Huit choses que les pastoralistes d’Afrique du Nord et d’Asie Occidentale veulent
Des représentants de dix pays identifient les priorités de développement
Des pastoralistes d’une bande de pays, de la Mauritanie à l’Iran, ont identifié un ensemble de priorités communes pour soutenir le développement pastoral dans leur région. Des représentants de groupes d’éleveurs d’Algérie, Égypte, Iran, Jordanie, Mauritanie, Maroc, Arabie Saoudite, Soudan, Tunisie et Turquie se sont réunis à Hammamet, République tunisienne, du 14 au 16 Janvier 2016 pour trouver des solutions aux problèmes qui les affectent.
Parmi les groupes de pastoralistes, les Bédouins, les Kurdes, les Berbères, les Touaregs et les Sahraouis ont été représentés. Ces pastoralistes élèvent leurs animaux sur les terres arides et semi-arides qui vont de l’Océan Atlantique à la Mer Caspienne et au-delà. Ils font face à de nombreux problèmes urgents, parmi lesquels le changement climatique, la croissance démographique, l’insécurité et les migrations.
Les représentants ont affirmé que les investissements dans les moyens d’existence pastoraux contribueraient à améliorer la sécurité alimentaire, à créer des emplois et à réduire les conflits. La réunion a été organisée par l’Alliance Mondiale des Peuples Autochtones Mobiles (WAMIP), Vétérinaires Sans Frontières (VSF), Alnawatif Cooperative-Jordan, le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) et la Plateforme des Connaissances Pastorales de la FAO.
Les représentants ont émis deux déclarations communes exposant leurs priorités. La Déclaration d’Hammamet des pastoralistes de l’Afrique du Nord et de l’Asie Occidentale et une déclaration avec des recommandations d’investissement au FIDA énumèrent huit points principaux:
1. Renforcer les organisations pastorales: Les représentants ont soutenu que les organisations pastorales locales peuvent représenter efficacement leurs communautés et leur fournir des services. Cependant, elles ont besoin de soutien. Elles souhaitent travailler conjointement avec des ONGS et des institutions gouvernementales et se considèrent comme étant idéalement placées pour mettre en œuvre les programmes de développement.
2. Intégrer les représentants des pastoralistes dans le dialogue politique: Les représentants des pastoralistes souhaitent prendre part aux processus décisionnels et politiques les concernant. Ils connaissent les besoins et les préoccupations de leurs communautés et tiennent à ce que ceux-ci soient traités dans les programmes politiques et dans la législation.
3. Conserver, valoriser et promouvoir les connaissances et la culture pastorales: Les communautés pastorales comptent sur un riche héritage de connaissances qui leur permettent de survivre dans des environnements rudes. Les représentants soutiennent que la culture, les coutumes et les traditions pastorales doivent être protégées et transmises à la génération suivante. Leurs connaissances devraient être utilisées pour mieux gérer les pâturages et pour améliorer la production des animaux d’élevage. Des recherches sont nécessaires sur la manière de valoriser ces connaissances. Les droits des pastoralistes sur leurs terres, leur culture, leur langue, leurs normes sociales et leurs traditions doivent être reconnus et respectés.
4. Améliorer la disponibilité, l’accès et la gestion de l’eau: L’eau a toujours été l’un des principaux facteurs limitants et elle le sera de plus en plus en raison du changement climatique. Les pompes à eau doivent être entretenues et les puits approfondis. Les sources d’eau doivent être bien gérées.
5. Sécuriser le foncier pastoral: L’accès aux pâturages est devenu difficile. Des espaces de pâture ont été perdus à cause de l’extraction de pétrole et de gaz, l’exploitation minière, l’urbanisation et l’expansion des terres agricoles. Différents systèmes de gouvernance interfèrent entre eux, ce qui rend difficile de savoir si les terres sont gérées de façon privée, par le gouvernement ou suivant le droit coutumier. Les gouvernements devraient reconnaître la valeur économique des pâturages et adapter les conventions et les directives internationales pour une meilleure gestion des parcours.
6. Améliorer les infrastructures et les services publics: De nombreuses communautés pastorales manquent des services publics de base. Des services éducatifs (y compris l’alphabétisation des adultes) et sanitaires adaptés au mode de vie mobile des pastoralistes sont nécessaires.
7. Investir dans les économies pastorales et dans la productivité des animaux d’élevage: Du soutien est nécessaire dans divers domaines. De meilleurs services vétérinaires amélioreraient la santé animale et permettraient aux éleveurs de gagner plus de leurs animaux. L’écotourisme, l’artisanat et le commerce équitable offrent de nouvelles opportunités de diversification des revenus. Les organisations pastorales souhaitent être formées à la transformation et à la commercialisation de leurs produits. De nouveaux services financiers tels que les microcrédits et la gestion bancaire doivent être mis au point pour subvenir aux besoins particuliers des pastoralistes. L’information sur les marchés peut être diffusée par le biais des nouvelles technologies de la communication.
8. Améliorer la coordination entre les parties prenantes: Les représentants ont déclaré que la plupart des institutions qui travaillent avec les communautés pastorales ne coordonnent pas leurs activités. Ainsi, les efforts ont été dupliqués dans certaines communautés, alors que d’autres ont été laissées de côté. Les donateurs, les ONGs et les institutions gouvernementales qui travaillent sur le pastoralisme dans les mêmes domaines devraient coordonner leur travail pour le rendre plus efficace.