Programme FAO-UE FLEGT

Colombie: le pays s’unit pour développer une filière de bois légal

12/09/2017

La Colombie est le premier pays d’Amérique latine à obtenir un Pacte intersectoriel pour le bois légal (Acronyme espagnol PIML), ce qui fait d’elle un modèle pour la région. Le PIML a été créé en 2009, et rassemblait 24 organisations. Huit ans plus tard, il compte 70 entités publiques et privées. Le PIML a permis d’encourager les discussions sur le « bois légal » afin que le bois exploité, commercialisé et utilisé, provienne de sources légales. Cette expérience a été menée par le Ministère de l’environnement et du développement durable (MADS), avec la participation de la société civile, des communautés, du secteur privé, et avec l’appui du Programme pour l’application des règlementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux (Acronyme anglais : FLEGT) de la FAO et de l’UE. Le PIML contribue aux objectifs de Développement durable, en encourageant l’exploitation durable des ressources naturelles afin d’éradiquer la pauvreté et la faim.  

La Colombie est l’un des rares pays qui possède encore aujourd’hui 50% de ses forêts et qui abrite une grande biodiversité. Par ailleurs, le pays a un potentiel de plantations forestières de 24 millions d’hectares, alors qu’à peine 511 000 hectares sont semés aujourd’hui, ce qui met en lumière tout le potentiel de croissance du secteur. Cependant, l’exploitation et le trafic illégal de bois menacent la faune et la flore des forêts, y compris les essences de bois à haute valeur commerciale.

Mais quelles sont les implications de ce Pacte pour les acteurs de la filière bois en Colombie? Selon Alejandra Ospitia, Directrice de la Fédération Nationale des Industries du Bois (FEDEMADERAS), le Pacte a aidé à introduire le concept de bois légal dans le vocabulaire colombien.

« Ceci fut le point de départ qui a permis d’insuffler un changement dans la société, parce qu’auparavant certaines entreprises considéraient la légalité comme une menace, et les entrepreneurs craignaient les règlementations », indique la Directrice de FEDEMADERAS.

Elle se souvient également qu’avant le Pacte, les différents secteurs de la filière bois dialoguaient très peu. Alors qu’aujourd’hui par exemple, certaines réunions de FEDEMADERAS se tiennent au siège des carabineros.

Pour sa part, Rubén Guerrero, Coordinateur forêts du MADS, considère que le PIML est un mécanisme qui permet de prendre en compte les attentes et les besoins de tous les acteurs impliqués dans le commerce du bois et des communautés victimes de la déforestation.

Le pays a réussi à ce que le PIML soit inclus dans les programmes interministériels de l’Agriculture et du Développement rural; Logement, Ville et Territoire; Commerce, Industrie et Tourisme; Mines et énergie; Défense Nationale; et Transport.

Assistance technique pour le contrôle et la gouvernance forestière

Le Programme FAO UE FLEGT a fourni un appui technique et financier au PIML afin d’améliorer les mécanismes de contrôle, de transparence et de surveillance des forêts dans les processus de négociation des produits issus de la forêt. Pour ce faire, il a participé à l’adaptation de deux applications digitales téléchargeables gratuitement en ligne : la première permet de déterminer le volume de bois exploité, déplacé et commercialisé. Alors que la seconde application a permis d’élargir l’identification des essences de bois, de 75 à 100.

Le Programme a également permis la révision et l’adaptation du Guide d’achat responsable de bois en Colombie, dans le cadre de la politique d’achats efficaces, qui guidera les achats réalisés par l’État.

Le programme FAO-UE FLEGT a appuyé le projet relatif au renforcement des capacités de contrôle et de surveillance des forêts. Avec ce projet, plus de 50% des autorités environnementales du pays ont pu suivre des formations en matière de cubage du bois, de protocoles de révision, d’évaluation, de suivi et de contrôle des plans de gestion, de mobilisation et de commercialisation de produits et d’industries forestières, de reconnaissance de la provenance légale, de promotion de gestion durable des forêts. Elles ont également pu prendre connaissance du manuel d’achat et de consommation responsables du bois ainsi que du manuel des bonnes pratiques environnementales pour les industries forestières.

Par ailleurs, le programme a soutenu 30 entreprises forestières pour qu’elles incluent le principe de vérification de la légalité ainsi que le principe d’égalité entre les sexes dans leurs politiques d’entreprises. Ces entreprises ont participé à des rencontres d’échanges et à des tables rondes.

Au-delà de la signature

Aujourd’hui, les entités et corporations qui participent au PIML ont ajouté à leurs programmes de travail les accords du Pacte. Pour Guerrero, cet élément est capital parce qu’ilva au-delà d’une simple déclaration. Cela permet en effet d’inclure dans les pratiques quotidiennes les codes de conduite liés à l’acquisition et à l’achat responsable de bois.

En un coup d’œil
A TRAVAILLÉ POUR les communautés locales, d’origine africaine et autochtones, les petites et moyennes entreprises, et des fonctionnaires de l’État.
A TRAVAILLÉ À appuyer le gouvernement de Colombie par des outils et des manuels de procédures afin de garantir que le bois exploité, transporté, commercialisé et utilisé provienne exclusivement de sources légales.
A TRAVAILLÉ AVEC le Ministère de l’environnement et du développement durable (MADS), la Corporación Autónoma Regional de Risaralda, la Fédération Nationale des Industries du bois et le Fonds mondial pour la nature.
A TRAVAILLÉ GRÂCE À l’Union européenne, l’Agence suédoise de coopération internationale au développement, le Département pour le développement international du Royaume-Uni.


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