La Conférence régionale de la FAO privilégie l’innovation et le numérique pour lutter contre les maladies qui touchent les cultures et le bétail et renforcer la résilience face aux dangers climatiques et météorologiques
Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu lors de sa participation à la trente-sixième session de la Conférence régionale de la FAO pour l’Asie et le Pacifique, accueillie par le Gouvernement du Bangladesh à Dacca
©FAO/Saikat Mojumder
Dacca/Rome – Des ministres et des délégués de haut niveau de toute la région Asie et Pacifique se sont réunis aujourd’hui avec pour souci principal les moyens d’améliorer la nutrition, les conditions de vie et les moyens de subsistance au lendemain de la pandémie mondiale tout en s’attaquant, en parallèle, aux graves dangers actuels liés au climat et aux conditions météorologiques ainsi qu’aux maladies et ravageurs qui nuisent aux cultures et à l’élevage dans la région la plus peuplée au monde. L’amélioration des réponses écosystémiques dans les îles du Pacifique est aussi l’un des grands thèmes de cette rencontre.
La trente-sixième session de la Conférence régionale de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour l’Asie et le Pacifique, accueillie par le Gouvernement du Bangladesh, se tient dans la capitale du pays, Dacca.
La Première Ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina, a souligné que son pays était parvenu à l’autosuffisance pour plusieurs denrées alimentaires essentielles et fait observer que l’agriculture, dont vit 40 pour cent de la population active, restait «l’épine dorsale» de l’économie. Elle a lancé un appel pour que la sécurité alimentaire et une bonne nutrition deviennent une réalité et a exhorté les pays de la région à collaborer dans des domaines tels que l’éducation, la biotechnologie et les investissements verts.
Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, participait en personne à la session et a reconnu que la pandémie avait eu des répercussions négatives sur les conditions de vie et les moyens de subsistance des populations d’Asie et du Pacifique. Il a rappelé que la région avait encore du chemin à faire pour éliminer la faim et améliorer la nutrition, s’appuyant sur un rapport de la FAO de l’année dernière selon lequel 40 pour cent de la population n’avaient pas les moyens d’avoir une alimentation saine et nutritive.
Après de nombreuses années de progrès, la tendance s’est inversée: la faim augmente à nouveau et les inégalités se creusent dans la région, notamment entre les populations rurales et urbaines, tandis que, trop souvent, les femmes et les jeunes se trouvent laissés pour compte. «La pandémie nous a obligés à revoir nos priorités et nos approches et a mis en évidence l’importance d’une plus grande durabilité et d’une meilleure résilience de nos sociétés, ainsi que l’urgente nécessité d’atteindre les objectifs de développement durable afin de garantir à chacun alimentation, santé, éducation, environnement sain et conditions de vie décentes», a affirmé le Directeur général dans sa déclaration devant la Conférence régionale.
«Il en a résulté un mouvement en faveur de la transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables dans la région», a-t-il ajouté.
Le Directeur général a indiqué que la FAO entendait concrétiser ces objectifs sur la base de quatre priorités régionales. Celles-ci consistent à transformer les systèmes agroalimentaires pour assurer une production durable et une alimentation saine; intensifier la gestion durable des ressources naturelles en vue de conserver la biodiversité et d’agir pour le climat; favoriser la transformation des zones rurales pour rendre les systèmes agroalimentaires durables et les sociétés rurales équitables; et renforcer la durabilité et la résilience des systèmes agroalimentaires dans les petits États insulaires en développement (PEID).
Généraliser l’emploi du numérique dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture en vue de transformer les systèmes agroalimentaires
Parmi les grands centres d’intérêt de la Conférence régionale figurent aussi le développement du numérique dans les processus agricoles et alimentaires, que l’on observe partout en Asie et dans le Pacifique, et la contribution qu’il pourrait apporter, s’il s’intensifiait, à une transformation des systèmes agroalimentaires qui profite aussi aux petits exploitants agricoles, dans la région comme dans le reste du monde. Ceci viendrait ainsi appuyer la réalisation des «quatre améliorations» énoncées dans le Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO: améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, sans laisser personne de côté.
La FAO joue un rôle moteur dans la promotion du numérique et de l’innovation dans les filières agricoles – auprès des producteurs comme des consommateurs, en passant par les transformateurs, les transporteurs et les détaillants –, comme l’illustrent parfaitement son Initiative 1 000 villages numériques et la création d’une Plateforme de solutions pour les PEID.
«L’Initiative 1 000 villages numériques a pour objectif de convertir des villages en pôles numériques partout dans le monde en vue d’accélérer la transformation des zones rurales», a déclaré M. Qu, ajoutant qu’elle avait été lancée dans 15 pays de la région Asie et Pacifique et faciliterait l’accès des petits producteurs aux connaissances et aux marchés tout en réduisant la fracture numérique, notamment entre les femmes et les hommes et entre les zones rurales et les zones urbaines.
Elle «développera l’esprit d’entreprise des jeunes et des femmes dans la région en créant des conditions propices et en facilitant l’élaboration de stratégies d’agriculture numérique et d’outils et services numériques à l’échelon national. J’attends beaucoup de sa mise en œuvre dans la région, où tant de pays montrent l’exemple et où il existe déjà une richesse, une gouvernance et une économie numériques dans les zones rurales», a affirmé le Directeur général dans son allocution.
Plusieurs débats de haut niveau accompagnés de tables rondes ministérielles sont prévus à l’ordre du jour de la session de la Conférence régionale.
M. Mohammad Abdur Razzaque, Député, Ministre de l’agriculture du Bangladesh et Président de la trente-sixième session de la Conférence régionale, a estimé que la session était en effet une «excellente occasion de parler des priorités nationales et régionales ainsi que des enjeux et besoins urgents dans la région, tels que les effets du changement climatique, la pandémie de covid-19, la situation de l’agriculture, la gestion des ressources naturelles, la sécurité et la nutrition.»
«Les lacunes de notre système agroalimentaire mondial ont été exposées. Il faut lui redonner un sens», a déclaré le Président indépendant du Conseil de la FAO, M. Hans Hoogeveen. «Nous avons besoin d’un changement en profondeur, et nous en avons besoin maintenant. Un changement en profondeur qui passe par des mesures porteuses de transformation. Rien ne saurait plus excuser l’inaction.»
«Nous devons innover plus largement dans notre façon de gérer nos systèmes alimentaires aux niveaux local, national et mondial: c’est ce que j’aime appeler l’innovation en matière de gouvernance», a expliqué le Président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, M. Gabriel Ferrero.
Le Directeur général de la FAO a remercié le Gouvernement et la population du Bangladesh d’avoir accueilli la trente-sixième session de la Conférence régionale pour l’Asie et le Pacifique en ces temps difficiles et a exprimé sa reconnaissance aux délégués qui participaient à la réunion, à distance ou en personne, à Dacca.
Engager des réformes structurelles régionales pour mieux servir les Membres
Le Directeur général a souligné qu’il avait engagé des réformes institutionnelles destinées à donner plus de souplesse aux bureaux régionaux et sous-régionaux de la FAO pour les aider à exécuter les initiatives phares de l’Organisation et son Cadre stratégique 2022-2031.
Comme exemples de cette plus grande facilité d’exécution, il a évoqué la participation de neuf pays de la région à l’Initiative Main dans la main, dont le but est d’augmenter la production agricole dans les zones où la pauvreté et la faim sont les plus présentes, ainsi que l’Initiative 1 000 villages numériques, qui vise à réduire la fracture numérique qui existe au détriment des petits exploitants et des habitants des zones rurales, et la nouvelle Initiative Un pays, un produit prioritaire, axée sur des produits aux qualités uniques, qui offre selon lui de nombreuses possibilités d’agir dans la région.
Le Directeur général a ajouté que d’autres actions suivraient prochainement puisque la FAO travaille à l’élaboration de sa stratégie régionale sur l’innovation numérique et met la dernière main à la plateforme technique régionale sur l’aquaculture, laquelle sera appelée à devenir un pôle de connaissances sur le sujet grâce auquel des pays du monde entier pourront puiser dans la vaste expérience acquise dans la région Asie et Pacifique.
La FAO héberge également, au Siège de l’Organisation, un Pôle de coordination des activités menées sur le terrain comme suite au Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires de 2021.
La Conférence régionale pour l’Asie et le Pacifique se réunit tous les deux ans pour recueillir les vues et orientations des gouvernements des États Membres de la FAO dans la région et s’est élargie pour accueillir d’autres acteurs, notamment des organisations de la société civile et le secteur privé, qui ont aussi participé à la trente-sixième session de la Conférence régionale.
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