En 1981, Enda Tiers Monde, une ONG basée à Dakar, au Sénégal, a lancé une étude sur les risques des pesticides pour la santé humaine et environnementale dans la région. Le groupe a observé que les techniques de production agricole au Sénégal reposaient sur des pesticides et des engrais de synthèse et avaient largement contribué à la dégradation de l'agriculture paysanne africaine et de l'environnement. En réponse, ils ont créé ENDA Pronat, un groupe qui aide les agriculteurs de la région à apprendre des pratiques agroécologiques et à acquérir l'autonomie sur leurs propres terres.

Dans les années 1980, le groupe a travaillé avec des scientifiques pour se concentrer sur la sensibilisation aux conséquences destructrices des pesticides sur l'environnement et a encouragé des méthodes alternatives de culture des aliments.

En remplaçant les engrais chimiques et les pesticides, ils utilisaient du compost, du margousier et d'autres solutions naturelles et ils ont adopté les éléments de l'agroécologie pour transformer la façon dont les aliments étaient cultivés dans leur communauté.

L'agroécologie est une science, une pratique et un mouvement social qui applique des concepts écologiques à l'agriculture et aux systèmes alimentaires et qui associe des pratiques et des systèmes de connaissances traditionnels et indigènes à des sciences transdisciplinaires. Il s'agit d'une réponse directe et d'un contrepoint au système alimentaire industriel dominant, qui est l'un des principaux facteurs de stress pour la santé de la planète, contribuant à près d'un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre et l'un des principaux facteurs de perte de biodiversité et d'extinction des espèces.

En tant que communauté mondiale soucieuse de l'avenir de l'alimentation et de la planète, il est temps de s'engager dans la "défense des preuves". Cela implique de faire pression sur les communautés de collègues, les bailleurs de fonds, les chercheurs et les universitaires pour qu'ils élargissent le champ de ce qui "compte" lorsqu'il s'agit de données probantes pour la transformation des systèmes alimentaires.

Si l'on ne considère comme crédibles que les analyses menées par des scientifiques dans des laboratoires universitaires et d'entreprises, et la littérature évaluée par les pairs par ces mêmes scientifiques, on rate l'occasion d'apprendre de l'expérience vécue, des récits et des histoires culturelles.

C'est ce qui est si instructif dans l'expérience d'ENDA Pronat, ainsi que dans celles des groupes qui pratiquent et étudient l'agroécologie aux États-Unis, notamment la Fondation Ecdysis, Mad Agriculture, Funders for Regenerative Agriculture, et l'Agroecology and Livelihoods Collaborative de l'Université du Vermont. Ces groupes utilisent une approche qui met délibérément en relation les agriculteurs et les chercheurs afin de garantir la pertinence de la recherche pour ceux qui sont sur le terrain.

En outre, cette approche signifie que les organisations d'agriculteurs, les organisations de la société civile et les chercheurs sont en mesure de mobiliser les preuves de manière convaincante pour toute une série de décideurs, y compris les agriculteurs et les législateurs.