Plateforme des connaissances sur l'agroécologie

L'autonomie par le biais de l'agroécologie: Les exigences des agricultrices face aux systèmes alimentaires durables

Les agricultrices, en particulier les paysannes et les agriculteurs familiaux, jouent un rôle essentiel dans la restauration des systèmes alimentaires. Près de 60 % des denrées alimentaires dans le monde sont produites par des petits exploitants occupant 30 % de la surface agricole mondiale. Selon les pays et les régions, 50 à 80% de cette nourriture est produite par des femmes.

SWISSAID et ses partenaires ont lancé une enquête qualitative sur les facteurs justifiant la transition (ou non) des paysannes vers des systèmes alimentaires durables. Sur la base d'entretiens approfondis avec six paysannes autour des thèmes de l'alimentation saine, de la production agricole durable et des revenus liés aux principes des systèmes alimentaires durables.

À partir des témoignages d'Aïssa, Amina, Rut, Chathurika, Anne et Kathrin, les résultats peuvent être résumés comme suit :

1. Les femmes cherchent avant tout à renforcer leur indépendance et leur autonomie :

- Les femmes sont soumises à une négociation constante de leur espace de droits et de liberté au sein des ménages et des communautés. Le fait d'être reconnues comme titulaires de droits par les hommes de leur famille constitue un élément clé pour justifier leur activité agricole et leur permettre de bénéficier de leurs propres revenus.

- Les femmes recherchent l'autonomie dans le cadre de leur activité agricole en choisissant des pratiques agroécologique et en adoptant une approche systémique et agroécologique des systèmes alimentaires. Elles substituent les intrants synthétiques commerciaux par leurs propres intrants organiques, sélectionnent et propagent leurs propres semences, maintiennent la fertilité du sol avec du compost, du paillage et du fumier. Elles expérimentent et enseignent leurs connaissances à leurs congénères.

- Les femmes cherchent à assurer leur indépendance en tant qu'entrepreneurs : elles préfèrent coopérer avec des voisins dignes de confiance afin de renforcer leurs connaissances au sein de leur propre communauté, plutôt que de bénéficier des services et des technologies coûteuses des entreprises privées externes, qu'elles ne peuvent pas maîtriser ni reproduire. 

2. Toutes ces femmes ont volontairement choisi de devenir agricultrices. Leur motivation réside dans leur intérêt à fournir une alimentation saine à leur communauté. Elles contribuent de manière substantielle à la réalisation en toute autonomie du droit à l'alimentation dans leurs localités respectives.

3. Les six femmes dépendent de marchés qui rémunèrent leurs produits à un prix adéquat. Cette condition est essentielle car l'agroécologie a un coût en termes d'intensité de travail. Pour obtenir de meilleurs prix, les femmes établissent des contacts directs avec leurs consommateurs. Ces chaînes de valeur courtes leur permettent de rester indépendantes de la volatilité des prix sur les marchés internationaux des matières premières et des intrants, ainsi que des chaînes de valeur nationales et internationales qui ne récompensent pas suffisamment la production agroécologique.

4. L'agroécologie permet en outre à ces agricultrices de produire des aliments tout en prenant soin des ressources naturelles et des services écosystémiques sur lesquels elles sont basées pour garantir le bien-être de leurs communautés. Enfin, les femmes doivent être en mesure de réagir avec souplesse à la variabilité du climat ou à d'autres risques. L'agroécologie leur permet d'atténuer ces risques en travaillant alternativement sur les aliments de base, les viandes, les légumes et les fruits afin d'avoir un approvisionnement à la fois alimentaire et commercial tout au long de l'année.

Dans la perspective du suivi du Sommet des Nations Unies sur le système alimentaire, le rapport recommande que les Nations Unies s'appuient sur un processus au niveau de la principale plateforme internationale et intergouvernementale sur l'agriculture et la sécurité alimentaire, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), en vue de guider, de suivre et d'évaluer la mise en œuvre de systèmes alimentaires durables fondés sur les droits de l'homme et le potentiel émancipation de l'agroécologie. Un tel processus devrait être mené en collaboration avec le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation. Il devrait s'appuyer sur le mécanisme de suivi de la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP pour son acronyme en anglais) et de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP pour son acronyme en anglais)).

Les États membres doivent donner plus d'espace aux agriculteurs en intensifiant la recherche agroécologique et la diffusion des connaissances agroécologique, en soutenant les chaînes de valeur courtes ou la commercialisation directe avec des marges bénéficiaires équitables pour les agriculteurs, en protégeant certains produits et chaînes de valeur qui sont essentiels pour les marchés locaux.

:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
Année: 2021
:
Pays: Guatemala, Niger, Sri Lanka, Switzerland, United Republic of Tanzania
Couverture géographique: Afrique, Asie et le Pacifique, Europe et l'Asie centrale, Amérique latine et les Caraïbes
Langue: English
Author: Sonja Tschirren, Climate and Ecological Farming, SWISSAID , Aïssa Issaka, Anne Chenevard, Chathurika Sewwandi, Kathrin Lenz Raymann, Ralf Grötker, Rut Mendoza Quiacain, Stephan Rist, Amina Ally Makame with Upendo Victus
Type: Rapport
:

Partagez