Questions clés
Les forêts contribuent à la sécurité alimentaire et à la nutrition non seulement des 2,5 milliards de personnes vivant dans les communautés tributaires des forêts, mais aussi de celles qui vivent dans les centres urbains. Les forêts naturelles sont essentielles pour la survie des habitants des forêts, y compris les nombreux peuples autochtones, et elles permettent de fournir de l'eau potable aux terres agricoles en protégeant les bassins versants. Les exploitants agricoles renforcent la sécurité alimentaire en maintenant des arbres sur les terres agricoles, en favorisant la régénération naturelle et en plantant des arbres ou d'autres plantes forestières. Pendant la majeure partie de l'année, les éleveurs des terres arides et semi-arides dépendent des arbres comme source de fourrage pour leur bétail.
Les forêts, les arbres et les systèmes agroforestiers contribuent de multiples façons à la sécurité alimentaire et à la nutrition, mais ces contributions sont largement sous-évaluées dans les stratégies de sécurité alimentaire et de développement national. En raison de la faible coordination entre les secteurs, les forêts sont sont souvent exclues des politiques publiques relatives à la sécurité alimentaire et à la nutrition.
Objectifs de développement durable (ODD) connexes
Le droit à l'alimentation s’impose progressivement comme une priorité dans l’agenda international, mais lorsqu'il s'agit d'assurer ce droit humain, il faut encore comprendre ce que signifie «droit à l'alimentation» et comment il peut être mis en œuvre dans la pratique, notamment pour la conception de politiques publiques et des programmes.
Dans le cas des ressources forestières, par exemple, le rôle fondamental des produits forestiers non ligneux (PFNL) pour les populations tributaires des forêts est souvent sous-estimé, et des politiques publiques inappropriées associées à des obstacles institutionnels empêchent d'augmenter la contribution des PFNL aux économies nationales ainsi qu'à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages.
Reconnaître et garantir les droits fonciers des populations dépendantes des forêts, y compris les peuples autochtones, et assurer un accès équitable aux ressources est fondamental pour protéger les moyens de subsistance de ces communautés. Les Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale sont un instrument clé à l'appui de la réalisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale.
Les aliments issus des forêts et des arbres hors forêt – comme les feuilles, les graines, les noix, le miel, les fruits, les champignons, les insectes et les animaux sauvages – sont des éléments importants de l'alimentation rurale depuis des milliers d'années. De nombreux aliments forestiers et arboricoles ont une valeur nutritionnelle très élevée. Les aliments forestiers d'origine animale sont riches en fer, zinc et vitamine B12, ainsi qu'en protéines et matières grasses; et les légumes à feuille, les fruits et les noix des forêts sont importants pour l'apport en vitamine A, fer, folate, niacine et calcium.
Le potentiel des aliments forestiers en tant qu'éléments d'une alimentation durable est encore largement inexploité. Les principales contraintes pour libérer ce potentiel sont, entre autres, les lacunes dans les connaissances, les problèmes liés à la propriété foncière et à l'accès, et les aspects de la durabilité de leur prélèvement, entre autres
Une meilleure intégration des connaissances sur les aliments forestiers et arboricoles nutritifs dans les stratégies et les programmes nationaux de nutrition, ainsi que la mise en place de plateformes politiques intersectorielles réunissant nutrition, sécurité alimentaire, environnement, agriculture, santé, développement, conservation et planification de l'utilisation des terres permettraient de développer ce potentiel.
Les femmes et les hommes sont souvent assignés à des tâches et des responsabilités différentes dans la production et la fourniture de nourriture. De nombreuses femmes jouent un rôle clé dans la collecte des aliments ou du bois combustible des forêts et des arbres – et ont de vastes connaissances à ce sujet – tandis que les hommes ont rarement la responsabilité de collecter et d'utiliser les ressources naturelles pour les besoins du foyer.
Les femmes sont confrontées à des obstacles liés au genre, notamment l'accès à la terre, au crédit, à la technologie, aux possibilités d'emploi et aux marchés pour les produits forestiers. Des facteurs culturels, socio-économiques et institutionnels ont contribué à la disparité des genres quant aux possibilités qu'offre le secteur forestier. Ces inégalités sont renforcées par les attentes sociales du rôle des femmes, dutemps consacré aux responsabilités familiales et à la garde des enfants, ainsi que par les disparités en matière d'alphabétisation, d'éducation, de capacités physiques, de compétences techniques et d'accès à la formation ou aux services de vulgarisation.
L’autonomisation des femmes dans le secteur forestier peut créer des opportunités importantes de développement pour elles, et générer des avantages induits pour leurs ménages et leurs communautés.
Les services écosystémiques fournis par les forêts et les arbres hors forêt étayent souvent la production agricole et sont essentiels au bien-être des communautés rurales et urbaines.
Les forêts et les arbres hors forêt protègent les ressources en eau et en sols, contribuent au développement des sols, y compris la fertilité, régulent le climat, fournissent un habitat aux pollinisateurs sauvages et aux prédateurs des ravageurs agricoles. Ces écosystèmes constituent des filets de sécurité en cas de chocs et renforcent la résilience des ménages par rapport à l'insécurité alimentaire. La dégradation de l'environnement limite la capacité des terres et des ressources à sous-tendre la sécurité alimentaire.
Une approche paysagère dans la gestion des ressources naturelles contribuerait à la réalisation d'une résilience alimentaire à long terme. L'agroforesterie, qui consiste à intégrer les arbres à la culture des plantes annuelles, la production animale et autres activités agricoles, est un élément clé de cette approche.
La première conférence mondiale sur les forêts pour la sécurité alimentaire et la nutrition a reconnu que la sécurité alimentaire est fondée sur la diversité – en ce qui concerne les biotes, les paysages, les cultures, les régimes alimentaires, les unités de production et de gestion – et que les forêts et les arbres sont essentiels à la préservation de cette diversité et devraient être mieux intégrés dans les stratégies de sécurité alimentaire et de nutrition.
Des politiques publiques pertinentes sont nécessaires pour:
- Assurer la sécurité des droits sur les terres et les forêts ainsi qu'un accès équitable aux ressources en appliquant les principes établis dans les Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicable aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale.
- Élaborer des mécanismes de coordination entre les secteurs de l'agriculture, des forêts, de l'élevage, des pêches, de l'énergie, de l'exploitation minière et autres secteurs pertinents pour assurer une cohérence accrue des interventions liées à la sécurité alimentaire et à la nutrition, et une meilleure harmonisation des politiques publiques.
- Promouvoir des politiques publiques qui améliorent l'accès des petits exploitants au crédit, à la technologie, aux services de vulgarisation et à l'assurance, ainsi qu'aux marchés, pour leurs produits forestiers ou arboricoles et les services écosystémiques.
- Atteindre l'égalité des genre dans la formulation, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques publiques de sécurité alimentaire, de nutrition et de réduction de la pauvreté, ainsi que des stratégies d’investissement.