AgrInvest Food Systems

Témoignages des participants à la formation FAR 2020 (édition en français)

Biographie: Samuel Kabore, Burkina Faso

Samuel Kabore, directeur général de la CODEC-Ouahigouya, diplômé d’un master en Management de l’IAE (Institut d'administration des entreprises) de l’université Jean Moulin 3 (Lyon, France), totalise 12 ans d’expérience dans la microfinance et 3 ans dans le conseil en gestion des producteurs de coton.

Quels sont les défis principaux que vous rencontrez dans l’offre de financement à l'agriculture dans votre pays?
Les défis sont nombreux et il serait vain de vouloir les énumérer tous. On peut toutefois noter que:
• La levée des fonds à moyen et long terme est un défi majeur pour l’offre de financement de l’agriculture au Burkina Faso. En effet, les ressources de la majorité des structures de financement sont souvent constituées de dépôts de leur clientèle, donc de courte durée. Il y a alors des risques, pour une telle structure, à offrir à sa clientèle des produits financiers adaptés à l’achat d’équipements agricoles qui nécessitant des ressources long terme;
• L’expertise technique dans le domaine du financement de l’agriculture a longtemps fait défaut aux structures financières, et parfois même du côté des acteurs du secteur agricole. Cela va de l’incapacité des structures financières à développer des produits adaptés, à la maitrise même du métier de l’agriculture donc de ses facteurs intéressants et à la gestion du risque. À quoi s’ajoutent des insuffisances dans le développement et la promotion de produits d’assurance adaptés et accessibles aux petits exploitants. Le manque d’expertise joue également sur l’information dont dispose la structure financière pour apprécier la rentabilité et le risque inhérents à l’agriculture;
• Les aléas climatiques accroissent la réluctance des acteurs financiers à accompagner l’agriculture. Au Burkina Faso, une tendance à des saisons écourtées est observée dans les régions du nord, du centre nord et du sahel. Au-delà des risques climatiques, l’insécurité dans ces régions notamment, le nord et le sahel du Burkina Faso a entrainé le déplacement de populations et la réduction des terres cultivables. Le nord et le centre nord, zones de production maraîchère, constatent la réticence des structures financières à financer leur culture. Les autres régions commencent à être touchées par le même phénomène;
• Les impayés enregistrés dans le secteur agricole par les structures financières dans le passé, notamment l’ex BNDA au Burkina Faso et les crises successives dans le coton affectent la volonté de financement de l’agriculture au Burkina Faso;
• Bien que plus de 80% de la population burkinabé pratique l’agriculture, elle reste en marge des conditions d’obtention des financements, telles que les garanties matérielles exigées, les charges financières jugées lourdes pour elles, ou la couverture non suffisante des charges engagées par les structures financières pour la mise en place des crédits sollicités.

Est-ce que votre institution finance des petites entreprises agricoles? Quels types de financements accordez-vous? À quel type de clients ?
La CODEC-Ouahigouya finance les petites entreprises agricoles. Il s’agit de crédits de courte durée destinés aux fonds de roulement (carburant, engrais et semences), à l’achat d’équipements tels que motopompes, charrues, animaux, etc. et autres outillages pour la production des produits agricoles et d’élevage.
Nos financements sont destinés à la production des produits de contresaison tels que la pomme de terre et de saison hivernale telle que le maïs, les arachides, le sésame, etc. Les clients financés proviennent essentiellement du monde rural, que ce soient des entreprises structurées ou des exploitants d’agriculture familiale. En outre la CODEC-Ouahigouya a bénéficié en décembre 2020, d’un accord de financement avec l’ONG SOS Faim Luxembourg dans le cadre de son programme Agri+ destiné au renforcement de nos ressources pour l’octroi de crédits au monde rural d’un montant de 100 000 000 de Francs CFA (FCFA). La formation sur la finance agricole reçue avec l’ONG ADA est donc fort bienvenue.

Quel a été l'aspect le plus intéressant, le plus surprenant et le plus utile de la formation FAR?
Ce sont les travaux individuels, notamment les quiz que j’ai trouvés fascinants. Je craignais l’échec comme une punition. Après un quiz, on identifie immédiatement ses zones d’ombre, et on ne peut pas s’empêcher de reprendre la lecture du module concerné. Le désir de donner de bonnes réponses m’a permis de m’accrocher, d’apprendre et de retenir vraiment mes leçons. C’est un point excellent de la formation. Je dis bravo à l’équipe pédagogique!

Les connaissances acquises pendant la formation seront-elles utiles pour votre travail? Comment allez-vous appliquer ces connaissances?
Absolument! Nos remerciements infinis à l’ADA pour cette formation. En lisant l’annonce, j’ai compris que cela constituerait une aide réelle pour opérationnaliser le plan stratégique 2020-2025 de la coopérative, qui cible en priorité l’agriculture, l’élevage, la protection de l’environnement et la gestion des risques. Les connaissances acquises pendant cette première phase de la formation me sont donc utiles dans l’immédiat et le resteront à terme dans la gestion de la coopérative.
Nous appliquons déjà ces connaissances: à l’issue de la formation, j’ai aussitôt débriefé et distribué les modules à mes collaborateurs. Ainsi, la politique d’épargne et de crédit de la coopérative a été réactualisée pour prendre en compte certains apports de la formation, notamment pour la diversification des types de crédit agricole et ses conditions d’obtention. J’ai été également chargé par le conseil d’administration d’élaborer un plan d’action prenant en compte les services digitaux, la gestion des risques liés aux crédits agricoles et le développement de produits d’assurance adapté au monde rural, en collaboration avec les structures habilitées et tout partenaire intéressé.
Bref, la formation est tombée à pic pour moi, et sa poursuite en présentiel permettrait de consolider davantage ces acquis.

Si vous deviez résumer votre expérience de la formation FAR en une phrase, quelle serait-elle?
Accrocheuse et conseillée!

 

Biographie: Félix Sawadogo, Niger

Félix Sawadogo, économiste de formation, ayant une solide expérience de 25 ans dans les axes clés du développement, et en particulier dans le domaine de la microfinance et le financement du monde rural.

Quels sont les défis principaux que vous rencontrez dans l’offre de financement à l'agriculture dans votre pays?
• Le financement des investissements agricoles en général, notamment les équipements agricoles et les magasins de stockage dans le cadre des systèmes de garantie (warrantage);
• Le financement des équipements en eau, permettant de garantir une production agricole avec une maitrise totale de l’eau;
• L’organisation du marché des produits agricoles;
• La gestion du risque dans le financement agricole;
• Le manque de garantie auprès des exploitants.

Est-ce que votre institution finance des petites entreprises agricoles? Quels types de financements accordez-vous? À quel type de clients?
Notre Institution, essentiellement rurale et agricole, cible des familles de petits exploitants agricoles, mais aussi des MER (Micro-Entreprises-Rurales).

Les types de financement:
• Crédit court type en fonds de roulement ou encore crédit campagne pour les familles des petits exploitants agricoles;
• Crédit court terme en équipement légers pour les MER;
• Financement de la petite transformation des produits agricoles par les petites ou microentreprises agricoles.

Quel a été l'aspect le plus intéressant, le plus surprenant et le plus utile de la formation FAR?
• L’aspect multi-compétences des animateurs et des participants est ce qui m’a le plus intéressé dans la FAR;
• Les aspects participatifs avec les « Fora » et l’actualité des thèmes abordés constituent pour moi les points forts de la FAR;
• L’aspect partage d’expériences des participants de plusieurs pays et des cas pratiques d’illustration est le plus utile des apports de la FAR.

Les connaissances acquises pendant la formation seront-elles utiles pour votre travail? Comment allez-vous appliquer ces connaissances?
Les connaissances acquises sont très utiles pour notre travail et nous comptons les appliquer de plusieurs façons:
• Relire certains de nos manuels et procédures pour prendre en compte les nouvelles leçons apprises lors de la formation FAR;
• Améliorer certains de nos produits financiers pour les adapter aux besoins réels exprimés par nos exploitants agricoles;
• Orienter notre stratégie de financement vers une approche privilégiant les chaines de valeurs et ciblant les filières porteuses.

Si vous deviez résumer votre expérience de la formation FAR en une phrase, quelle serait-elle?
Un rendez-vous du donné et du recevoir pour les acteurs du financement agricole et du monde rural.

 

Biographie: Paul Dilawa Go, Burkina Faso
Paul Dilawa Go est titulaire d’un master en Finances, audit et comptabilité, et assure la fonction de directeur général de la Caisse Mutuelle du Burkina Faso, institution de microfinance. Il a à son actif une dizaine d’années d’expérience dans le secteur de la microfinance.

Quels sont les défis principaux que vous rencontrez dans l’offre de financement à l'agriculture dans votre pays?

On peut résumer ainsi certains des défis liés au financement de l’agriculture au Burkina Faso:
• Une meilleure organisation du monde agricole notamment par groupes de petits exploitants, en coopératives agricoles formalisées;
• La continuité d’exploitation agricole matérialisée par un accès équitable et durable aux terres, ce qui requiert une volonté politique des autorités;
• La mise en place de fonds de garantie sous la supervision du Ministère de l’agriculture devant permettre aux petits exploitants et coopératives agricoles organisés d’avoir accès aisément au financement;
• Le renforcement de la politique de mécanisation des pratiques agricoles et l’accès aux équipements post-récoltes;
• Le développement des chaines de valeurs agricoles et l’organisation du marché des produits agricoles sur le plan national et sous régional;
• La mise en place d’une politique inclusive d’assurance agricole.

Est-ce que votre institution finance des petites entreprises agricoles? Quels types de financements accordez-vous? À quel type de clients?
Depuis sept ans la Caisse Mutuelle du Burkina Faso finance l’activité agricole sur l’ensemble de son réseau d’agences à travers le grand Ouest du Burkina Faso. Ce financement porte sur divers types notamment:
• Les intrants agricoles;
• Les équipements agricoles;
• Les équipements post-récoltes;
• La réhabilitation ou construction de petits magasins de stockage;
• Le fonds de roulement pour élevages;
• Les équipements de forage dans une ferme agricole ou d’élevage.
Ces différents types de financement s’adressent aux clients ci-après:
• Les coopératives ou groupements agricoles constitués légalement ou par groupes d’intérêts communs;
• Les associations ou groupements ordinaires de femmes ou par groupes d’intérêts communs;
• Les petites et moyennes entreprises agricoles ou d’élevage;
• Les petits exploitants agricoles individuels.

Quel a été l'aspect le plus intéressant, le plus surprenant et le plus utile de la formation FAR?
L’animation vivante et adaptée à travers la plateforme utilisée a été l’aspect le plus intéressant, le plus surprenant et le plus utile de la formation pour moi. Mon attention a été capturée comme en séance plénière.

Les connaissances acquises pendant la formation seront-elles utiles pour votre travail? Comment allez-vous appliquer ces connaissances?
De toute évidence les connaissances acquises seront très utiles pour mon travail et pour celui de mes collaborateurs.
Dans cette perspective, nous allons produire un contenu concentré des différents modules et les expériences partagées dans les différents forums afin de renforcer les acquis de mes collaborateurs à travers des séances de formations appliquées.
En outre, j’ai prévu la mise en place d’un petit comité de relecture de notre politique de financement agricole, et des conventions de partenariat agropastorale en cours sur la base des connaissances acquises lors de la formation FAR.

Si vous deviez résumer votre expérience de la formation FAR en une phrase, quelle serait-elle?
Une expérience de renforcement de mes capacités et connaissances sur le plan des nouvelles technologies et pratiques liés aux évolutions des besoins des acteurs de la finance agricole et rurale.

 

Biographie: Justin Banaon, Burkina Faso
Habitant de Boromo à l’Ouest du Burkina Faso, Justin Banaon totalise 19 ans d’expérience dans le développement, dont 14 ans en microfinance. Il est à l’origine de l’IMF qu’il dirige au titre de directeur général depuis sa création. Il est titulaire d’une licence et d’un master en économie sociale et solidaire respectivement de l’Université d’Auvergne Clermont Ferrand 1 (France) et de l’Université Ouaga 2 (Burkina Faso).

Quels sont les défis principaux que vous rencontrez dans l’offre de financement à l'agriculture dans votre pays?
Un risque permanent et élevé de non remboursement du crédit dû :
• à la non couverture des risques liés aux aléas climatiques qui prennent de plus en plus d’ampleur, et à d’autres risques transférables;
• à la très faible possibilité de mobilisation de garantie par les petits exploitants agricoles;
• à la non structuration des filières agricoles ce qui ne permet pas aux petits exploitants de rentabiliser leur production.

Est-ce que votre institution finance des petites entreprises agricoles? Quels types de financements accordez-vous? À quels types de clients?
Oui le crédit agricole occupe une place importante dans notre portefeuille global de crédit. Nous finançons de petits équipements agricoles (charrue, animaux de trait…) et les intrants agricoles pour la campagne agricole. Nous finançons aussi les équipements (motopompe, grillage…) et les intrants (semence, engrais...) pour le maraichage pendant la saison sèche.
Nous ciblons les petits exploitants agricoles ainsi que leurs organisations (coopérative, association, groupement).

Quel a été l'aspect le plus intéressant, le plus surprenant et le plus utile de la formation FAR?
• L’aspect le plus intéressant est la diversité des expériences et des échanges;
• L’aspect le plus surprenant est le nombre élevé des participants (76), en provenance de diverses contrées;
• L’aspect le plus utile est la pertinence pragmatique des modules, en regard des besoins pour développer le secteur.

Les connaissances acquises pendant la formation seront-elles utiles pour votre travail? Comment allez-vous appliquer ces connaissances ?
Effectivement les connaissances que j’ai acquises lors de la formation me sont très utiles pour mon travail, et j’ai déjà commencé à les exploiter. Ainsi, à l’occasion du cadre national de concertation des acteurs de l’inclusion financière (CNC-AIF) présidé par le Ministre des finances (17-18 décembre 2020), j’ai réussi à convaincre les participants de faire une recommandation au gouvernement au sujet de l’assurance agricole au profit des petits exploitants. Cette recommandation a été retenue et sera étudiée et éventuellement intégrée dans la Stratégie nationale pour la promotion de l’inclusion financière au Burkina Faso. La FAR m’a permis de comprendre tout l’avantage et l’importance de promouvoir l’assurance agricole au profit des exploitants agricoles pour une finance inclusive.
Aussi je vais œuvrer dans la mesure du possible avec le concours d’autres acteurs du monde agricole à mieux structurer les filières agricoles, pour mieux accompagner (financièrement, techniquement….) les petits exploitants agricoles afin qu’il puissent rentabiliser leur production et améliorer leurs conditions de vie.

Si vous deviez résumer votre expérience de la formation FAR en une phrase , quelle serait-elle?
Une très bonne expérience, des organisateurs bien avertis, des facilitateurs assez professionnels et des apprenants aux expériences diversifiées. Il y’avait quelque chose à apprendre.