Action contre la désertification

Un grand pas en avant dans la restauration des terres est urgent, et possible

Un projet phare de la FAO élabore un plan de restauration à grande échelle des zones arides


17/06/2019

Rome - 25 millions d'arbres plantés sur 53 000 hectares de terres dégradées mises en restauration, 700 000 personnes atteintes. Voici le bilan des cinq années de re-végétalisation des terres arides dans le Sahel et le Sahara grâce à Action contre la désertification, un programme novateur de restauration de la FAO. Pour les 10 prochaines années, il est prévu de restaurer 1 million d'hectares de terres dégradées par an dans les zones sèches de l’Afrique.

La Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sècheresse rappelle aujourd'hui les graves problèmes que posent la désertification et le changement climatique. Selon un rapport de l'IPBES de 2018, plus de 3 milliards de personnes sont touchées par la dégradation des terres. Le rapport encourage la lutte contre la dégradation des terres comme « une priorité urgente pour protéger la biodiversité et les services écosystémiques vitaux pour toute la vie sur Terre et pour assurer le bien-être humain ».

Le mois de juin marque également le début de la saison des pluies dans les zones arides du Sahel et du Sahara. Les ensemencements et plantations ont commencé dans ces zones que la plupart des gens pensent tellement sèches que rien ne peut y pousser. "La FAO travaille depuis des années pour que les terres arides redeviennent vertes et productives", a déclaré Moctar Sacande, qui est en charge d’Action contre la désertification (ACD). "Nous avons montré que la dégradation des terres n'était pas encore irréversible".

Pendant la saison de plantation de cette année, 15 000 hectares supplémentaires de terres dégradées seront mis en restauration par ACD. C’est avec ces exploits que la FAO soutient l’initiative de la Grande Muraille Verte, programme phare de l’Afrique pour lutter contre la désertification et le changement climatique.

Action contre la désertification est une initiative du Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), financée par l'Union européenne (UE) et des financements additionnels de la Turquie, qui intervient dans 11 pays - Burkina Faso, Érythrée, Éthiopie, Fidji, Gambie, Haïti, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal et Soudan.

En cinq ans, le projet a couvert la restauration de 53 000 hectares de terres agro-sylvo-pastorales dégradées, où 25 millions d'arbres combinés à des espèces de graminées fourragères ont été plantés, bénéficiant ainsi à 700 000 personnes vivant dans des communautés locales à faible revenu.

Déployer la Grande Muraille Verte d'Afrique 

Ce succès remarquable repose sur une approche innovante qui place les populations au cœur de la restauration. D'abord testée au Burkina Faso, au Mali et au Niger, l’approche a été étendue aux autres régions sèches de l'Afrique. A l’heure actuelle, la FAO dispose d’un plan/schéma de restauration à grande échelle des terres arides en Afrique et au-delà.

La FAO est particulièrement bien placée pour jouer un rôle clé dans l'intensification des efforts de restauration, assurant ainsi les impacts de la restauration là où ils comptent le plus, notamment dans les communautés rurales du monde entier ayant des moyens de subsistance reposant sur la santé, la productivité et la résilience des terres et des forêts environnantes.

En collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), la FAO dirigera la Décennie pour la Restauration des écosystèmes (2021-2030), récemment déclarée par les Nations unies. Dans le même temps, la participation de longue date de la FAO à la promotion des meilleures pratiques de restauration dans les zones arides porte ses fruits - et Action contre la désertification est l’un des résultats les plus tangibles.

Moctar Sacande est convaincu qu'un grand pas en avant dans la restauration des zones arides est possible. "Nous sommes désormais expérimentés", explique-t-il rétrospectivement. Sacande explique que l'ambition d'Action contre la désertification pour les années à venir est de restaurer 1 million d'hectares de terres dégradées par an dans 22 pays africains, au profit de 2 millions de ménages ruraux.

Récemment, les opérations ont été étendues à l’Érythrée, à la Mauritanie et au Soudan, avec l’aide financière de la Turquie. D'autres pays ont exprimé leur intérêt à participer, notamment l'Algérie, le Cameroun, le Ghana, le Mali, le Maroc et le Tchad. Dans le même temps, des efforts sont entrepris pour exporter le modèle phare de restauration à grande échelle d’ACD vers l’Afrique australe, notamment dans les terres arides du Kalahari-Namib et les forêts sèches de Miombo et de Mopane.