissons, ce qui augmente le temps passé à trier les poissons et réduit la valeur de leurs prises qui ont déjà diminué, mais les déchets détruisent parfois les engins de pêche et blessent également les pêcheurs qui les trient», a déclaré Sika Abrokwah, chercheur à l'Université de Cape Coast, qui dirige l'étude au Ghana. 

Une fois l'étude terminée, les résultats seront utilisés pour soutenir l'élaboration des politiques et des pratiques de gestion nécessaires à la lutte contre ce problème dans ces pays.

 

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