Des tables rondes de haut niveau consacrées à la question des pénuries d’eau et de la rareté de cette ressource, ainsi qu’à celle des inondations, se sont tenues tout au long de la semaine de réunion du plus haut organe directeur de la FAO
Trois tables rondes de haut niveau sur le thème de l’eau ont eu lieu lors de la 43e session de la Conférence de la FAO
©FAO
Rome – Les meilleurs moyens de faire face au problème des pénuries d’eau et de la rareté de cette ressource ainsi qu’à celui des inondations fréquentes, catastrophiques et de grande ampleur, problèmes qui touchent plus de 5 milliards de personnes dans le monde, étaient cette semaine au cœur de la 43e session de la Conférence de la FAO dans le cadre d’une série de tables rondes de haut niveau.
Plus de 3 milliards de personnes vivent dans des zones agricoles dans lesquelles les pénuries d’eau ou la rareté de cette ressource atteignent des niveaux élevés, voire très élevés, et l’on estime que, d’ici à 2050, 57 pour cent de la population mondiale vivra dans des zones touchées au moins un mois par an par une pénurie d’eau.
L’accroissement de la pression sur les ressources en eau et le stress hydrique peuvent accroître profondément les inégalités d’accès à l’eau, qui sont déjà marquées, et augmenter les disparités sociales existantes, qui touchent particulièrement les groupes vulnérables, notamment les femmes, les petits exploitants et les peuples autochtones.
Étant donné que l’agriculture représente 70 pour cent de la consommation mondiale d’eau douce, les systèmes agroalimentaires sont au cœur du défi de la pénurie d’eau auquel nous sommes confrontés.
La première table ronde, intitulée «Rareté de l’eau: faire affluer l’eau pour les hommes et pour la planète» et qui a eu lieu lundi, a été ouverte par le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, qui vient d’être réélu.
Dans son allocution d’ouverture, le Directeur général de la FAO a indiqué que, s’il n’y avait probablement pas de solutions simples à des problèmes complexes, il y avait des «choix avisés» à faire. Il a invité les participants à faire porter leurs discussions sur trois domaines d’action: l’amélioration de la gouvernance, la gestion plus intégrée des ressources en eau et l’accroissement des investissements.
Un groupe de discussion ministériel de haut niveau, qui comprenait des représentants du Brésil, de Cabo Verde, de la Chine, des États-Unis d’Amérique, de la Jordanie, des Pays-Bas et du Tadjikistan, a apporté ses contributions lors de la table ronde, qui était modérée par M. Máximo Torero Cullen, Économiste en chef de la FAO.
Parmi les participants, le représentant de la Namibie, pays gravement touché par la crise climatique, a déclaré que le message principal du débat était qu’il fallait «agir dès maintenant». Le représentant de la Gambie a indiqué que le problème touchait de manière disproportionnée les femmes, qui jouaient un rôle moteur dans le secteur agricole de son pays, tandis que le représentant de l’Argentine a fait remarquer qu’il était difficile de trouver des solutions au niveau mondial quand les pays avaient différents types de gouvernance au sein de leurs territoires nationaux.
M. Torero a conclu la table ronde en indiquant que, certes, chaque pays avait sa propre manière de faire, mais que c’était le travail de la FAO de faire connaître les meilleures pratiques fondées sur la science et l’innovation.
Gestion des inondations
La table ronde de mardi s’intitulait «La gestion intégrée du risque d’inondation». Les inondations ont touché plus de 2 milliards de personnes ces dernières décennies et ont provoqué environ 20 milliards de pertes en 2021, dans le monde. En Afrique, plus de 2 000 personnes sont mortes rien que l’année dernière dans des inondations qui ont touché une douzaine de pays. Au Pakistan, la même année, une inondation qui a mis un tiers du pays sous l’eau a obligé 8 millions de personnes à se déplacer et a provoqué plus de 1 700 décès, dont un tiers d’enfants.
Le Directeur général, M. Qu, a lancé le débat en appelant à travailler «avec les processus hydriques naturels et non contre eux».
Il a donné l’exemple du Viet Nam, où le poisson à faible valeur capturé pendant la période d’inondation a été utilisé pour nourrir le poisson d’élevage, ce qui a renforcé la sécurité alimentaire. Ce type d’exemple nous encourage à «repenser la gestion des inondations dans l’agriculture de manière intégrée et globale», a-t-il affirmé.
La FAO a produit un rapport technique sur la gestion intégrée des risques d’inondation qui indique que les principales mesures à prendre pour bien gérer les inondations consistent à gérer et réduire l’exposition aux inondations, à réduire la vulnérabilité et renforcer les capacités à y faire face, à atténuer leurs répercussions sur les personnes exposées et à gérer les risques d’inondation en améliorant la gouvernance.
Au cours de la table ronde, qui était modérée par Mme Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe de la FAO, des ministres de plusieurs pays, notamment la Finlande, la Thaïlande et le Zimbabwe, ont pris la parole pour faire part de leur expérience.
La Ministre de l’agriculture, de la réforme agraire et du développement rural de l’Afrique du Sud, Mme Angela Thoko Didiza, a souligné l’importance de l’éducation civique, des systèmes d’alerte précoce et de la planification rurale et urbaine. M. Salem Abdullah Eissa Salem Al-Socatri, Ministre de l’agriculture, de l’irrigation et de la richesse halieutique, son homologue du Yémen, où des inondations sont attendues ces prochaines semaines, a fait savoir que le nombre de systèmes d’alerte précoce disponibles dans son pays était limité. Le Ministre des terres, de l’agriculture, des pêches, de l’eau et du développement rural du Zimbabwe, M. Anxious Jongwe Masuka, a déclaré que son pays s’employait actuellement à faire en sorte de mieux alerter la population, tandis que Mme Jaana Husu-Kallio, Secrétaire permanente au Ministère de l’agriculture et des forêts de la Finlande, un des pays les plus avancés dans le monde en matière de numérique, a indiqué que son pays était en train d’expérimenter des plans de gestion numériques des inondations.
Enfin, d’autres pays ont contribué aux discussions, notamment l’Italie, qui a fait part de son expérience au sujet des inondations ayant récemment dévasté la région d’Émilie-Romagne.
Après avoir remercié les participants, Mme Semedo a rappelé que, du point de vue économique, on avait bien plus intérêt à prendre des mesures préventives que d’intervenir une fois que la catastrophe avait frappé.
Infrastructures hydriques
La table ronde de mercredi, consacrée aux infrastructures hydriques, a donné aux membres de la FAO l’occasion de se faire une idée commune de l’importance des infrastructures hydriques dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement durable, de faire connaître leur expérience, leurs besoins et leurs difficultés en ce qui concerne le développement et la gestion des infrastructures hydriques et d’aborder les stratégies, le financement, les investissement et la gouvernance qu’il faudrait mettre en place dans ce domaine pour répondre aux besoins actuels et futurs et s’adapter au changement climatique.
Des infrastructures d’approvisionnement en eau fiables permettent aux agriculteurs de diversifier leurs pratiques agricoles et les espèces qu’ils cultivent et de renforcer la résilience. Des infrastructures de stockage de l’eau efficaces peuvent faciliter la gestion des ressources en eau lors des périodes d’abondance et de pénurie et permettent aux agriculteurs de cultiver tout au long de l’année, car elles atténuent les effets des variations saisonnières et des aléas climatiques.
Le Directeur général, M. Qu, a ouvert le débat avec un discours dans lequel il a souligné combien les systèmes agroalimentaires et le développement rural dépendaient des infrastructures hydriques, qui deviennent de plus en plus cruciales dans le cadre de la lutte contre les effets de la crise climatique.
Compte tenu du rôle crucial des infrastructures hydriques au regard des efforts à faire pour rendre les systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, «nous devons investir dans des infrastructures plus à même de nous aider à résoudre les difficultés auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui», a affirmé M. Qu.
Pour illustrer cela, il a parlé du Sahel, où la FAO offre des possibilités de mécanisation aux agriculteurs pour qu’ils améliorent leurs infrastructures hydriques et aide les femmes rurales et leurs ménages à accéder à l’eau.
Il a également mentionné les exemples du Sri Lanka et de la Zambie, où la FAO expérimente des rizières multifonctionnelles dans lesquelles, outre la production de riz, on pratique l’aquaculture et l’élevage de crevettes. Ces infrastructures à valeur ajoutée ont de nombreux avantages puisqu’elles permettent de recharger les nappes phréatiques et de maîtriser les inondations et qu’elles fournissent des services écosystémiques.
M. Manuel Villalobos Arámbula, du Ministère de l’agriculture et du développement rural du Mexique, M. Mathieu Eric Rokosse-Kamot, Ministre de l’agriculture et du développement rural de la République centrafricaine, et M. Avi Dicter, Ministre de l’agriculture et du développement rural d’Israël, ont également apporté leurs contributions lors de la table ronde.Nicholas Rigillo FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]
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