Comprendre l’agriculture familiale
Diagnostic des systèmes de production
Le développement de services de qualité, au bénéfice des agricultures familiales des pays du Sud, revêt un enjeu économique et social considérable. Tout d’abord, parce que l’agriculture familiale rassemble une grande partie de l’humanité. En effet, au sein de la population rurale mondiale, qui représente encore 41 % de la population de la planète, 43 % des actifs travaillent dans l’agriculture, soit environ 1,4 milliard de personnes, et 96 % résident dans les pays du Sud. Dans l’immense majorité des exploitations agricoles, ce sont les membres de la famille qui constituent la force de travail. Ensuite, parce que l’agriculture familiale concentre la majorité des pauvres de la planète. Un milliard d’entre eux ne disposent que d’un outillage manuel pour produire, et plus de 700 millions d’agriculteurs sont sous-nutris. Il est maintenant admis que le désengagement des États prôné dans les années 1990 a largement contribué à cet appauvrissement croissant des campagnes. Dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement, les mesures de soutien aux politiques de lutte contre la pauvreté menées depuis 2000 dans de nombreux pays ont amené les États et leurs partenaires à se pencher à nouveau sur l’agriculture familiale. Mais c’est en tant que pauvres, et non en tant qu’acteurs de la sphère productive, que les agriculteurs ont longtemps été considérés. D’autant plus que pour beaucoup de responsables politiques, seules les exploitations à haut niveau capitalistique, basées sur le salariat, sont susceptibles d’impulser le développement agricole d’un pays. Pourtant, l’agriculture familiale rend de nombreux services à la société : production alimentaire, création d’emplois en milieu rural, équilibre des territoires. Dans des contextes d’échanges et de production de plus en plus défavorables – témoin les crises alimentaires que traversent de nombreux pays –, elle démontre sa flexibilité et ses capacités d’adaptation ; sa part dans les échanges marchands et dans l’approvisionnement des marchés nationaux augmente. Ce constat, initialement portépar les organisations professionnelles agricoles, est désormais repris par des bailleurs de fonds tels que la Banque mondiale et par les gouvernements qui, à nouveau, voient dans le secteur agricole familial un des principaux leviers de développement économique et social des pays les plus pauvres.