FAO au Burundi

La cochenille farineuse du manguier maitrisée au Burundi

Inspection des manguiers à Busoni dans la province de Kirundo
31/05/2024

La cochenille farineuse du manguier ne cause plus de problèmes ni au manguier, ni aux autres plantes qui constituaient, il y a 2 ans, sa proie surtout dans les localités où l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FAO a accompagné le Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage (MINEAGRIE), pour introduire des parasitoïdes ennemis naturels de ce ravageur.

De mars à décembre 2022, la FAO, en collaboration avec le gouvernement du Burundi à travers le MINEAGRIE a effectué 5 lâchers des parasitoïdes dans les communes Giteranyi de la province Muyinga, Busoni, Bugabira et Kirundo dans la province de Kirundo et Ntahangwa dans la capitale économique Bujumbura où l’infestation des cultures était plus marquée qu’ailleurs dans le pays.

Aux dites localités, la production des mangues avait sensiblement chutée. Les producteurs se plaignaient qu’ils n’arrivaient plus à trouver ne fut ce que quelques fruits pour nourrir leurs enfants, ce qui a alerté les autorités en charge de l’agriculture et la FAO et les a poussés à prendre action.

En effet, les résultats des lâchers des ennemis naturels de la cochenille farineuse du manguier sont spectaculaires. Des témoignages tous azimuts fusent de partout pour confirmer le changement et le reprise de la production.

« Je suis très contente de ce que la FAO a fait. Après les lâchers, nous avons eu une bonne récolte car les ravageurs de couleur blanche avaient disparu », témoigne Gloriose Nshimirimana, productrice de la colline Kobero en province Muyinga.

Ngendakumana Céléstin, Chef de zone Masaka en commune Giteranyi de la province Muyinga à l’extrême partie du nord du pays n’est pas moins content. « Nous remercions vivement les autorités en charge de l’agriculture qui ont sollicité l’appui de la FAO pour nous débarrasser de la cochenille farineuse du manguier car nos plantations étaient sévèrement attaquées. Après les lâchers des parasitoïdes, la situation s’est nettement améliorée » indique-t -il.

A Kirundo, les résultats des lâchers sont similaires à ceux de Muyinga au point que la Direction du Bureau Provincial de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage (BPEAE) en est émerveillée.  « Aux endroits où on a effectué des lâchers, on trouve aucune trace de la cochenille farineuse du manguier. A Busoni, les producteurs affirment qu’ils ont eu une bonne production », se réjouit Léonidas Rivuzimana, BPEAE Kirundo.

Ce responsable en charge de l’agriculture à Kirundo précise : « dans une mission de suivi-évaluation sur terrain, nous avons constaté que les parasitoïdes se sont déjà déployés jusqu’à un rayon de 5 à 6 km à partir des points des lâchers et il n’y a plus de trace du ravageur », renseigne-t-il.

Les manguiers autant que d’autres cultures des alentours telles que les plantations de manioc, les orangers, les bananiers etc., qui étaient menacées par le ravageur avant les lâchers des agents bénéfiques de lutte biologique, sont maintenant saines. Sur leurs feuilles de la plupart de ces cultures, il n’y a plus de cochenilles farineuses. C’est à peine qu’on trouve, sur quelques cultures, des momies du ravageur, un signe que les parasitoïdes sont toujours présents et font très bien leur travail.

L’efficacité de cette lutte biologique repose sur l’utilisation de 2 espèces de parasitoïdes en l’occurrence le Gyranusoidea tebygi et Anagyrus mangicola qui sont complémentaires. Selon Mr Sosa Orlando, chargé de l'agriculture au Bureau Sous Régional de la FAO pour l’Afrique de l’Est (SFE), les ennemis naturels de la cochenille n’éradiquent pas le ravageur, ils le contiennent et le réduisent jusqu’en dessous du seuil de nuisance. « Ce que nous avons fait ici, c’est d’introduire un mécanisme durable de gestion de la cochenille pour des générations futures », indique-t-il. Celui-ci se réjouit des résultats atteint.

D’après Dr Georg Goergen, Expert de l’International Institute of Tropical Agriculture (IITA) – institution basée au Bénin - qui a fourni les parasitoïdes, le temps est un facteur important. « Il faut laisser le temps aux ennemis naturels pour agir. Une fois que le système est instauré, il se maintient à perpétuité.  On n’aura plus besoin d’autres interventions ultérieures à moins qu’on fasse usage outrageux des pesticides » prévient-il.  

En effet, comme c’est prouvé dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, les résultats de la lutte biologique deviennent importants en fonction de la durée écoulée après les lâchers. Les parasitoïdes se rependent dans des localités où le ravageur est présent car ils suivent son mouvement.

Nécessité de continuer les lâchers

La FAO a financé un élevage des ennemis naturels de la cochenille farineuse du manguier au sein de l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU).

Selon Evariste Nkubaye, Expert dans la lutte biologique qui a contribué dans les premiers moments de l’élevage des parasitoïdes, l’objectif est de multiplier assez d’ennemis pour effectuer des lâchers aux sites qui sont encore sous attaque mais qui n’ont pas encore bénéficié des lâchers.

M. NKubaye estime qu’il y a un besoin de fonds pour la cartographie des zones encore infectées par la cochenille et pour améliorer l’unité d’élevage des parasitoïdes afin de répondre en temps réel aux besoins du pays.

Très ravi des résultats obtenus, le Directeur Général de l’ISABU Dr. Alfred NIYOKWISHIMIRA, estime que malgré la réussite du programme, il y a toujours un besoin des efforts supplémentaires pour les manguiers des zones non couverte par le programme et aussi pour d’autres arbres fruitiers car dit-il, beaucoup sont infestés par les ravageurs.