Au sud du Tchad : réduire la vulnérabilité des populations
La FAO appuie différents projets pour renforcer la résilience des plus vulnérables
N’Djaména, 16 décembre 2015-La gestion durable de l’agriculture et de l’élevage est un enjeu capital au Tchad, notamment dans la zone du Sud, où la FAO met en œuvre plusieurs projets d’importance. Depuis quelques années les mouvements de populations, notamment l’afflux massif des réfugiés et des retournés de la République centrafricaine (RCA) ont accru les besoins des populations situées dans les régions d’accueil. Dans le cadre de ses activités pour renforcer la résilience des populations, la FAO appuie les bénéficiaires à travers différents projets de distribution des intrants et petit outillage agricole, d’aliments du bétail, de reconstitution du cheptel (petits ruminants), de la vaccination du bétail et de renforcement des capacités entrepreneuriales.
Prévenir les catastrophes
La FAO mise beaucoup sur le Système d’Information sur la Sécurité Alimentaire et d’Alerte Précoce (SISAAP) qui a su mettre en place un réseau sur le territoire pour faciliter la remonté rapide d’informations sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle afin d’orienter les prises de décisions et solliciter des interventions qui répondent aux besoins des populations.
« Nous collectons les données terrain sur la sécurité alimentaire et nous produisons mensuellement un rapport que nous envoyons au Comité d’Action pour la Sécurité Alimentaire et la Gestion des Crises alimentaires (CASAGC) et aux partenaires centraux pour le traitement» a affirmé Djoubdourna MADIBO, point focal SISAAP du Logone Occidental.
Améliorer la résilience dans les camps de réfugiés
La situation dans les camps de réfugiés est précaire, de nombreuses personnes se retrouvent sans activités génératrices de revenus. Les populations déplacées qui vivent dans les camps de Maigama et de Belom sont constituées en majorité d’éleveurs ayant fui la RCA. Elles ont reçu des vaccins et 42,21 tonnes d’aliment bétail, au total 1250 ménages ont bénéficié de cet appui de la FAO. Néanmoins, les besoins demeurent importants. Notons que l’élevage constitue un pilier essentiel à l’économie tchadienne puisqu'il s'agit de la première ressource d'exportation du pays hors pétrole, il contribue à hauteur de 15% au PIB national. L’élevage mobile, fondé sur le nomadisme et la transhumance, compte pour 90% du secteur. Ces pratiques ancestrales qui permettent l’adaptation à un contexte environnemental difficile (pluies irrégulières, sécheresses, dégradation des sols, etc.…) sont confrontées à une accélération de l’agriculture extensive et l’élevage sédentaire et par une mauvaise répartition des points d’eau sur l’ensemble du territoire.
Plus de 15 milles ménages ont été accompagnés techniquement pour produire des céréales à hauteur de 250 millions de FCFA, à travers un projet d’appui d’urgence. Environ 300 tonnes de semences de maïs, de riz et de sorgho leur ont été distribués. Par ailleurs, environ 4000 ménages ont reçu des semences à cycle court, à hauteur de 265 millions de FCFA, financées par l’Union Européenne. Dans les régions du Mandoul et du Mayo-kebbi -Est, les bénéficiaires de cet appui peuvent ainsi, entreprendre des activités de maraîchages pour la consommation et la vente.
Renforcer les capacités des populations
Sur le terrain, depuis 2014, la FAO à travers le projet sous-régional « Renforcement de la contribution des Produits Forestiers Non Ligneux à la sécurité alimentaire en Afrique centrale » financé par la Banque Africaine de Développement à travers le Fonds pour les Forêts du Bassin du Congo (FFBC), participe activement au renforcement des capacités des producteurs et transformateurs de produits forestiers non ligneux (PFNL) dans les sites pilotes du Mayo Kebbi Est (Chef-lieu Bongor) et du Mandoul Oriental (Chef-lieu Koumra). Les objectifs globaux du Projet sont de: i) Contribuer à l’amélioration des conditions de vie et la sécurité alimentaire des ménages dépendants des forêts, et notamment des groupes les plus vulnérables ; ii) Contribuer à la conservation et à la gestion durable des PFNL en Afrique centrale et plus spécifiquement au Burundi, en Guinée Equatoriale, au Rwanda, à Sao Tomé et Principe et au Tchad. Parmi les activités de ce projet, figurent celles où les bénéficiaires sont initiés à la gestion entrepreneuriale, et aux techniques modernes de valorisation des PFNL.
Ladoum Ngarmbatindo fait partie des femmes bénéficiaires de ce projet. « La FAO nous a donné une formation sur les PFNL, qui nous a beaucoup aidé à tracer une ligne sur comment se prendre en charge quand nous avons un petit revenu entre nos mains. Lorsque nous formons un groupe, nous ne devons pas rester les bras croisés mais organiser des cotisations et des collectes de PFNL pour la vente pour développer notre groupe » a- t-elle affirmé.
« La FAO nous a appuyé sur comment faire nos plans de développement d’entreprise (PDE). Avant nous travaillions de façon individuelle, mais maintenant nous savons comment développer les PDE au sein de nos groupements et de nos associations » a expliqué Nadjiyam Maguebaye Elisabeth, productrice de PFNL.
Dans des régions aux conditions climatiques parfois rudes, le renforcement des capacités entrepreneuriales des populations pérennise les efforts de résilience des populations. En effet, Le karité (Vitellaria paradoxa), le Moringa (Moringa oleifera), le neem (Azadirachta indica), le miel, le savonnier (Balanites aegyptiaca) et le tamarin (Tamarindus indica) font partie des PFNL valorisés par les bénéficiaires de ce projet. Plusieurs groupements de femmes à l’instar d’Association pour la Promotion de la Filière Karité dans le Mandoul (APROFIKAM) et d’Organisation des Groupements Féminins pour le Développement au Tchad (OGFDT) valorisent leur production en réalisant du beurre de karité, du savon, de l’huile et des confitures. Ainsi, le soutien de la FAO leur a permis de renforcer leurs capacités associatives, de production et de transformation de produits agricoles et forestiers. De plus, les revenus issus de la vente de leur production leur permettent d’améliorer leurs conditions de vie et de subvenir aux besoins de leurs foyers.
A terme, elles seront en mesure de valoriser leur production et accroître durablement leurs revenus.
Des progrès encourageants
Plusieurs signes témoignent du bon travail effectué par les personnes appuyées. Pour illustration, l’apiculture fait partie des secteurs à fort potentiel pouvant procurer un revenu considérable aux populations. Les gains sont considérables, à l’exemple du Groupement des arboriculteurs et éleveurs (GAEL) de Koumra, qui enregistre des résultats satisfaisants en matière de valorisation du miel. « Nous avons reçu 4 990 000 CFA qui nous a vraiment lancé dans l’apiculture. Nous avons commencé l’apiculture avec 36 ruches modernes, mais avec l’appui de la FAO ce nombre a augmenté. Auparavant nous produisions 2 tonnes de miel et avec cet appui notre production a augmenté à 12 tonnes » a expliqué Yamidjimte Ndingadal Roi, président du groupement.