SOFI 2018 - L'état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde

La Sécurité Alimentaire et la Nutrition dans le Monde

La faim gagne du terrain

Pour la troisième année consécutive, la faim dans le monde a gagné du terrain. Le nombre absolu de personnes sous-alimentées, c’est à dire celles souffrant d’une carence alimentaire chronique, est passé à près de 821 millions en 2017, contre environ 804 millions en 2016. Soit des niveaux d’il y a presque dix ans.

Le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde est en hausse. 821 millions de personnes ne mangent pas à leur faim.

link FIGURE 1

Le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde a augmenté depuis 2014 pour atteindre environ 821 millions en 2017

  • Prévalence (en %)
  • Nombre (en millions)

*Valeurs projetées, illustrées par des lignes en pointillé et des cercles vides.
Source: FAO

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La proportion de personnes sous-alimentées au sein de la population mondiale – la prévalence de la sous-alimentation (Prevalence of undernourishment – PoU – en anglais), pourrait avoir atteint 10,9% en 2017. L’instabilité persistante dans les régions déchirées par des conflits, les événements climatiques défavorables dans de nombreuses régions du monde et les ralentissements économiques qui ont affecté les régions les plus paisibles et aggravé la sécurité alimentaire expliquent tous cette détérioration de la situation.

La situation empire en Amérique du Sud et dans la plupart des régions en Afrique (Tableau 1). L’Afrique demeure le continent ayant la prévalence de la sous-alimentation la plus élevée, elle affecte presque 21% de la population (soit plus de 256 millions de personnes). La situation se détériore aussi en Amérique du Sud, où la prévalence de la sous-alimentation est passée de 4,7% en 2014 à 5% en 2017, selon les prévisions. La tendance à la baisse de la sous-alimentation en Asie semble ralentir de manière significative. La prévision de la prévalence de la sous-alimentation en Asie pour 2017 est de 11,4%, ce qui représente plus de 515 millions de personnes. Sans des efforts accrus, le monde sera bien loin d’atteindre l’objectif des ODD visant à éradiquer la faim d’ici 2030.

link TABLEAU 1

Prévalence de la sous-alimentation dans le monde, en 2005-2017

Prévalence de la sous-alimentation (%)
2005 2010 2012 2014 2016 20171
Monde 14.5 11.8 11.3 10.7 10.8 10.9
Afrique 21.2 19.1 18.6 18.3 19.7 20.4
Afrique du Nord 6.2 5.0 8.3 8.1 8.5 8.5
Afrique subsaharienne 24.3 21.7 21.0 20.7 22.3 23.2
Afrique de l'Est 34.3 31.3 30.9 30.2 31.6 31.4
Middle Africa 32.4 27.8 26.0 24.2 25.7 26.1
Afrique centrale 6.5 7.1 6.9 7.4 8.2 8.4
Afrique de l'Ouest 12.3 10.4 10.4 10.7 12.8 15.1
Asie 17.3 13.6 12.9 12.0 11.5 11.4
Asie centrale 11.1 7.3 6.2 5.9 6.0 6.2
Asie du Sud-Est 18.1 12.3 10.6 9.7 9.9 9.8
Asie du Sud 21.5 17.2 17.1 16.1 15.1 14.8
Asie de l'Ouest 9.4 8.6 9.5 10.4 11.1 11.3
Asie centrale et Asie du Sud 21.1 16.8 16.7 15.7 14.7 14.5
Asie de l'Est et Asie du Sud-Est 15.2 11.5 10.1 9.0 8.9 8.9
Asie de l’Ouest et Afrique du Nord 8.0 7.1 8.9 9.3 9.9 10.0
Amérique latine et Caraïbes 9.1 6.8 6.4 6.2 6.1 6.1
Caraïbes 23.3 19.8 19.3 18.5 17.1 16.5
Amérique latine 8.1 5.9 5.4 5.3 5.3 5.4
Amérique centrale 8.4 7.2 7.2 6.8 6.3 6.2
Amérique du Sud 7.9 5.3 4.7 4.7 4.9 5.0
Océanie 5.5 5.2 5.4 5.9 6.6 7.0
Amérique du Nord et Europe < 2.5 < 2.5 < 2.5 < 2.5 < 2.5 < 2.5

1 Valeurs projetées
Source: FAO


Des progrès vers l’amélioration de la nutrition

Des progrès ont été faits sur le retard de croissance et l'allaitement maternel exclusif, mais pas sur l'anémie

Globalement, il y a eu des améliorations sur le retard de croissance et l’allaitement maternel exclusif durant les six premiers mois de la vie. Le nombre d’enfants souffrant de retard de croissance a diminué, passant de 165,2 millions en 2012 à 150,8 millions en 2017, soit une baisse de 9%. Cependant, ce chiffre est encore trop élevé.

En 2017, 40,7% des nourrissons de moins de six mois étaient exclusivement allaités au sein alors qu’ils étaient 36,9% en 2012. Les taux d’allaitement exclusif en Afrique et en Asie sont 1,5 fois supérieurs à ceux d'Amérique du Nord, où seulement 26,4% des nourrissons de moins de six mois sont exclusivement nourris au lait maternel.

À l’inverse, l’anémie touchant les femmes en âge de procréer ne recule pas. La prévalence de l’anémie chez les femmes en âge de procréer a progressivement augmenté, passant de 30,3% en 2012 à 32,8% en 2016, aucune région ne présentant un déclin. Il est regrettable que dans le monde, une femme en âge de procréer sur trois souffre encore d’anémie, ce qui a des conséquences importantes sur la santé et le développement des femmes et de leurs enfants.

link FIGURE 6

Il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs de 2025 et 2030 en matière de retard de croissance, d’émaciation, d’excès pondéral, d'allaitement exclusif au sein, d'anémie chez les femmes en âge de procréer et d'obésité des adultes

Retard de croissance

(moins de 5 ans)

Émaciation

(moins de 5 ans)

Excès pondéral

(moins de 5 ans)

Allaitement exclusif au sein

(< 6 mois)

Anémie

(femmes en âge de procréer)

Obésité

(adultes)

Sources: Les données relatives au retard de croissance, à l’émaciation et à l’excès pondéral proviennent de l'UNICEF, de l'OMS et de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale. 2018. UNICEF, WHO, World Bank Group Regional and Global Joint Malnutrition Estimates (édition de mai 2018) [en ligne]. http://www.who.int/nutgrowthdb/estimates; les données sur l'allaitement exclusif au sein sont basées sur l'UNICEF. 2018. Infant and young child feeding: Exclusive breastfeeding, predominant breastfeeding. Dans UNICEF Data: Monitoring the Situation of Children and Women [en ligne]. https://data.unicef.org/topic/nutrition/infant-and-young-child-feeding; les données sur l’anémie sont reprises de l’OMS. 2017. Données de l’Observatoire de la santé mondiale [en ligne]. http://apps.who.int/gho/data/node.imr.PREVANEMIA?lang=en; les données sur l’obésité des adultes sont basées sur l’OMS 2017. Données de l’Observatoire de la santé mondiale [en ligne]. http://apps.who.int/gho/data/node.main.A900A?lang=en

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L’émaciation

En 2017, 7,5% des enfants de moins de 5 ans – soit 50,5 millions – souffraient d’émaciation (poids insuffisant par rapport à la taille), les exposant ainsi à un risque de mortalité plus élevé. Une analyse de 2013 indiquait que 875 000 décès (soit 12,6% de l'ensemble des décès) parmi les enfants de moins de cinq ans étaient liés à l’émaciation, dont 516 000 décès (7,4% des décès des enfants de moins de cinq ans) étaient liés à une forte émaciation.

Surpoids chez l’enfant et obésité chez l’adulte

Depuis 2012, la proportion mondiale d’enfants en surpoids est relativement stable, 5,4% en 2012 et 5,6% (soit 38,3 millions) en 2017. Sur ces 38,3 millions d'enfants en surpoids, 25% vivent en Afrique et 46% en Asie.

Au contraire, l’obésité chez l’adulte prend de l’ampleur. Les taux d’obésité chez l’adulte ne cessent de progresser chaque année, passant de 11,7% en 2012 à 13,2% en 2016. Au contraire, l’obésité chez l’adulte prend de l’ampleur. Les taux d’obésité chez l’adulte ne cessent de progresser chaque année, passant de 11,7% en 2012 à 13,2% en 2016.

La prévalence de l’obésité chez les adultes a régulièrement augmenté entre 1975 et 2016 ; et à un rythme accéléré au cours de la dernière décennie. L’obésité chez l’adulte est plus importante en Amérique du Nord, et c’est là aussi que le taux d’augmentation de l’obésité chez l’adulte est le plus haut. Si l’Afrique et l’Asie continuent d’avoir les taux d’obésité les plus bas, on y observe toutefois une tendance à la hausse.

Le fardeau multiple de la malnutrition

Comme indiqué précédemment, les niveaux de retard de croissance et d’émaciation chez les enfants persistent dans les régions et les pays ; pourtant, en même temps, il y a une augmentation du surpoids et de l'obésité, souvent dans les mêmes pays et au sein des mêmes communautés, où les niveaux de retard de croissance chez les enfants sont relativement élevés. Cette coexistence de la dénutrition, du surpoids et de l'obésité est communément appelée le «double fardeau» de la malnutrition. Une grande partie de la population mondiale souffre également de carences en micronutriments (vitamines et minéraux), souvent appelées «faim cachée», car il n'y a pas forcément de signes visibles. L’anémie ferriprive chez les femmes en âge de procréer est une forme de carence en micronutriments.

Une grande partie de la population mondiale souffre aussi d'une carence en micronutriments (vitamines et minéraux). Celle-ci est souvent appelée «faim cachée» car n'y a pas forcément de signe visible.

De nombreux pays ont une prévalence élevée de plusieurs formes de malnutrition. Ce fardeau multiple de la malnutrition est plus répandu dans les pays à revenu faible, moyen et intermédiaire, et touche plus particulièrement les populations pauvres. Dans les pays à revenu élevé, ce sont aussi les populations défavorisées qui sont touchées par l'obésité. La coexistence de multiples formes de malnutrition peut se produire non seulement dans les pays et les communautés, mais aussi au sein des ménages ; et peut aussi toucher la même personne au cours de sa vie.

De l’insécurité alimentaire à la malnutrition

L'accès insuffisant à la nourriture, et en particulier aux aliments sains, contribue à la dénutrition ainsi qu’à la surcharge pondérale et à l’obésité. Cela augmente le risque d’insuffisance pondérale à la naissance, de retard de croissance chez l’enfant et d’anémie chez les femmes en âge de procréer, et il est lié au surpoids chez les filles scolarisées et à l’obésité chez les femmes, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire et élevé. Les parcours qui mènent de l’accès insuffisant à la nourriture à aux différentes formes de malnutrition sont multiples. Le tableau 14 illustre deux d'entre eux : celui qui mène de l’insécurité alimentaire à la dénutrition et un autre menant à l’excès pondéral et à l’obésité.

link FIGURE 14

Processus menant de l'accès à des aliments inadéquats à de nombreuses formes de malnutrition



  • Processus menant à la dénutrition
  • Processus obésogène

Source: Figure créée par la Division de statistique de la FAO pour ce rapport

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L’insécurité alimentaire (l’accès limité à la nourriture) peut contribuer au retard de croissance chez l’enfant, à l’émaciation et aux carences en micronutriments en affectant l'adéquation de la consommation alimentaire. Une alimentation pauvre en calories, en protéines, en vitamines et en minéraux entrave la croissance et le développement du fœtus, du bébé et de l’enfant. De tels modes d’alimentation contribuent à la dénutrition maternelle et par conséquent à des risques élevés d’insuffisance pondérale à la naissance, soit deux facteurs de risque de retard de croissance chez l’enfant. L’angoisse de vivre dans l’insécurité alimentaire peut également avoir des effets négatifs sur les nourrissons en compromettant la qualité de l’allaitement maternel.

La sous-nutrition et l’obésité coexistent dans de nombreux pays.

Bien que cela puisse paraître paradoxal, l’insécurité alimentaire peut aussi contribuer au surpoids et à l’obésité. Les aliments nutritifs et frais sont souvent chers. Ainsi, lorsque les ressources des ménages consacrées à l’alimentation se font rares, les gens choisissent des aliments moins chers qui sont souvent riches en calories et pauvres en nutriments. C’est particulièrement vrai dans les zones urbaines et dans les pays à revenu intermédiaire et élevé, mais l'effet négatif de l’insécurité alimentaire sur la qualité de l’alimentation a globalement été prouvé dans les pays à revenu faible, intermédiaire et élevé.

Il existe également des facteurs psychosociaux qui relient l’insécurité alimentaire à l’obésité. Le fait de ne pas avoir un accès certain ou adéquat à la nourriture provoque souvent des sentiments d’anxiété, de stress et de dépression, ce qui peut entraîner des comportements qui augmentent le risque de surpoids et d’obésité. Ceux-ci comprennent des troubles de compulsion alimentaire ou de suralimentation lorsque la nourriture est disponible (et une disponibilité continue incertaine), ou le choix d’«aliments réconfortants» peu chers, à densité énergétique élevée, riches en graisse, en sucre et en sel.

Les troubles alimentaires et la privation de nourriture constituent un autre lien entre l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Les cycles d’«abondance et de famine» provoquent des changements métaboliques associés à une augmentation du tissu adipeux, une baisse de la masse musculaire maigre, et une prise de poids plus rapide lorsque la nourriture devient abondante.

De plus, la privation de nourriture chez la mère et le nourrisson/enfant peut entraîner une «empreinte métabolique» du fœtus et de la petite enfance, ce qui accroît le risque d’obésité et, plus tard, de maladies chroniques non transmissibles liées à l’alimentation. La dénutrition maternelle – ainsi que le surpoids – causés par l'absence d'accès stable à une alimentation adéquate peuvent entraîner des modifications métaboliques, physiologiques et neuroendocriniennes chez les enfants, alimentant le cycle intergénérationnel de la malnutrition.

La coexistence de multiples formes de malnutrition signifie que les deux parcours décrits plus haut ne fonctionnent pas indépendamment l’un de l’autre mais se répercutent mutuellement. Ainsi, la dénutrition liée à la sécurité alimentaire pourrait être associée à la surcharge pondérale et à l’obésité. Comme nous l’avons décrit, l’insécurité alimentaire est associée à l’insuffisance pondérale à la naissance chez les nourrissons. Un faible poids à la naissance est un facteur de risque de retard de croissance chez l'enfant, qui peut à son tour être associé, plus tard dans la vie, à une surcharge pondérale et à l'obésité. Selon l’OMS, «les enfants qui ont souffert de malnutrition et qui sont nés avec un poids insuffisant à la naissance ou qui ont un retard de croissance encourent un risque beaucoup plus grand de développer un surpoids ou une obésité, confrontés à l'âge adulte à des régimes alimentaires à forte densité énergétique et à un mode de vie sédentaire.» Il est également intéressant de noter que les enfants présentant un retard de croissance ont un risque plus élevé d'être en surpoids.

Que peut-on faire??

Il est nécessaire de mettre en œuvre - et d'intensifier - des opérations visant à garantir l’accès à des aliments nutritifs et ainsi briser le cycle intergénérationnel de la malnutrition. Les 1 000 jours qui séparent la conception et le deuxième anniversaire d’un enfant constituent une période cruciale pour prévenir à la fois le retard de croissance et le surpoids, favoriser la nutrition de l’enfant ainsi que sa croissance et son développement tout au long de sa vie. L’allaitement maternel exclusif au cours des six premiers mois, des aliments complémentaires et des pratiques d’alimentation adéquates jusqu’à l’âge de deux ans sont essentiels pour assurer une croissance et un développement normaux de l’enfant au cours de cette période fondamentale.

L’accès à une alimentation sûre, nutritive et en quantité suffisante doit être considéré comme un droit de l’homme, la priorité devant être accordée aux plus vulnérables. Les politiques doivent accorder une attention toute particulière à la sécurité alimentaire et la nutrition des enfants de moins de cinq ans, des enfants scolarisés, des adolescentes et des femmes afin d’interrompre le cycle intergénérationnel de la malnutrition. Il est nécessaire d’opérer un changement en faveur d’une agriculture sensible à la nutrition et des systèmes alimentaires qui fournissent des denrées alimentaires saines et de grande qualité, favorisant une alimentation saine pour tous.


L’Impact du climat sur la sécurité alimentaire et la nutrition

L’année dernière, le SOFI a relevé que les conflits et la violence dans plusieurs régions du monde figuraient parmi les principaux facteurs de la faim et de l’insécurité alimentaire, suggérant que les efforts en faveur en faveur de l’éradication de la faim devaient aller de pair avec ceux pour le maintien de la paix. Le rapport de cette année souligne qu'en dehors des conflits, les changements climatiques parfois extrêmes sont également un facteur clé de l'augmentation récente de la faim dans le monde – et dans certains cas, ces deux facteurs interagissent. Ils sont aussi l'une principales causes de graves crises alimentaires.

Le nombre de catastrophes climatiques extrêmes, incluant des chaleurs excessives, des épisodes de sécheresses, des inondations et des tempêtes, a doublé depuis le début des années 1990.

Le nombre de catastrophes climatiques extrêmes, incluant des chaleurs excessives, des épisodes de sécheresses, des inondations et des tempêtes, a doublé depuis le début des années 1990; avec en moyenne 213 évènements de ce type qui se sont produits chaque année entre 1990 et 2016. Ces épisodes nuisent à la production agricole et contribuent aux pénuries alimentaires, avec des répercussions telles que de fortes hausses des prix des aliments et des pertes de revenus, ce qui réduit l’accès des populations à la nourriture.

link FIGURE 15

Augmentation du nombre de catastrophes liées à des événements climatiques extrêmes (1990-2016)

  • Total des événements
  • Inondation
  • Tempête
  • Sécheresse
  • Température extrême

NOTE: Nombre total de catastrophes naturelles qui se sont produites dans des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, par région, sur la période 1990-2016. On entend par catastrophes les phénomènes de moyenne et grande ampleur qui se situent au-dessus du seuil d'enregistrement dans la Base de données internationale sur les catastrophes (EM-DAT).
La définition précise des catastrophes inscrites dans EM-DAT figure à l'annexe 2.
Source: Élaboré par la FAO à partir de la Base de données sur les catastrophes (EM-DAT). 2009. Base de données sur les catastrophes [en ligne] www.emdat.be

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La variabilité du climat et les conditions climatiques extrêmes ont déjà des effets négatifs sur la production des principales cultures dans les régions tropicales et, sans adaptation, cette situation devrait s'aggraver à mesure que les températures augmentent et deviennent plus extrêmes.

Dans de nombreuses régions, les conditions climatiques extrêmes ont augmenté en nombre et en intensité, en particulier là où les températures moyennes progressent: les journées très chaudes sont plus fréquentes et les journées les plus chaudes le sont de plus en plus. La chaleur extrême est associée à une mortalité accrue, à une capacité de travail moindre, à des rendements plus faibles des cultures et à d’autres conséquences qui compromettent la sécurité alimentaire et la nutrition.

Outre la hausse des températures et les changements dans les précipitations, la nature des saisons des pluies est également en train de changer, en particulier le calendrier des évènements climatiques saisonniers.

Les changements saisonniers peuvent ne pas être considérés comme des événements climatiques extrêmes (sécheresses, inondations ou tempêtes) mais plutôt comme des aspects du changement climatique qui affectent la croissance des cultures et la disponibilité des pâturages pour le bétail, avec des conséquences potentiellement importantes sur la sécurité alimentaire et la nutrition.

Plusieurs pays – notamment en Afrique, en Amérique centrale et en Asie du Sud-Est – ont connu des sécheresses, non seulement en raison d'une pluviométrie totale accumulée anormalement basse, mais aussi à cause des précipitations d’intensité plus faible et des jours de pluie moins nombreux.

Le lien direct entre sécheresse et famine

Les indicateurs de la sécurité alimentaire et de la nutrition peuvent clairement être associés à un événement climatique extrême, tel qu’une grave sécheresse, qui menace de manière critique l’agriculture et la production alimentaire.

Parmi toutes les catastrophes naturelles, les inondations, les sécheresses et les tempêtes tropicales sont celles qui affectent le plus la production alimentaire. La sécheresse, en particulier, est à l'origine de plus de 80% de l’ensemble des dommages et des pertes en agriculture, notamment pour les sous-secteurs de l’élevage et de la production végétale. En ce qui concerne les événements météorologiques extrêmes, le sous-secteur de la pêche est le plus touché par les tsunamis et les tempêtes, tandis que la plupart des dommages économiques touchant les forêts sont dus aux inondations et aux tempêtes. Si une sécheresse est grave et suffisamment étendue, elle peut potentiellement affecter la disponibilité alimentaire et l’accès à la nourriture au niveau national, ainsi que la nutrition, amplifiant ainsi la prévalence de la sous-alimentation (PoU) dans le pays.

Les épisodes sévères de sécheresse détériorent la situation de la faim dans le monde et ont pour effet de réduire à néant les progrès accomplis.

Le problème de la faim est exacerbé dans les pays où les systèmes agricoles sont très sensibles à la variabilité des précipitations et des températures et aux sécheresses sévères, où les moyens de subsistance d’une grande partie de la population dépendent de l’agriculture et où les moyens mis en œuvre par le pays ne sont pas suffisants pour contrer les retombées. En d’autres termes, pour environ 36% des pays qui ont été confrontés à une augmentation de la sous-alimentation depuis 2005, cela coïncidait avec une période de grave sécheresse agricole.

Sur 27 pays où la prévalence de la sous-alimentation est liée à de sévères épisodes de sécheresse, la plupart (19 pays) se trouvent en Afrique, quatre en Asie, trois en Amérique latine et dans les Caraïbes, et un en Europe de l’Est.

Une analyse plus précise révèle que de nombreux pays ont connu des périodes de sous-alimentation accrues au cours des dernières années. Cependant, durant le phénomène d'oscillation australe El Niño (ENSO) en 2015-2016, ce changement dans de nombreux pays a contribué à inverser la tendance de la PoU à l’échelle mondiale.

En profondeur

Le cas El Niño

Les anomalies de températures associées à El Niño montrent que les variations et les conditions climatiques extrêmes affectent l’agriculture. En observant les points de changement croissants dans la chronologie de la PoU, on constate que beaucoup d’entre eux correspondent à une période de grave sécheresse. Par exemple, dans près de 36% des pays ayant connu une hausse de la sous-alimentation depuis 2005, cela a coïncidé avec l'apparition d'épisodes de sécheresse.

Le plus frappant est l'augmentation significative en 2014-2015 du nombre de points de changements liés aux conditions de sécheresse sévère puisque près des deux tiers d'entre eux s'y sont produits. Dans ces circonstances, la PoU a augmenté à partir de 2015, ce qui peut être lié aux graves sécheresses provoquées par El Niño en 2015-2016. Un examen plus approfondi révèle que de nombreux pays ont connu des périodes de sous-alimentation accrues ces dernières années. Cependant, au cours du phénomène ENSO en 2015-2016, ce changement dans de nombreux pays a contribué à inverser la tendance de la PoU au niveau mondiale.

Cette association est outre corroborée par une série d’études montrant un lien étroit entre la sécheresse et le retard de croissance chez l’enfant. Au Bangladesh par exemple, les épisodes de sécheresse coïncident avec un taux de retard de croissance plus élevé cinq à neuf mois après le début de la sécheresse. Dans les zones rurales du Zimbabwe, les enfants de un à deux ans exposés à la sécheresse ont un risque de ralentissement de croissance bien plus important que les enfants du même âge vivant dans des zones à pluviométrie moyenne. En Afrique sub-saharienne, les climats plus chauds et secs vont de pair avec une diminution de la disponibilité alimentaire et la hausse des estimations de prévalence du retard de croissance chez l'enfant.

Les variations et les conditions climatiques extrêmes font partie des principaux facteurs de l'augmentation de la faim.

Une exposition accrue aux variations et aux conditions climatiques extrêmes

L’exposition des pays aux variations et aux conditions climatiques extrêmes est également une tendance à la hausse. En 2017, la moyenne de la PoU dans les pays fortement exposés aux chocs climatiques était de 3,2 points supérieure à celle des pays peu ou pas exposés. Plus frappant encore, le nombre d’habitants sous-alimentés dans les pays fortement exposés a plus que doublé par rapport aux pays qui ne sont pas hautement exposés.

link FIGURE 25

Accroissement de la prévalence de la sous-alimentation et du nombre de personnes sous-alimentées dans les pays exposés à des extrêmes climatiques

  • Nombre de personnes sous-alimentées en 2017 (en millions)
  • Prévalence (non pondérée) de la sous-alimentation en 2017

NOTES: Prévalence (non pondérée) de la sous-alimentation et nombre de personnes sous-alimentées dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire fortement ou faiblement exposés à des extrêmes climatiques sur la période 2011-2016. On considère un pays comme fortement exposé à des extrêmes climatiques (chaleur, sécheresse, inondation et tempête) lorsqu'il l'a été pendant plus de 66 pour cent du temps, autrement dit pendant plus de trois ans sur la période 2011-2016; une faible exposition correspond à trois ans ou moins. .
La liste des pays fortement exposés aux extrêmes climatiques et la méthode employée figurent à l'annexe 2.
SOURCE: C. Holleman, F. Rembold et O. Crespo (à venir). The impact of climate variability and extremes on agriculture and food security: an analysis of the evidence and case studies. FAO Agricultural Development Economics Technical Study 4. Rome, FAO. S'agissant de la classification des pays en fonction de leur degré d'exposition aux extrêmes climatiques; FAO pour les données sur la prévalence de la sous-alimentation.

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Une forte dépendance à l'agriculture, mesurée par le nombre de personnes employées dans le secteur, entraîne une hausse de 9,6 point de la PoU (soit 25%). Dans les pays à faible revenu, l’augmentation est de 13,6 points (soit 29%).

Le constat est différent dans les pays à revenu intermédiaire, où la hausse de la PoU est moins prononcée et survient plus tard (de 2015 à 2016). Cela tend à indiquer que les pays à revenu intermédiaire ont réussi à absorber les effets d’une exposition accrue aux conditions climatiques extrêmes, mais n'ont peut-être pas été en mesure de s'y adapter au cours de la période 2015-2016, probablement en raison de leur exposition à El Niño.

D’autres facteurs ont pu également entrer en jeu pendant cette période, par exemple le ralentissement économique subi par de nombreux pays latino-américains, dans lesquels les budgets réservés aux programmes d’aide sociale ont été réduits. La capacité de ces pays à s’adapter aux répercussions de ces événements climatiques extrêmes en a donc été diminuée.

Évènements extrêmes et crises alimentaires

Alors que la faim ne cesse de gagner du terrain, il est tout aussi alarmant de constater que le nombre de personnes confrontées à un niveau d’insécurité alimentaire en lien avec un épisode de crise continue de progresser.

En 2017, près de 124 millions de personnes dans 51 pays et territoires étaient confrontées à des niveaux «de crise» d’insécurité alimentaire aigüe ou pire encore, nécessitant une action d’urgence immédiate pour sauver leurs vies et préserver leurs moyens de subsistance. Cela représente une augmentation par rapport à 2015 et 2016, où respectivement 80 et 108 millions de personnes faisaient face à de tels niveaux de crise.

Les catastrophes liées au changement climatique représentent aujourd’hui plus de 80% des catastrophes majeures signalées dans le monde.

Dans 34 de ces 51 pays, plus de 76% de la population totale confrontée à des niveaux critiques d’insécurité alimentaire – soit près de 95 millions de personnes – a également été touchée par des chocs climatiques et des phénomènes extrêmes. Là où les conflits et les chocs climatiques se côtoient, l’impact sur l’insécurité alimentaire aigüe est plus grave. En 2017, 14 des 34 pays en crise alimentaire ont subi le double impact des conflits et des chocs climatiques, ce qui a entraîné une augmentation significative de la gravité de l'insécurité alimentaire aigüe.

Les inondations causent plus de catastrophes liées au climat que tout autre événement climatique extrême. Les catastrophes liées aux inondations ont enregistré la plus forte hausse (65%) au cours des 25 dernières années. La fréquence des tempêtes n’augmente pas autant que celles des inondations, mais les tempêtes sont le deuxième facteur plus fréquent de catastrophes liées au climat.

Impact de la variabilité climatique sur tous les aspects de la sécurité alimentaire

La plupart des personnes les plus vulnérables aux chocs climatiques et aux aléas naturels sont les petits exploitants agricoles, les bergers, les pêcheurs et les communautés qui vivent de la forêt, qui tirent tous leur nourriture et leur revenu de ressources naturelles renouvelables. Leur nombre s’élève à 2,5 milliards de personnes dans le monde.

En 2015-2016, la sécheresse causée par El Niño s’est soldée par la perte de 50 à 90% des récoltes dans le Couloir sec d’Amérique centrale, en particulier au Salvador, au Honduras et au Guatemala.

La variabilité du climat et les conditions climatiques extrêmes ont l’impact direct le plus important sur la disponibilité alimentaire, compte tenu de la vulnérabilité de l’agriculture face au climat et le rôle primordial du secteur en tant que source d’alimentation et de moyen de subsistance pour les populations rurales pauvres. Toutefois, les répercussions globales sont bien plus complexes et importantes que les seuls impacts sur la productivité agricole.

La variabilité du climat et les conditions climatiques extrêmes nuisent à tous les aspects de la sécurité alimentaire: la disponibilité alimentaire (avec des pertes de productivité qui réduisent la production alimentaire et accroissent les importations de denrées alimentaires); l’accès à la nourriture (provoquant des pics de prix des denrées alimentaires et de la volatilité - en particulier à la suite de phénomènes climatiques extrêmes – et des pertes de revenus pour ceux qui dépendent de l’agriculture); l’utilisation des aliments et la sécurité sanitaire des aliments (consommation alimentaire réduite ou dégradée, qualité et sécurité sanitaire des denrées alimentaires réduites en raison de la contamination des cultures, apparition de foyers de ravageurs et de maladies à la suite de précipitations abondantes ou de changements de températures).

La variabilité climatique met en péril tous les aspects de la sécurité alimentaire: la quantité de denrées alimentaires produites, l'accès des populations à cette nourriture, la capacité des personnes à absorber des éléments nutritifs et la salubrité des aliments eux-mêmes.

Les conséquences directes et indirectes liées au climat ont un effet cumulatif, entraînant un cercle vicieux d’insécurité alimentaire et de malnutrition.

Comme nous l’avons mentionné, l'une des conséquences évidentes est que la variabilité climatique et les conditions climatiques extrêmes affectent la productivité agricole, en termes de changements dans les rendements des cultures (la quantité de production agricole récoltée par unité de surface), de superficies cultivées (superficie plantée ou récoltée), ou encore d’intensité de culture (nombre de cultures amenées à maturité en une année).

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Dans le secteur agricole, les cultures et l'élevage subissent les dommages et les pertes les plus importants imputables à des catastrophes liées au climat, dont les plus destructrices sont les sécheresses (2006-2016)

A) Dommages et pertes agricoles en pourcentage du total et pour l'ensemble des secteurs, par type de catastrophe

B) Dommages et pertes agricoles, par sous-secteur, en pourcentage du total

NOTES: FAO, d'après les évaluations des besoins après des catastrophes pour la période 2006-2016. Les effets sur la pêche, l'aquaculture et les forêts sont souvent sous-évalués. L'impact des catastrophes sur les forêts est généralement pris en compte dans les évaluations mais rarement quantifié au plan monétaire.
SOURCE: FAO. 2018. The impact of disasters on agriculture and food security 2017. Rome

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De plus, la variabilité climatique et les conditions climatiques extrêmes affectent également les importations de denrées alimentaires, les pays essayant de compenser les pertes de production nationales. Les impacts sur la production se traduiront inévitablement par une perte de revenus pour les personnes dont les moyens de subsistance dépendent de l’agriculture et des ressources naturelles, réduisant ainsi leur capacité à accéder à la nourriture.

Un autre facteur est les hausses des prix alimentaires et de la volatilité qui suivent les phénomènes climatiques extrêmes. Les anomalies climatiques, et en particulier les phénomènes extrêmes, perturbent les rendements, la production et les stocks agricoles. Les épisodes de forte volatilité des prix alimentaires constituent une menace majeure pour l’accès à la nourriture, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire ; et parmi les groupes les plus pauvres dans les pays à revenu élevé. L’impact de la flambée et de la volatilité des prix pèse non seulement plus durement les urbains pauvres, mais aussi sur les petits producteurs de denrées alimentaires, les ouvriers agricoles et les populations rurales pauvres qui sont des acheteurs nets de produits alimentaires.

La variabilité climatique et les conditions climatiques extrêmes entraînent aussi des pertes de revenus pour les personnes dont les moyens de subsistance dépendent de l’agriculture et des ressources naturelles, ce qui engendre des répercussions sur l’accès des ménages aux denrées alimentaires puisqu’ils disposent de moins de ressources pour s’en procurer. Des études réalisées auprès des ménages montrent que la variabilité du climat et les conditions climatiques extrêmes ont un impact négatif sur l'accès aux denrées alimentaires et sur les revenus des petits ménages agricoles. Des données montrent également que les chocs climatiques affectent non seulement le niveau de revenu, mais aussi leur variabilité.

L’impact de la volatilité des prix affecte plus durement les acheteurs nets de produits alimentaires, qui sont non seulement les urbains pauvres mais aussi les petits producteurs alimentaires, les ouvriers agricoles et les populations rurales pauvres.

Les changements climatiques ont également un impact conséquent sur la nutrition : ils altèrent la qualité des nutriments et la diversité des apports alimentaires des denrées produites et consommées ; ont des conséquences sur l’eau et l’assainissement ; des implications sur les schémas de risques pour la santé et les maladies ; ainsi que des modifications des soins maternels et infantiles et en terme d'allaitement.

Les ménages adoptent des stratégies d’adaptation pour faire face aux baisses de revenu, à la diminution de la consommation alimentaire et à l’augmentation de prix qui font suite aux chocs climatiques. Celles-ci consistent par exemple à diminuer le nombre de repas quotidiens et la quantité consommée à chaque repas, à sauter des repas et à manger des aliments moins riches en nutriments et/ou des aliments plus riches en calories, en graisses, en sucres et en sel, et qui compromettent la diversité et la qualité alimentaires.

Des précipitations plus irrégulières et des températures plus élevées, associées à d’autres phénomènes extrêmes, affectent la qualité et la sécurité sanitaire des aliments. . Les conditions climatiques changeantes et les conditions extrêmes telles que la température et l’humidité peuvent provoquer une contamination accrue de l’eau et des aliments. La contamination accrue de l’eau servant à l’irrigation peut elle aussi affecter la salubrité des cultures et la santé des animaux qui les consomment, ainsi que la production alimentaire qui en résulte. L’eau et les aliments insalubres génèrent un cercle vicieux de diarrhée et de malnutrition, menaçant ainsi l’état nutritionnel des plus vulnérables.

Des études ont établi un lien entre El Niño et des incidences accrues de maladies chez l'homme. En Afrique de l’Est, plus de la moitié des manifestations du phénoméne El Niño ont été accompagnées d’épidémies de fièvre dans la vallée du rift.

Par ailleurs, les conditions climatiques extrêmes ont souvent des conséquences directes sur sur la santé publique en raison des changements de températures, des précipitations et des risques naturels. Elles augmentent le risque de maladie, ce qui compromet davantage la sécurité alimentaire et la nutrition. La maladie entrave la capacité de l’organisme à absorber les nutriments, ce qui peut nuire à l’état nutritionnel des adultes et des enfants.

Les catastrophes liées au climat créent et entretiennent la pauvreté, contribuant ainsi à l’aggravation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition ainsi qu’à la vulnérabilité - actuelle et future - aux phénomènes climatiques extrêmes. Elles ont aussi des conséquences sur les moyens de subsistance – en particulier des populations les plus pauvres – contribuant ainsi à un risque accru d'insécurité alimentaire et de malnutrition. Des conditions climatiques extrêmes durables ou récurrentes entraînent la baisse de la capacité d’adaptation, la perte des moyens de subsistance, les migrations de détresse et la pauvreté.

La résilience climatique est une solution. Il est important de renforcer les systèmes alimentaires et les moyens de subsistance des populations pour anticiper et s’adapter aux effets de la variabilité climatique et aux conditions climatiques extrêmes.

La résilience face aux changements climatiques

Lutter contre la variabilité climatique et les conditions climatiques extrêmes afin de minimiser leurs conséquences sur la sécurité alimentaire et sur la nutrition exige de mettre l’accent sur la résilience. Cela comprend des interventions spécifiques au contexte visant à anticiper, à limiter et à s’adapter aux effets de la variabilité climatique et aux conditions climatiques extrêmes et à renforcer la résilience des moyens de subsistance, des systèmes alimentaires et de la nutrition aux chocs et aux contraintes climatiques.

Il est urgent de mener des actions à plus grande échelle dans les différents secteurs afin de renforcer la résilience des moyens de subsistance et des systèmes alimentaires à la variabilité climatique et aux événements climatiques extrêmes. De telles actions devraient être menées via des politiques intégrées de réduction et de gestion des risques de catastrophe et d’adaptation au changement climatique, de programmes et de pratiques avec une vision à court, moyen et long terme.

La mise en œuvre de politiques et de programmes axés sur la résilience face au changement climatique implique l’adoption et le réaménagement d’outils et d’interventions tels que : les systèmes de surveillance des risques et d’alerte rapide; la préparation et la réponse aux situations d’urgence; les mesures de réduction de la vulnérabilité; la protection sociale tenant compte des risques et adaptée aux chocs, les transferts de risques et les financements basés sur des prévisions; et de solides structures de gouvernance des risques en lien avec le système environnement-alimentation-santé.

Les solutions exigent des partenariats accrus, des capacités de gestion des risques améliorées et un financement pluriannuel prévisible et à grande échelle de la réduction et de la gestion des risques de catastrophes, ainsi que des politiques, des programmes et des pratiques d’adaptation au changement climatique.