Table des matières - Précédente - Suivante


Atelier 2 - Le stockage et la valorisation du maïs

Le système de stockage du maïs en milieu paysan beninois: bilan et perspectives
Effets des conditions de conservation sur la viabilite et la qualité de la variété de maïs NH2 (IRAT 42)
Maize post-harvest situation in Cameroon
Stratégies paysannes de gestion des stocks de mals le cas du Bénin
Organisations paysannes et commercialisation du maïs au nord du Cameroun
Transformation traditionnelle du maïs au Bénin aspects technologiques et socio-économiques
Les systèmes techniques de transformation du maïs en milieu rural au Burkina Faso
Transformation des céréales locales en milieu rural au Sénégal: enseignements et perspectives
La transformation du maïs au village: l'exemple des mini-minoteries au sud du Mali
Production et utilisation du maïs en Guinée
Le bro de maïs: la panification artisanale de farine composée à 60 % de maïs et 40 % de blé
La technologie appropriée en agroalimentaire au Bénin: expériences dans la filière maïs
La valorisafion des céréales locales approche du PROCELOS dans les villes sahéliennes
Rapport de l'atelier sur le stockage et la valorisation du maïs
Discours de clôture de Monsieur Mathurin Coffi Nago
Discours de clôture de Monsieur Nicolas Bricas
Discours de clôture de Monsieur le Directeur de cabinet du Ministre du Développement rural

Le système de stockage du maïs en milieu paysan beninois: bilan et perspectives

Yaovi Sesse FIAGAN
Projet FAO Systèmes de stockage décentralisé, Porto Novo, Bénin

Résumé. Les structures de stockage constituent l'élément important dans le système de stockage du maïs en milieu paysan au Bénin. Il existe des structures traditionnelles dont la performance est limitée par leur faible capacité à protéger les produits contre l'humidité, les insectes et les microorganismes. Les expériences d'amélioration entreprises ont abouti à la conception de structures améliorées qui n'ont cependant pas pu être utiles aux paysans, en raison des contraintes techniques et économiques liées à leur utilisation. De nouvelles expériences sont en cours dans le cadre du projet «Systèmes de stockage décentralisés» pour identifier des techniques et des pratiques améliorées, techniquement et financièrement accessibles aux paysans.

Au Bénin, le maïs qui, avec les racines et les tubercules, constitue l'essentiel de la production vivrière, joue un rôle socio-économique de premier plan. D'abord en tant qu'aliment de base pour plus de la moitié de la population, ensuite comme produit faisant l'objet d'importantes transactions commerciales.

Aujourd'hui pratiquée dans presque tous les départements, y compris ceux du nord où le maïs est considéré comme culture de rente, la production de cette céréale a connu une croissance modérée mais régulière au cours des cinq dernières années (tableau 1). Cette production s'établit comme suit dans chacun des départements en 1992 - Ouémé 155 250 tonnes, Atlantique 77 600 tonnes, Mono 52 000 tonnes, Zou 60 000 tonnes, Borgou 90 600 tonnes et Atacora 24 000 tonnes.

Dans toutes les zones de production, à l'exception des départements de l'Atacora et du Borgou où la culture attelée connaît un relatif essor, toute la chaîne de production du maïs, et en particulier les activités postrécolte, reposent sur des techniques et des pratiques traditionnelles surannées et peu performantes.

Un examen du calendrier des récoltes dans les principales zones de production montre que pour jouer pleinement son rôle d'aliment de base et de denrée commercialisée toute l'année, le maïs doit être stocké depuis les mois de juillet-septembre, période de grande récolte, aux mois de février-juin, période de soudure prononcée.

Le gros de la production est stocké au niveau villageois. Comment se fait ce stockage, quelles sont les performances du système traditionnel de stockage et quelles sont les perspectives d'amélioration de ce système?

Les systèmes de stockage traditionnels

Le «système» de stockage, en dehors des structures de stockage qui en constituent l'élément central, est un ensemble d'opérations unitaires telles que la récolte proprement dite, la préparation du produit avant le stockage et la protection phytosanitaire des produits en cours de stockage. Dans cet ensemble, c'est l'«élément» structure de stockage qui varie fondamentalement d'une région à une autre, en raison des exigences agroclimatiques du milieu. Des facteurs ethnologiques (appartenances ethniques) et socio-économiques jouent également un rôle important dans cette variation (figure 1). Au Bénin, il y a une très forte prédominance du stockage familial et la conception des structures utilisées, tant en ce qui concerne l'architecture que les matériaux utilisés, reflète cette prédominance.

Tableau I. Evolution de la production de maïs au Bénin de 1982 à 1992.

Année     Département       Production totale
Atacora Atlantique Borgou Mono Ouémé Zou
1982 12383 62990 19414 36596 102 191 37949 271 523
1983 8174 58070 20 876 28341 120 876 45558 281 895
1984 14446 85 306 29 325 60650 134556 54917 379200
1985 12694 104868 39324 61 901 159 122 56765 434674
1986 16945 108878 42941 54647 11 571 43366 378347
1987 16871 67 711 40937 34 553 90 607 36 558 177 237
1988 22457 104786 50758 59600 132 565 53 124 423490
1989 22867 92253 61 796 55 237 136208 55681 424042
1990 24124 83006 60672 47499 147991 46702 409994
1991 30191 78 963 78044 55468 123648 64590 431 004
1992 23 768 77666 90635 56958 155250 60269 459546

Source Direction de l'analyse, de la prévision et des statistiques du ministère du Développement rural.

Les greniers en matériaux végétaux

Au sud (départements de l'Ouémé, Atlantique, Mono on trouve des greniers du type «Ago» avec ses variantes et des greniers «plates-formes» CU type «Ava» ou «Bliva», dont l'origine serait le Togo.

Au nord (départements de l'Atacora et du Borgou), on trouve des greniers du type «Secco», équivalent des «Ago» du sud et des greniers «plates-formes».

Caractéristiques

Les structures en matériaux végétaux, rudimentaires et caractérisées par leur précarité, ne sont adaptées qu'à une production de subsistance. Leur durée de vie n'excède guère une campagne agricole, ce qui constitue une contrainte majeure dans la gestion du calendrier agricole plutôt bien chargé du producteur.

L'essentiel de la charpente de ces greniers est fait en bois dont le choix, dans la technologie traditionnelle, est lié à certains facteurs tels que la disponibilité, la résistance aux intempéries et aux parasites (borers et termites) et la plasticité (cas des structures tressées). Il est souvent constaté que les greniers les plus résistants sont ceux des savanes arborées ou arbustives du nord et du centre du pays, où des bois durs sont disponibles, alors que ceux du sud, peu résistants et peu durables, sont essentiellement faits avec des nervures principales de palme.

Les structures en matériaux végétaux sont en général de taille, de forme et de capacité très variables suivant la région.

Au sud, la taille des greniers est moyenne et les greniers plates-formes y sont hauts que dans le nord. Il semble cependant que les «plates-formes» à haute taille soient plus adaptées aux régions humides et plus propices à l'enfumage que les greniers bas, car elles exposent mieux, de par leur hauteur, le stock aux mouvements du vent, ce qui accelere le processus de séchage,

Les greniers sont généralement circulaires, sauf dans certaines régions du sud où ils ont une forme rectangulaire. lis sont le plus souvent de fond plat au sud et conique au nord. Des études menées au Togo ont montré que les greniers à fond conique, quelle que soit leur hauteur, exposent mieux la masse de produit stocké à l'action desséchante de l'air ambiant. Ces types de grenier sont généralement plus étriqués, et la masse de produit qu'ils contiennent offre moins de résistance à la circulation du vent.

Les structures en matériaux végétaux possèdent généralement un support sur lequel repose un conteneur. La hauteur et le nombre de pieux qui forment ce support (souvent plus de 10) sont des facteurs déterminants dans la stabilité des structures.

Le toit, généralement fait avec de la paille, est un élément protecteur très important des structures et des produits qu'elles contiennent. Dans certaines régions, les greniers n'en possèdent pas. L'absence de toit entraîne des pourritures dans les stocks après infiltration des eaux de pluies. Cela est fréquent au sud du Bénin. Au nord, le toit n'est pas nécessaire pendant la période de stockage qui coïncide avec la saison sèche et la période de l'harmattan.

La capacité des structures en matériaux végétaux n'excède pas en général 1 à 2 tonnes de maïs en épis.

Figure 1. Répartition spatiale des greniers traditionnels au Bénin.

Les paysans apprécient ce paramètre par le diamètre du grenier mesuré en «pieds». Un grenier à grande capacité (plus de 12 pieds), comme c'est le cas chez les gros producteurs au sud, n'est absolument pas adapté aux conditions humides de cette région à forte hygrométrie.

Performances

Le rôle joué par les structures en matériaux végétaux varie d'une région à l'autre.

Au nord, dans certaines zones, ces greniers jouent un rôle dans le séchage et/ou dans le stockage provisoire; l'objectif des paysans étant de ramener 4 à 5 mois plus tard, c'est-à-dire lorsqu'ils seront déchargés des travaux champêtres, la production à la maison pour un stockage définitif dans des greniers en terre. Une étude faite à Glazoué par le laboratoire de défense des cultures en 1989 a montré qu'entre 65 et 96 % des paysans possèdent à la fois des structures en matériaux végétaux («Ago» ou «Zingo») et des greniers en terre («Kozoun»).

Au sud par contre, le rôle dévolu aux greniers en matériaux végétaux, seules structures dont disposent les paysans de cette région du Bénin, est celui de stockage, le maïs étant laissé sur pied au champ pour être bien séché avant la récolte.

Les structures traditionnelles en matériaux végétaux, aussi bien au nord qu'au sud, n'offrent pas une grande protection contre les parasites (insectes et autres rongeurs). Au sud où la pression parasitaire est forte, les pratiques postrécolte, qui ne font pas grand cas des autres maillons du système de stockage que sont la récolte en temps opportun, la préparation des produits avant le stockage et la protection phytosanitaire du stock, conjuguées avec l'inadaptation des greniers, font que les taux de perte enregistrés sur une campagne sont très élevés. Ces taux sont estimés en moyenne à 10-15 % pour le maïs de la deuxième saison et à plus de 25-30 % pour le maïs de la première saison, plus difficile à conserver du fait de sa trop forte teneur en eau (généralement supérieure à 20 %) au moment de la récolte.

Les greniers en terre ou silos traditionnels

Caractéristiques

Ce sont des structures faites en terre battue, consolidées le plus souvent par de la paille hachée. La paille a cependant l'inconvénient de rendre les greniers vulnérables vis-à-vis des termites, ce qui constitue une hypothèque sur la durée de vie de ces structures. La taille, la forme et la capacité de ces types de grenier sont très variables. Dans le Zou, l'intérieur de ces greniers n'est pas compartimenté; par contre, au nord du Bénin, il est le plus souvent cloisonné en trois ou quatre compartiments. Si cette disposition permet aux paysans de stocker plusieurs produits à la fois dans le même grenier, elle a l'inconvénient majeur de faciliter la migration des parasites d'un produit à l'autre.

Le support de ces structures en terre est fait en bois ou en terre. Dans ce dernier cas, certaines ethnies l'utilisent comme poulailler.

Le toit est généralement en paille. Dans certaines régions, la structure ne possède pas de toit, le trou de chargement à la partie supérieure n'étant fermé que par un couvercle.

Les greniers en terre ne possèdent généralement pas de vanne de vidange. Seul le trou aménagé à la partie supérieure et pouvant laisser passer un homme joue les rôles de chargement et de déchargement. Ces opérations, qui nécessitent de fréquentes descentes des paysans dans les greniers, favorisent la cassure de ces derniers.

En raison de leur capacité variable maïs généralement faible, (à peine 300 à 500 kg de maïs grain dans le Zou-nord et 1 à 2 tonnes dans l'Atacora et le Borgou), les gros producteurs sont obligés d'en installer plusieurs, ce qui constitue une contrainte majeure si l'on considère qu'il faut 2 à 4 semaines pour confectionner un grenier.

Performances

Dans leur conception, les greniers en terre ne peuvent jouer un rôle de séchage. Dès lors, le manque d'aération et les risques de condensation à l'intérieur de l'enceinte, par suite des variations de température et d'humidité, peuvent entraîner la pourriture des grains si ces derniers ne sont pas suffisamment secs avant le stockage. Au nord, où les conditions écologiques et climatiques sont plus clémentes pour le stockage (faible hygrométrie et pression parasitaire moins importante) et où il est noté une certaine préparation du produit avant le stockage (déspathage et tri des épis attaqués), les pertes enregistrées dans les structures de stockage sont relativement moins élevées qu'au sud. Elles sont estimées en moyenne à 10 % dans les cas sévères au cours d'une campagne agricole.

Figure 2. Grenier en matériaux végétaux (bambou tressé) proposé pour le sud du Bénin.

Les expériences d'amélioration

Ces expériences ont porté sur les silos en ciment de type Dichter couplés avec les séchoirs Brooks et sur les cribs et les greniers améliorés.

Les silos Ditcher et les séchoirs Brooks

Caractéristiques

Le silo Ditcher est un ouvrage en ciment de forme circulaire, construit avec des parpaings spéciaux, ceinturé par plusieurs rangées de fil de fer qui renforcent sa solidité. Il comporte deux dalles, supérieure et inférieure, d'environ 10 cm d'épaisseur et repose sur un socle en briques, de 20 à 30 cm de hauteur, qui lui sert de support.

Deux ouvertures sont aménagées, une première d'environ 0,60 m de diamètre sur la dalle supérieure pour le remplissage du silo et une deuxième vers le bas du silo pour la vidange. La capacité des silos vulgarisés varie entre 2 et 4 tonnes de maïs grains. Les grains avant le stockage doivent être secs et le stock constitué doit être traité avec du phosphore d'hydrogène (PH3). La durée de stockage est d'environ 6 mois (figure 4).

Le séchoir Brooks est un dispositif prévu uniquement pour le sud du Bénin où les conditions hygrométriques ne favorisent pas un bon stockage dans les silos en ciment.

Il est composé:

Le foyer est alimenté par du bois de chauffage ou par des rafles de maïs. Les grains de maïs à sécher sont étalés sur le grillage et reçoivent ainsi par convection la chaleur qui vient de la chambre de chauffage (figure 5).

Performances

L'introduction de ces silos et séchoirs n'a pas eu le succès escompté et force est de constater aujourd'hui qu'il n'y a eu aucun impact dans le milieu rural. Bon nombre de ces structures mises en place dans tout le pays n'ont jamais été utilisées. Seuls les silos sont encore en place, quelques-uns utilisables, mais tous abandonnés. Il n'est pas rare de voir des silos jamais utilisés à côté de greniers traditionnels qui, malgré les défaillances qui leur sont reconnues, sont restés les seules structures utiles pour les paysans.

L'échec de ces structures est dû à des faiblesses ou contraintes dont les principales sont les suivantes:

A toutes ces contraintes techniques s'ajoute sur le plan socio-économique le coût d'installation jugé prohibitif par les paysans.

Le crib et le «grenier amélioré»

Caractéristiques

Le sud du Bénin, surtout le département de l'Atlantique, a été la zone la plus touchée par les actions de vulgarisation de cette structure.

Le crib est une structure aérée dont l'ossature est essentiellement en bois. La paroi est en grillage et le toit couvert de tôle. Sa variante, communément appelée «grenier amélioré», a une constitution analogue à celle du crib, à la différence que les matériaux entrant dans sa construction sont locaux (gros bois, branches d'arbres, paille, corde, etc.).

L'épaisseur et la hauteur sont des facteurs très importants qui influent sur la stabilité et l'efficacité du crib.

C'est une structure qui autorise une récolte précoce et dont l'utilisation tire pleinement profit de la capacité de séchage de l'air ambiant.

Performances et contraintes

Les objectifs fixés par le programme de promotion du crib n'ont pas été atteints. Dans le seul département de l'Atlantique, plus de 149 cribs et 160 greniers améliorés ont été mis en place de 1967 à 1987. Actuellement, moins de 5 % des structures installées subsistent encore en milieu rural dans quelques groupements précoopératifs, de paysans individuels et de «fonctionnaires-paysans».

Figure 3. Grenier en terre préconisé pour le stockage au nord du Bénin.

Figure 4. Silo de type Ditcher (capacité: 2 tonnes).

Figure 5. Séchoir de type Brooks.

Les actions relatives à la vulgarisation du crib ont été mises en veilleuse depuis 1989 dans les CARDER, à la suite de l'échec enregistré lors de l'exécution du programme. Les causes de cet échec, principalement d'ordre socio-économique, sont les suivantes.

Le coût de construction du crib est considéré comme très élevé par les paysans du fait des matériaux utilisés (grillage, tôle, pointes, etc.).

La nécessité de déspather le maïs avant le stockage est une véritable pierre d'achoppement. C'est une opération fastidieuse, «refusée» par les paysans dans le sud du Bénin où la période de récolte est particulièrement chargée dans le calendrier agricole du paysan.

Il est nécessaire d'assurer une bonne protection du stock par deux ou trois applications d'insecticide jugées financièrement contraignantes. Plusieurs cas de pertes importantes enregistrées dans le stock proviennent du non-respect de cette prescription.

Le crib met la production à découvert, ce qui apparaît comme une indiscrétion manifeste rejetée par plusieurs groupes ethniques, qui préfèrent pour raison de «sécurité»tenir le stock à l'abri des yeux envieux.

Le changement de couleur des épis de maïs aux abords immédiats de la paroi du crib est considéré comme un facteur de dépréciation marchande du produit.

Les perspectives d'amélioration

Dans le domaine de l'après-récolte, les perspectives consisteront en une prise en compte, d'une part, des techniques et pratiques de stockage proprement dites, d'autre part, de certaines actions dites d'accompagnement, sans lesquelles les améliorations et les innovations techniques seront sans grande portée.

Les techniques et pratiques améliorées de postrécolte

Les améliorations des techniques de stockage villageois au Bénin sont prises en compte par le projet «Systèmes de stockage décentralisés», initié par le Gouvernement et mis en oeuvre par la FAO avec la contribution financière du Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD).

Ce projet, qui a pour objectif principal la promotion du stockage des produits vivriers sous le contrôle et la gestion des producteurs et petits commerçants, a permis de concevoir et de choisir des structures (figures 4 et 5) et des techniques améliorées de stockage-conservation dans 3 zones pilotes. La démarche adoptée a été de partir de l'existant pour l'améliorer et ce, en tenant compte d'une part des faiblesses décelées dans les structures et les techniques existantes, et d'autre part, des souhaits d'amélioration exprimés par les paysans.

Les résultats obtenus

Les résultats suivants, encore embryonnaires certes, ont été obtenus.

Dans les zones à deux saisons de pluie, caractérisées par un fort taux d'humidité préjudiciable à un bon stockage:

un bon séchage des épis de maïs en stock, faisant passer la teneur en eau des grains de plus de 20 % à la récolte à 14 % après trois mois de stockage et 12,5 % après six mois de stockage (le taux d'équilibre pour un bon stockage est de 13-14 %);

Dans les zones à une seule saison de pluie et à hygrométrie plus faible:

Les résultats jusqu'à présent obtenus par le projet «Systèmes de stockage décentralisés», bien que positifs, ne constituent que des ébauches de solutions au problème du système de stockage amélioré. Il convient d'une part de confirmer ces acquis et de vérifier leur fiabilité, et d'autre part d'étendre les expérimentations à d'autres régions, en particulier aux régions à caractéristiques socio-économiques et agroclimatiques spécifiques que sont les zones à risques d'insécurité alimentaire, constituées par les terres noires de Tchi, les zones fluvio-lacustres et le cordon littoral, et enfin de constituer un référentiel technique.

Confirmer et affiner les résultats

Il s'agira premièrement de vérifier certains paramètres techniques essentiels tels que: résistance et durabilité des structures de stockage, efficacité de ces structures en cas de conservation de longue durée (stock de plusieurs campagnes) en termes de réduction du taux de perte et de maintien de la qualité des produits. Il faudra ensuite apprécier, sur plusieurs campagnes, également, l'incidence économique (coûts récurrents et gains induits) de l'utilisation de ces structures et techniques améliorées retenues par le projet.

Etendre les expérimentations à d'autres zones

Les caractéristiques spécifiques des zones identifiées comme zones à risques, telles les zones fluviolacustres, exigent des approches toutes particulières qui seront basées sur expérim entation pilotes.
Constituer un référentiel technique

Ce référentiel sera vulgarisable à partir des acquis, sous forme de paquets techniques et économiques susceptibles d'être exploités par tous les utilisateurs potentiels (encadreurs, paysans et commerçants alphabétisés).

Les actions d'accompagnement

Toutes ces actions dans le cadre de l'amélioration des techniques postrécolte ne peuvent avoir un impact positif et significatif que si elles vont de pair avec les actions d'accompagnement suivantes.

Mise en place d'un fonds spécial pour le financement des activités agricoles

L'adoption des innovations techniques pour améliorer le stockage suppose un investissement (même modeste) pour lequel le paysan, dans bien des cas, sollicite un crédit. Les Caisses régionales de crédit agricole mutuel (CRCAM) et les Caisses locales de crédit agricole mutuel (CLCAM) sont perçues comme étant plus des structures de collecte de l'épargne que des structures de crédit. L'absence d'une structure de crédit spécifiquement dévolue au financement des activités agricoles constitue un frein à l'utilisation des innovations techniques.

Promotion de la commercialisation

Cette promotion pourra se faire par la mise en place des deux programmes suivants:

Promotion et développement de la transformation artisanale des produits vivriers

Cette activité de transformation devra prendre en compte les conditions socio-économiques et culturelles des populations des zones rurales. Les petites unités artisanales de transformation seront en œuvre des technologies appropriées peu complexes et d'un coût relativement bas. La transformation pourra ainsi constituer une approche efficace pour l'amélioration des disponibilités en produits alimentaires.

Conclusion

Le «système» de stockage est essentiellement centré sur l'«élément» structure de stockage, qui varie d'une région à une autre en fonction des exigences agroclimatiques et des facteurs ethnologiques.

Les structures traditionnelles observées en milieu paysan au Bénin sont précaires, inadaptées et peu performantes. Les taux de pertes estimés restent très élevés.

Des expériences d'amélioration, basées sur l'utilisation des silos couplés avec des séchoirs et des cribs ou greniers améliorés, n'ont pas donné les résultats escomptés. Les contraintes techniques et le coût élevé de ces structures ont été de sérieux blocages à leur utilisation.

Les expériences nouvelles conduites dans le cadre du projet «Systèmes de stockage décentralisés» ont permis de concevoir et de choisir des structures et des techniques améliorées de stockage et de conservation qui répondent mieux aux conditions socio-économiques des utilisateurs. Les acquis obtenus doivent être consolidés et étendus à toutes les zones agro-climatiques du pays.

Les perspectives d'amélioration du système postrécolte, si elles mettent l'accent sur les techniques et les pratiques de stockage proprement dites, doivent également prendre en compte certaines actions d'accompagnement pour soutenir l'adoption et l'utilisation des innovations techniques.

Ces actions d'accompagnement ont trait essentiellement au financement des activités agricoles, à la promotion de la commercialisation et au développement de la transformation artisanale des produits vivriers.


Table des matières - Précédente - Suivante