Appel mondial en faveur d’actions concrètes au service de la transformation de l’élevage dans une optique de durabilité

La première Conférence mondiale de la FAO sur la transformation de l’élevage dans une optique de durabilité a été le lieu d’intenses débats sur la manière de faire en sorte que la production soit plus respectueuse de l’environnement, qu’elle favorise les moyens d’existence ruraux, et qu’elle permette de répondre aux besoins croissants de protéines au niveau mondial.

Le Directeur général de la FAO, QU Dongyu, prononce le discours de clôture de la Conférence mondiale sur la transformation durable de l'élevage.

©FAO/Giuseppe Carotenuto

27/09/2023
Rome – Pendant trois jours, des débats de haut niveau se sont tenus à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour présenter des projets innovants à visée locale ainsi que les avancées pertinentes en matière de connaissances s’agissant de faire en sorte que l’élevage soit plus respectueux de l’environnement, qu’il favorise les moyens d’existence ruraux, et qu’il permette de répondre aux besoins croissants de protéines au niveau mondial. 
 
La toute première Conférence mondiale de la FAO sur la transformation de l’élevage dans une optique de durabilité, qui a rassemblé plus de 700 participants, dont 27 ministres ou hauts responsables gouvernementaux, 100 représentants des jeunes, et une multitude de chercheurs et de représentants d’organisations multilatérales, s’est conclue par le discours de clôture de M. Qu Dongyu exhortant toutes les parties à traduire leurs paroles en actions concrètes – tout en reconnaissant que ce n’était pas là chose facile, mais qu’il en allait du bien-être des populations et de la planète. 
 
À bien des égards, l’élevage est un indicateur du degré d’amélioration des conditions de vie, a expliqué M. Qu Dongyu. «Les gouvernements, les agriculteurs, les chercheurs, la société civile et le secteur privé, ainsi que tous les partenaires, devraient œuvrer main dans la main pour impulser le changement à tous les niveaux.»  
 
Il est ressorti de la Conférence deux messages généraux: tout d’abord, que nous savons aujourd’hui très bien ce qu’il faut faire au niveau mondial (et souvent, comment le faire), mais que les compétences nécessaires à la mise en œuvre ne sont pas encore acquises. Deuxièmement, qu’il n’existe pas de solution universelle dans ce secteur, dont dépendent plus de 1,7 milliard de personnes, et qui utilise plus de la moitié de la surface terrestre, en particulier des zones impropres à l’agriculture. 
 
Les participants ont par ailleurs fait observer que la réduction de l’empreinte carbone était une exigence clé pour le secteur, mais qu’atteindre effectivement les objectifs en la matière nécessiterait une collaboration et une coopération au-delà des frontières, ainsi qu’une prise en compte appropriée des synergies bienvenues que la gestion durable de l’élevage est susceptible de créer, notamment en ce qui concerne les engrais, la lutte contre les plantes adventices, la santé des sols et la capacité de séquestration du carbone. 
 
D’après Jimmy Smith, Directeur des programmes internationaux du Département de l’agriculture et des ressources naturelles de l’Université du Maryland, si les notions de durabilité et de transformation ne répondent pas à une définition unique et bien arrêtée, les quatre améliorations ciblées par la FAO peuvent servir de guide efficace pour mener de nouvelles politiques qui soient rationnelles sur les plans économique, sociologique et écologique. «Nous devons créer un avenir viable pour les personnes travaillant dans le secteur de l’élevage», a-t-il indiqué, en soulignant que ce secteur présentait des caractéristiques attractives pour les jeunes et l’emploi des jeunes. 
 
L’élevage offre à la fois une source de protéines nutritionnelles essentielles, mais aussi d’emplois, de revenus et d’intégration sociale au sein des communautés, a expliqué Elizabeth Nsimadala, Présidente de la Fédération des agriculteurs d’Afrique de l’Est et membre (Afrique) du Conseil de l’Organisation mondiale des agriculteurs. «De nombreuses possibilités n’ont pas encore été exploitées; une fois qu’elles le seront, elles ouvriront encore de nouveaux débouchés», a-t-elle ajouté, en précisant qu’investir dans les régions en développement et apporter à celles-ci un soutien en matière de politiques pourrait fortement aider à empêcher le passage à des activités agricoles à moindre risque qui contribuent moins à la sécurité alimentaire globale. 
 
L’un des éléments clés à prendre en compte est la diversité humaine, pas seulement la diversité des écosystèmes et des races animales, a souligné Renata Bueno Miranda, Secrétaire à l’innovation, au développement durable, à l’irrigation et au coopérativisme du Ministère brésilien de l’agriculture et de l’élevage. «On ne peut pas utiliser la science pour tout rendre neutre, tout peindre en gris», a-t-elle ajouté, faisant observer le rôle essentiel joué par l’élevage pour faire du Brésil le plus grand exportateur net mondial de produits agricoles. 
 
De manière générale, transformer l’élevage dans une optique de durabilité dépend davantage de mesures concrètes que de nouveaux travaux de recherche, sont convenus les participants. «On sait beaucoup de choses, mais on ne passe pas beaucoup à l’action. Nous sommes doués pour les débats de haut niveau, mais pas pour la mise en œuvre au niveau des exploitations», a résumé Harry Clark, Scientifique en chef au centre de recherche néo-zélandais sur les gaz à effet de serre d’origine agricole.  
 
Dans certains cas, transformer l’élevage dans une optique de durabilité peut nécessiter de faire baisser la production, a indiqué Christianne Van der Wal, Ministre des Pays-Bas chargée de la politique relative à la nature et à l’azote. 
 
Les innovations dans le domaine des produits alimentaires pour le bétail ont aussi été citées comme offrant d’importantes possibilités. 
 
Dans d’autres cas, le commerce peut tirer parti de synergies complémentaires, permettant aux pays de se concentrer sur ce qu’ils font le mieux, a indiqué Fernando Mattos, Ministre uruguayen de l’élevage, de l’agriculture et des pêches. Tout en reconnaissant pleinement la nécessité de régler certaines problématiques, telles que la réduction des émissions de méthane, il a souligné que de nombreux résultats positifs étaient en voie d’être obtenus et qu’une approche holistique était essentielle. «Le problème environnemental ne vient pas des vaches, mais des êtres humains», a-t-il ajouté. 
 
Initiatives concrètes 
 
De nombreux projets et programmes visant à favoriser des transformations de l’élevage dans une optique de durabilité ont été présentés, ainsi que des exposés techniques sur les émissions de gaz à effet de serre et un important nouveau rapport de la FAO dressant l’inventaire des moyens de réduire les émissions de méthane provenant de l’élevage et de la riziculture. 
 
Un haut responsable kenyan a relaté l’expérience de son pays en matière d’assurance bétail indicielle, dont le déploiement a comporté un jeu mobile, à l’intention des éleveurs, destiné à faciliter l’adoption d’outils de financement des risques, dans un pays où le déplacement des troupeaux à travers les parcours est essentiel. 
 
En Uruguay, un projet d’élevage axé sur le climat, mis en œuvre dans des fermes pilotes, a permis de faire baisser de 18 pour cent l’intensité des émissions issues de la production de viande, d’accroître la diversité des espèces d’herbages, et de renforcer la résilience de la production fourragère. Ce projet sera reproduit à plus vaste échelle et élargi afin d’inclure des objectifs en matière de carbone organique du sol. 
 
Le responsable du Conseil national indien de développement des produits laitiers a mis en lumière les mesures prises dans son pays, où la production laitière a augmenté de plus de 50 pour cent en moins d’une décennie et représente désormais près d’un quart de la production mondiale. 
 
Prochaines étapes 
 
Dans un geste fort, les membres du Dialogue mondial de la jeunesse sur la transformation de l’élevage dans une optique de durabilité sont convenus d’une déclaration, fruit d’un consensus, formulant les recommandations auxquelles ils souhaitent que les responsables de l’élaboration des politiques réfléchissent dans les domaines des sciences, des investissements, de la durabilité sociale, économique et environnementale, prônant l’intégration de la jeunesse dans les processus liés aux politiques et à l’innovation, et appelant à la définition d’une position officielle des jeunes au sein du Sous-Comité de l’élevage, nouveau sous-comité important du Comité de l’agriculture de la FAO, l’un des organes directeurs de l’Organisation. 
 
De nombreuses questions soulevées lors de la Conférence seront examinées à la deuxième session du Sous-Comité de l’élevage du Comité de l’agriculture, prévue pour mai 2024.  
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