À quoi voulons-nous que notre avenir ressemble après la pandémie de COVID-19? Voilà une des questions qui a été posée dans la section «Enseignements tirés de la crise de la COVID-19 pour mieux gérer nos forêts et notre eau». Les répercussions de la COVID-19 sur la vie humaine, les forêts et l'eau ont déjà eu des conséquences à court terme. La diminution des transports maritimes ou fluviaux et des déchets rejetés dans les cours d'eau a entraîné une amélioration de la qualité de l'eau, ce qui a démontré certains effets positifs de la pandémie. Cependant, cette même diminution a également eu des répercussions négatives. L'incapacité d'appliquer le droit de l'environnement pendant les restrictions dues à la COVID peut augmenter la déforestation et la dégradation des forêts, ce qui a des impacts directs sur la qualité et la quantité d'eau, alors que les arbres et l'eau sont des ressources hautement interdépendantes.

De nombreuses mesures peuvent être prises pour améliorer la gestion des forêts et de l'eau, en se fondant sur les conséquences et les enseignements tirés de la pandémie. Certaines mesures incluent la participation de la société, des approches holistiques et des solutions fondées sur la nature.

 Relation entre les hommes et les forêts

À mesure que les restrictions imposées pendant le confinement s'assouplissent, nous nous tournons vers la nature pour améliorer notre santé mentale et réduire notre niveau de stress. Ce contact croissant avec les espaces verts peut avoir une incidence considérable sur la reconnaissance de ses avantages, ainsi que sur la valorisation et la protection des arbres et des forêts. Outre les avantages liés à l'activité physique, la cohésion sociale et la réduction du stress, les espaces verts urbains permettent également de gérer des catastrophes liées à l'eau, comme les inondations et les sécheresses, qui sont de plus en plus fréquentes à cause des changements climatiques. Des espaces verts et des ressources en eau bien gérés constituent des solutions innovantes qui renforcent la résilience des villes face à ces défis, étant donné que les arbres et les forêts aident à combattre la sécheresse et les inondations en capturant l'eau du brouillard, en réduisant le ruissellement, ou en favorisant l'infiltration dans les sols et l'alimentation des eaux souterraines. À Curitiba, au Brésil, par exemple, les espaces verts ont augmenté au cours des dernières décennies pour arriver à 64,5 mètres carrés d'espace vert par résident et ont, en même temps, réduit  les inondations en ville. La prise de conscience de plus en plus forte de l'importance des espaces verts dans ces zones devrait être suivie par une conservation, restauration et extension de ces zones afin d’encourager les communautés à gérer et à protéger les forêts d'autres incursions humaines.

Approche holistique du rôle des interactions entre les forêts et l'eau.

La crise de la COVID-19 démontre l'importance d'améliorer les pratiques forestières à l'échelle du paysage. L'étendue des forêts, ainsi que leur emplacement dans le paysage, peuvent engendrer une gamme d'avantages ou de répercussions négatives liés à l’eau. Si ces forêts sont gérées de manière appropriée, elles peuvent contribuer à la formation de paysages multifonctionnels, résilients et productifs. Les forêts des bassins versants supérieurs, par exemple, fournissent des ressources en eau de haute qualité pour les zones en aval, soutenant de nombreuses activités agricoles comme l'irrigation. Au Rajasthan, en Inde, la restauration des paysages forestiers suite aux inondations de la moitié des années 1980 a eu pour conséquence de faire couler à nouveau les rivières après la saisons des moussons, de rétablir les pêcheries, d'augmenter le niveau des eaux souterraines, d’accroître de 20 à 80 pour cent la productivité des terres agricoles et d'augmenter de 33 pour cent environ le couvert des forêts. Des solutions axées sur la collecte d'eau à petite échelle ainsi que sur la restauration des forêts et des sols, notamment dans les bassins versants supérieurs, ont été mises en œuvre pour améliorer la quantité et la disponibilité d'eau dans l'état.

Les forêts font partie de la solution

La gestion des forêts en tant que solution fondée sur la nature peut remédier aux pandémies et autres défis de la société de manière efficace et adaptative, en assurant le bien-être des hommes et des avantages sur le plan de la biodiversité. L'adoption de solutions pour l’eau fondées sur la nature peut amplifier et optimiser les performances et la rentabilité financière des infrastructures hydrauliques comme les barrages et les réservoirs. Par exemple, les forêts peuvent régulariser le ruissellement de l'eau et des sols, sauvegarder les réservoirs de la sédimentation, réduire les coûteux efforts de nettoyage et assurer une production électrique continue. Au Sénégal, l'adoption de solutions fondées sur la nature a abouti au plus grand projet de reboisement de mangrove du monde, qui a permis de protéger les terres arables de la contamination saline, de restaurer les rizières, et de reconstituer les réserves halieutiques de 18 000 tonnes en plus par an. La restauration des mangroves a également réduit les impacts des ondes de tempête et des inondations en développant une résilience pour faire face aux défis futurs du changement climatique.

En fait, les forêts sont au cœur d'un redressement écologique après la COVID-19 et elles figurent parmi les solutions pour atténuer de futures répercussions inattendues sur Terre. Quels sont les autres enseignements que nous pouvons appliquer pour améliorer la gestion durable des forêts et de l'eau? Faites-nous part de vos idée sur la manière dont nous pouvons aller de l'avant pour construire un avenir meilleur ensemble.