General Fisheries Commission for the Mediterranean - GFCM

Golfe du Lion: adoption de nouvelles mesures destinées à protéger les stocks de poissons et les habitats précieux de la Méditerrané

EN l ES

Rome/Malaga, le 23 juin 2022 – La France et l'Espagne commencent à mettre en place des mesures plus strictes dans le golfe du Lion afin de protéger les stocks de poissons et les habitats, dont la valeur est inestimable, dans le cadre des efforts de conservation soutenus par la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

À compter de cette semaine, sur une zone de 45 kilomètres carrés située dans le golfe du Lion, la pêche d’espèces démersales (c’est-à-dire de poissons vivant et se nourrissant sur le fond de la mer ou à proximité), si elle est pratiquée de telle sorte qu’elle puisse mettre en péril leur durabilité, sera interdite. Concrètement, cela signifie que la pêche récréative ou professionnelle, pratiquée au moyen de filets remorqués, de filets de fond, de palangres de fond ou encore de palangres intermédiaires, n’est plus autorisée. Dans une zone environnante de 2 017 kilomètres carrés, il sera interdit de pêcher entre novembre et avril, tandis que, pendant le reste de l’année, les efforts de pêche ne pourront pas dépasser les niveaux (nombre de navires et de jours en mer) établis en 2008.

Ces nouvelles restrictions, qui font suite aux recommandations de la CGPM adoptées en novembre 2021, s’appuient sur des mesures déjà instaurées en 2009, lorsque cette même zone du golfe du Lion avait été déclarée «zone de pêche réglementée». À l’époque, des limites avaient été fixées quant au nombre de navires de pêche opérant dans cette zone, lequel ne devait pas dépasser le niveau autorisé en 2008. La zone offre un abri sûr («refugium») pour les géniteurs d’espèces à haute valeur commerciale qui, selon les évaluations scientifiques, sont actuellement surexploitées. En protégeant ce lieu, de nouvelles générations de poissons pourront voir le jour.

«Ces nouvelles mesures viendront appuyer les efforts que nous déployons pour protéger les lieux de ponte d’espèces de poissons et de crustacés comme le homard, le merlu européen et la baudroie, qui peuplent le golfe du Lion. La France est résolue à faire tout son possible pour renforcer les actions en faveur de la conservation marine», a déclaré Eric Banel, Directeur général des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture.

«À ce jour, grâce au travail de la CGPM, il existe 10 zones de pêche réglementées dans la région de la Méditerranée et de la mer Noire. Ces zones présentent des avantages à la fois pour les pêcheurs et pour l’environnement: la biodiversité marine se reconstitue et les pêcheurs peuvent compter sur des captures de plus en plus abondantes. Nous nous réjouissons de savoir que, grâce à ces nouvelles mesures, la zone de pêche réglementée du golfe du Lion gagnera en productivité», a déclaré Pilar Hernandez, Responsable des pêches à la CGPM, qui coordonne les activités de la CGPM en Méditerranée occidentale.

Ces mesures revêtent une grande importance, puisque le golfe du Lion a récemment été reconnu comme étant une zone prioritaire pour la conservation des ressources et des écosystèmes d’eau profonde de la Méditerranée. S’il compte parmi les zones les plus riches de la Méditerranée et constitue un haut lieu de la biodiversité, il est de plus en plus menacé en raison de pressions anthropiques telles que la pêche, le tourisme et la pollution, pour n’en citer que quelques unes.

Selon le rapport de la CGPM sur La situation des pêches en Méditerranée et en mer Noire 2020, le merlu européen est pêché à un niveau presque quatre fois supérieur à son niveau de durabilité. Certains crustacés, tels que la crevette bleue et rouge et la langoustine, sont exploités à un niveau près de trois fois supérieur à celui qui serait considéré comme biologiquement sûr. Toutefois, grâce à l’adoption de mesures de gestion, comme les restrictions appliquées dans le golfe du Lion, ces espèces montrent des signes de rétablissement. Par exemple, les indices d’exploitation du merlu européen ont diminué de près de 30 pour cent depuis 2018.

Les zones où la pêche est interdite et les zones de pêche réglementées sont le fruit de négociations entre les gouvernements, les décideurs, les pêcheurs et d’autres parties, et leur création est le signe que l’approche écosystémique de la gestion des pêches, encouragée par la CGPM, est de plus en plus acceptée. Actuellement, 1,8 million de kilomètres carrés d’habitats marins – soit environ deux tiers de la superficie de la Méditerranée et de la mer Noire (2,96 millions de kilomètres carrés) – sont protégés dans 10 zones de pêche réglementées établies par la CGPM.

Merlu européen et crevette rose du large. ©GFCM/Pier Paolo Cito