La dégradation accélérée des sols, l’épuisement rapide des eaux souterraines, l’usage excessif de pesticides et d’engrais et les événements climatiques extrêmes mettent sous tension les secteurs agricole et forestier. Il est par conséquent temps de reconnaître que l’agriculture doit évoluer, que ce soit en Inde ou dans le reste du monde. 

C’est le constat fait dans The Hindu par Kundhavi Kadiresan, sous-directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et Représentante régionale pour l’Asie et le Pacifique, en évoquant les domaines d’action prioritaires de la FAO dans la région et le rôle spécifique de l’Inde.

En cette période critique où la population augmente et où il y a de plus en plus de bouches à nourrir, il est important d’adopter de meilleures pratiques avec une approche agro-écologique, estime Kundhavi Kadiresan, de nationalité indienne.

«Je pense que les chercheurs font un bon travail en développant des nouvelles technologies, mais notre préoccupation devrait être de les transférer au secteur agricole. Les scientifiques font des recherches depuis leur propre perspective. Mais c’est celle des agriculteurs que nous devrions prendre en compte pour mener des recherches sur les questions d’agroforesterie.  Les agriculteurs sont aussi des scientifiques… ils savent comment préserver le sol et les ressources naturelles en eau. Il est nécessaire de travailler avec eux pour renforcer l’intégration entre la recherche, la vulgarisation et les agriculteurs. Une approche centrée sur les agriculteurs est la clé du succès de l’agriculture intelligence face au climat. La FAO est focalisée sur sa réalisation.»

Ayant travaillé sur l’éradication de la faim et de la malnutrition en Inde, Kundhavi Kadiresan estime que le pays continue à développer son expertise, ses connaissances et ses capacités pour gagner cette guerre.

«Une fois dit ça, je dois insister sur le fait que la tâche qui s’annonce est herculéenne. Aujourd’hui, il y a encore plus de 800 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde, et près de une sur quatre vit en Inde. Etant donné ces chiffres effrayants, on ne peut pas dire que l’Inde a atteint la suffisance alimentaire. A la FAO, notre objectif est la «faim zéro» et durant mon mandat, ce sera ma mission que d’éradiquer la malnutrition et la faim et d’atteindre la sécurité alimentaire», a-t-elle déclaré.  

Selon Kundhavi Kadiresan, il ne s’agit pas seulement de produire plus de nourriture. Il faut aussi renforcer l’accès à la nourriture et améliorer son utilisation. «Ce n’est pas parce que vous avez plus de nourriture que tout le monde va y avoir accès. Plus de 30 pour cent des personnes dans ce pays sont pauvres et près de 200 millions sont en état de sous-alimentation.»

Une alimentation équilibrée est fondamentale. La FAO tente de sensibiliser la population indienne sur ce sujet, notamment les femmes et les enfants. Un régime alimentaire varié peut permettre de réduire la malnutrition, estime Kundhavi Kadiresan.

Cette responsable de la FAO a également souligné le fait qu’il était nécessaire d’accélérer les efforts pour augmenter le rendement de nombreuses récoltes en Inde, dont le niveau actuel est plus bas que le niveau mondial.

«Le gouvernement doit encourager la diversification des cultures. Les politiques doivent être pensées en gardant à l’esprit qu’il faut trouver des solutions à long terme pour assurer la sécurité alimentaire. Il est fondamental de réaliser que nos ressources naturelles sont limitées. Par conséquent, les politiques devraient être pensées pour permettre un usage collectif rationnel de ces ressources. C’est seulement de cette façon que nous serons capables d’atteindre la sécurité alimentaire et un développement durable en Inde et à travers le monde.»

Adaption de l'article publié dans The Hindu: http://www.thehindu.com/todays-paper/tp-national/agriculture-cant-remain-the-same-says-fao-official/article7962821.ece