Maroc

L'anti-perte et gaspillage alimentaires, un choix durable

©Michael Stern
29/09/2022

Des pommes qui pourrissent parce qu’elles ne sont pas valorisées. Des figues abîmées parce que qu’elles n’étaient pas bien conservées ou encore des dattes qui se gâtent parce qu’elles ne sont pas bien conditionnées et stockées.

Des ressources perdues, des aliments gaspillés.

La pandémie de covid-19 et les effets du changement climatique n’ont fait qu’accentuer les défis de la sécurité alimentaire dans le monde mais plus précisément dans certaines zones oasiennes marocaines, géographiquement éloignées des grandes villes, qui souffrent d’isolement et dont les populations vivent principalement de leurs productions (comme les dattes, les figues et les pommes).

Malheureusement, la non-maitrise de la chaine de valeur, les limitations financières et la qualité des infrastructures en plus des connaissances limitées des communautés rurales locales sur les techniques de gestion post-récoltes, le stockage et les systèmes d’emballage et de commercialisation font de la précarité, un quotidien, chez ces populations. Ce qui les empêche de peu maîtriser leur production, sa qualité et encore moins ses débouchés.

Une chose est claire : les pertes et le gaspillage de nourriture n’ont pas leur place et on doit impérativement agir pour les minimiser voir même les éliminer !

Dans ce sens, heureusement que des projets ont vu le jour pour apporter des solutions concrètes à ces problématiques.

S’inscrivant dans le cadre de la stratégie nationale de réduction des pertes et gaspillage alimentaires élaborés en 2017, un projet d’Appui à la réduction des pertes et gaspillage alimentaires pour les filières des dattes, pommes et figues dans les systèmes oasiens du Maroc a été lancé en 2019 grâce à une collaboration tripartite Maroc/FAO/Monaco.

Ce projet d’une durée de trois (3) années et dont les zones d’action se situent dans quatre (4) sites distincts : Akka, Kelaat Mgouna, Figuig et Imlchil, a fait l'objet d'un partenariat entre le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier (ANDZOA) et la Représentation de la FAO au Maroc, et bénéficie d’un soutien financier de la Direction de la Coopération Internationale du Gouvernement Princier de la Principauté de Monaco.

Grâce à une étroite collaboration avec les institutions locales et les différentes agences nationales en charge de la gestion, du suivi et du développement des activités agricoles dans ces zones (notamment ANDZOA, ONCA, ORMVA, ONSSA, DPA et DRA) et un certain nombre de petites structures (GIE, coopératives, etc.), le projet a profité à des milliers d’agriculteurs, agricultrices, vulgarisateurs, agro-entreprises, marchants, associations et coopératives et GIE.

Concrètement, il a eu pour objectifs d’améliorer la gestion de la connaissance et de l’innovation sur les pertes alimentaires dans les domaines techniques, économiques, sociaux et environnementaux ; de Renforcer les capacités techniques et de gestion des différents acteurs des filières cibles afin de réduire les pertes et gaspillage alimentaires ; de Contribuer à l’augmentation du revenu des acteurs des filières et la résilience socio-économique des communautés en investissant dans des systèmes alimentaires efficients, minimisant les pertes sur toute la chaine de valeur, adaptés aux environnements spécifiques de chaque oasis et Capitaliser et essaimer les bonnes pratiques.

A ce jour, un plan d’action, une étude diagnostique et une stratégie pour la réduction des pertes spécifiques à chaque filière pour chaque système oasien ont été élaborées ; des guides et des matériaux de formation sur les bonnes pratiques de conduite des cultures et des opérations post-récoltes par oasis ont été conçus ; des centaines d’acteurs des filières sur les opérations post-récoltes ont été formés ; des unités de conditionnement post-récolte et de transformation des produits sont désormais équipées et des activités génératrices de revenus ont été développées.

Des changements simples mais efficaces comme ceux-là peuvent considérablement améliorer ces filières et avoir une forte incidence sur les revenus et la sécurité alimentaire des agriculteurs locaux. Par ailleurs, ils contribuent à accroître la qualité et la durée de conservation des aliments pour les consommateurs.

C’est dans cette perspective que la Représentation de la FAO au Maroc avec le Département de l’Agriculture et la Coopération Monégasque travaillent sans relâche pour apporter leur expertise technique et exploiter les synergies afin d’accroitre tous les jours les impacts respectifs de ce projet avec pour seul devise : « chaque jour est une nouvelle opportunité de changer la vie de quelqu’un et d’améliorer ses conditions de vie et de travail ».

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages, bien des personnes considèrent pourtant la nourriture comme quelque chose d’acquis. Cependant, pour des millions de personnes, l’alimentation n’est pas garantie. Réduire les pertes et le gaspillage alimentaires signifie respecter les aliments, ainsi que les ressources naturelles, les efforts et les investissements qui ont permis de les produire. En réfléchissant à ce qui se cache derrière les fruits et légumes, on se rend compte plus facilement de ce que la nourriture représente véritablement et de sa valeur réelle. Et ce projet essaye de le prouver chaque jour qui passe.