Les performances des petites exploitations irriguées de la basse vallée de la Medjerda en Tunisie
Malgré les efforts de la recherche et les multiples interventions des États, la productivité des ressources en eau, terre et capital, reste souvent limitée, notamment en Tunisie. Cette étude présente un cadre d’analyse des performances des exploitations agricoles irriguées. Elle vise à étudier le niveau et les déterminants effectifs de ces performances. Des informations technico-économiques ont été collectées à travers des enquêtes détaillées. Elles ont servi à calculer l’efficience technique (ET) et l’efficience d’utilisation de l’eau d’irrigation (EUEI) par une analyse par enveloppement des données (DEA). Ces efficiences ont été soumises à une analyse statistique pour les mettre en relation avec des variables de terrain. Les résultats montrent que l’ET est satisfaisante : 0, 84 en moyenne. Par contre, l’EUEI est plus faible : 0, 61 en moyenne. Il existe donc un potentiel important d’amélioration de la valorisation de l’eau. L’approche a permis de dégager les facteurs influant le plus sur ces efficiences ; ce sont d’abord la facilité d’accès à l’eau, puis la possibilité d’accès aux crédits. Ces deux facteurs peuvent constituer des leviers d’amélioration des ET et des EUEI. Ni les techniques d’irrigation utilisées, ni les cultures pratiquées, ni le mode de distribution de l’eau, n’influencent les différences des efficiences calculées. La pratique de l’élevage joue de façon significative sur les différences des EUEI, ce qui montre que l’eau est mieux valorisée que les fourrages et l’élevage. Les projets de modernisation, qui visent la conversion des réseaux de distribution gravitaires en réseaux sous pression, devraient tenir compte de ces résultats : à elle seule, la conversion ne suffit pas à améliorer l’efficience. Des scénarios d’amélioration n’exigeant pas d’importants investissements pourraient donc être plus intéressants que ces conversions qui impliquent d’énormes financements.