Decent Rural Employment

Interview a Gorgui FAYE, Président et Coordonnateur du Réseau Africain pour la Promotion de l'Entrepreneuriat Agricole (RAPEA)

08/05/2021

Nous interviewons aujourd'hui Gorgui FAYE, président et coordonnateur du Réseau Africain pour la Promotion de l'Entrepreneuriat Agricole (RAPEA).

Gorgui, vous êtes le Président du Réseau Africain pour la Promotion de l'Entrepreneuriat Agricole (RAPEA). Quel âge avez-vous et quelle est votre principale activité au Sénégal? 

J’ai 33 ans et je suis spécialisé en management de projet avec une forte expertise en entrepreneuriat, je suis très actif au Sénégal. En effet, je suis sollicité dans le management de divers projets notamment dans le domaine de la formation professionnelle, la recherche de solutions sur le logement social aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain mais aussi dans l’élaboration de plan de d’affaires pour des porteurs de projets. Ainsi je consacre 40 pour cent de mon temps au management de ma startup qui évolue dans le domaine d’appui/conseil, du numérique et de l’agrobusiness. Parallèlement je consacre 30 pour cent de mon temps à l’animation et la coordination des activités du réseau RAPEA, en particulier en termes de recherche et développement d’activités qui intéressent le réseau, et accompagnement des groupements de promotion féminine pour leur formalisation et leur autonomisation. La plupart de mes activités se déroulent entre le milieu rural où je suis originaire et le milieu urbain où j’ai fait mes études.

2. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a inspiré pour initier le réseau RAPEA? Quand le réseau a-t-il été créé et quel est son objectif principal?

L’idée de créer le réseau nous est venue au cours du séminaire en entrepreneuriat agricole organisé par la FAO dans le cadre de la mise en œuvre du Modèle d’Insertion et d’installation des Jeunes Agripreneurs (MIJA). Suite aux exercices donnés par le formateur, Monsieur Cheikh Oumar Tidiane TALL du cabinet Idée, nous avons tout de suite senti le besoin de tisser un réseau d’informations, un réseau relationnel et un réseau d’appui aux agripreneurs. Nous tirions de là, les premiers enseignements de ce séminaire «qu’un entrepreneur qui réussit est un entrepreneur qui s’appuie sur un système d’informations performant mais également il a aussi besoin d’un réseau relationnel». Ce besoin de synergie a été ressenti par d’autres candidats entrepreneurs ou agripreneurs aussi bien au niveau national qu’au niveau africain, ce qui a créé un énorme élan d’adhésion. Mesurant l’opportunité qui nous a été offerte d’être réunis et du rôle que nous pouvions jouer auprès de nos communautés respectives vue les nombreux défis auxquels elles font face, nous avions décidé de rester ensemble en créant un réseau afin de capitaliser les acquis, de s’entraider à travers le partage, la solidarité et faire bénéficier par la suite à d’autres jeunes, aux exploitants familiaux de notre pays et d’Afrique les mêmes opportunités. C’est ainsi que nous avons créé de façon autonome le réseau RAPEA en novembre 2017 et avons obtenu sa reconnaissance officiellement en mai 2019.

L’objectif principal du réseau est de contribuer à la réduction de la pauvreté, de favoriser la sécurité alimentaire et de contribuer à l’autonomisation des jeunes agri-entrepreneurs ou porteurs de projets dans le secteur agricole. 

Il s’agit spécifiquement de promouvoir et de renforcer une culture entrepreneuriale chez les jeunes en Afrique, de contribuer à la création d’emplois par l’insertion des jeunes dans l’agriculture et ses chaines de valeurs agricoles notamment à travers: i.  la création d’un cadre de dialogue, d’échanges d’expériences et d’informations sur les opportunités d’affaires et d’emplois; avec les agri-entrepreneurs et les porteurs de projets, avec les partenaires au développement mais aussi les institutions publiques et d’appui à l’entrepreneuriat agricole; ii. le développement de capacités des jeunes entrepreneurs par la formation, le perfectionnement et l’incubation en entrepreneuriat et dans les métiers de l’agriculture ; iii. la promotion de l’entrepreneuriat social ; et iv. l’aide au renforcement de capacités des exploitations familiales.

3. La FAO, à travers son projet ICA et d'autres initiatives, a soutenu la mise en place du réseau et continue de l'accompagner. Qu'est-ce qui vous considéré le plus utile en termes de soutien reçu par la FAO? 

La FAO à travers son projet MIJA / ICA a fait naitre l’opportunité de créer le réseau. Parmi les soutiens reçus le plus utile nous semble être donc la formation reçue dans ce cadre. En plus, nous sommes reconnaissants à la FAO pour le complément d’expérience pratique apporté au réseau à travers le contrat de service (Lettre d’Accord) signé par la FAO avec le RAPEA pour la mise en œuvre d’une composante du projet ICA intitulée «Appui à la résilience des initiatives agricoles des jeunes en relation avec les plateformes MIJA de la FAO et à leur adaptation au nouveau contexte de la Covid-19» qui est venu conforter la formation reçue. Ce projet mis en œuvre par le réseau nous a offert un cadre pratique en terme de gestion de projet en période de crise notamment par la sélection des bénéficiaires, leur renforcement de capacités techniques et productrices et leur suivi. Il a permis aux bénéficiaires de relancer leurs activités après avoir durement été touchés par la pandémie.

4. Combien de membres le réseau compte-t-il? Combien de jeunes femmes ? Quel est la stratégie du Réseau par rapport à promouvoir l’égalité de genre ?

Le réseau compte aujourd’hui plus de 200 membres dont 17 pour cent de femmes. Le RAPEA est une organisation où les femmes et les hommes, quelle que soit leur situation socio-économique, ont les mêmes droits et opportunités d’accéder aux instances de décisions, de participer aux prises de décisions et de bénéficier de ses services fournis en toute équité sans discrimination aucune. Les femmes jouent un rôle essentiel dans nos communautés en Afrique, elles sont disponibles, solidaires, ont le sens du partage et de l’écoute. Ses valeurs sont essentielles pour la pérennisation des activités du réseau par ailleurs, elles occupent des positions stratégiques au sein de ses instances de décisions et elles peuvent également accéder à tous les postes.

5. Quels sont les principaux services que le réseau RAPEA fournit à ses membres? 

Le réseau accompagne l’ensemble de ses membres à travers des services adaptés à leurs différentes situations. Il offre à ses membres des services non financiers (la formation appui/conseils et de l’accompagnement en entrepreneuriat et dans les métiers de l’agriculture) et des services de médiations pour un meilleur accès aux services financiers, au foncier, au marché, à l’information, etc.

6. Le réseau est né au Sénégal mais se développe rapidement au niveau régional. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce processus? Dans quels pays le réseau est-il déjà actif?

En effet, comme nous l’avons souligné auparavant, un besoin de synergie a été ressenti par d’autres agripreneurs aussi bien au niveau national qu’au niveau africain ce qui a créé un énorme élan d’adhésion, ajouté au fait que parmi les membres fondateurs il y a d’autres nationalités. Dès le début de l’initiative nous avions comme objectif de faire le maillage du territoire africain. En effet, le processus est simple, nous identifions des jeunes agri-entrepreneurs qui partagent notre vision, des jeunes qui se demandent ce qu’ils peuvent faire pour leurs pays. Soit c’est des jeunes qui nous contactent directement via des connaissances ou par les réseaux sociaux et qui nous expriment leur souhait de travailler avec nous pour la promotion de l’entrepreneuriat agricole au niveau de leur localité. Après entretien et explication de notre vision et des raisons de notre engagement pour l’Afrique, s’ils sont toujours intéressés on leur donne mandat de démarrer le travail au niveau de leur pays et on leur fournit l’accompagnement technique nécessaire pour l’implantation et la reconnaissance du réseau au niveau local. Ainsi, en dehors du Sénégal, le réseau est aujourd’hui présent au Mali, en Guinée Conakry, au Burkina Faso, au Cameroun, au Togo, au Tchad, au Nigéria et nous sommes en contact avec des jeunes d’autres pays tels que la République Démocratique du Congo, la Gambie, le Bénin et le processus continue.

7. Quelles sont les difficultés principales à lesquelles le réseau fait face? De quel type d’appui vous pensez que ces types de réseaux ou organisations des jeunes ont besoin de la part des acteurs de développement?

Nous sommes une jeune organisation et nous faisons face à des difficultés d’accès à des ressources financières (pour une partie de nos charges de fonctionnement, le financement de plateformes d’incubation), des difficultés d’accès au mentorat, d’accès aux partenaires stratégiques (Etat, agences de développement), des difficultés d’accès aux ressources matérielles (matériel pédagogique, véhicule de transport afin de faciliter nos missions de terrain). Les réseaux ont besoin d’appui technique (renforcement de capacités organisationnelles, formation des formateurs), d’appui financier pour le financement de leurs activités (prises en charges de leurs fonds de roulement, missions de sensibilisation et partage d’informations sur le terrain, renforcement de capacités des membres, financement des projets, des plateformes physiques et virtuelles d’incubation), d’appui à l’accès au réseautage international, d’appui pour accéder au stage pratique au sein d’organisations qui ont réussi, d’appui pour accéder au mentorat auprès des partenaires aux développement.

 

Pour plus d'information, veuillez consulter le site web du RAPEA : https://rapea.africa/