FAO en République démocratique du Congo

La RDC évalue son système de surveillance et de détection de la résistance aux antimicrobiens (RAM) et définit des objectifs pour son amélioration

©FAO _Atelier sur le système de surveillance et de détection de la résistance aux antimicrobiens (RAM) /Marcel Boka
26/10/2021

L’outil FAO-ATLASS permet aux pays d'évaluer leur système de surveillance de la résistance aux antimicrobiens dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture

La résistance aux antimicrobiens (RAM) est la capacité des microorganismes à devenir résistants aux antimicrobiens tels que les antibiotiques auxquels ils étaient sensibles à l’origine. Ce phénomène naturel est fortement accéléré par l’utilisation inappropriée d’antimicrobiens chez les humains, les animaux et les plantes.

Pour assister les pays à améliorer leurs capacités de surveillance de la RAM dans le domaine de la santé animale, de l’agroalimentaire et de l’environnement, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a développé un outil d’évaluation pour les laboratoires et les systèmes de surveillance de la RAM (en abrégé FAO-ATLASS). En République Démocratique du Congo (RDC), la FAO à travers son Centre d'urgence pour la lutte contre les maladies animales transfrontières (ECTAD), a organisé une évaluation complète du système de surveillance de la RAM y compris l’évaluation des capacités de sept laboratoires nationaux impliqués dans la détection de la RAM, à l’aide de l’outil FAO-ATLASS. Cette activité, qui s’est tenue du 5 au 15 octobre, a été marquée par deux ateliers, un de lancement de l’évaluation et l’autre de présentation des conclusions et recommandations, par des visites aux laboratoires et aussi par la formation des techniciens de laboratoire sur la détection de la RAM.

Cette évaluation FAO-ATLAS a été conduite par quatre experts RAM du Sénégal et de la RDC, issus de la formation régionale FAO-ATLASS réalisée en 2019, avec la participation de 25 représentants des services de la surveillance épidémiologique des Ministère de la Santé et de l’Élevage, de la plateforme nationale Une Seule Santé, de la direction de la pharmacie et des médicaments, de la commission nationale de lutte contre la RAM, des laboratoires vétérinaires de Kinshasa, Goma et Lubumbashi, de l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB), du laboratoire de l’environnement et des laboratoires de recherches microbiologiques de l’université de Kinshasa (UNIKIN) et de l’Université national pédagogique (UPN), de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de la FAO.

Avec le soutien de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), l’évaluation FAO-ATLASS a permis d’estimer les capacités analytiques du réseau de laboratoires du pays pour détecter la RAM dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture, d’identifier les informations de base et les étapes d’amélioration et de former des techniciens de laboratoire sur les techniques de détection de la RAM. Cette évaluation  a révélé la nécessité de mettre en place un système formel, opérationnel et fonctionnel de surveillance de la RAM en RDC. Un laboratoire sur les sept (7) évalués a montré des capacités avérées de détection de la RAM et un niveau d’expertise pouvant permettre de renforcer dans le cadre du réseautage les capacités des autres laboratoires évalués. Le pays présente par ailleurs d’importants points forts dont l’existence de la commission multisectorielle de lutte contre la RAM, d’un plan d’action RAM, ainsi que des ressources clés (laboratoires et ressources humaines notamment) pour améliorer rapidement la capacité des laboratoires et du système de surveillance à court et moyen termes.

Lors de l’atelier de restitution de l’évaluation, le Chef d’équipe pays ECTAD, M. Boka Marcel, en représentation de la FAO en RDC, a déclaré que « la FAO ne ménagera aucun effort pour accompagner le gouvernement congolais dans la lutte contre la RAM à travers ses projets et programmes dont le Programme Global Health Security Agenda (GHSA) qui comporte cinq paquets d’action y compris la résistance aux antimicrobiens (RAM)». Il a ajouté que les recommandations d’amélioration formulées par les experts seront prises en compte dans le processus de révision du plan national de lutte contre la RAM en RDC que la FAO est en train d’appuyer.

Le représentant du gouvernement, M. Lumba Augustin, Secrétaire général par intérim à la Pêche et Elevage, a ajouté que « la République Démocratique du Congo, s’engage à mettre en œuvre en collaboration avec tous les partenaires, les recommandations formulées pour renforcer le dispositif national de surveillance et de gestion de la RAM». M. Lumba Augustin a également profité de l'occasion pour féliciter et remercier les experts-évaluateurs ATLASS, la FAO et l’USAID pour leurs efforts collectifs dans la réduction des risques de la RAM en RDC.

FAO ATLASS, un outil précieux pour la surveillance de la RAM

Grâce à FAO-ATLASS, la FAO fournit un outil précieux pour effectuer une évaluation objective et complète des systèmes nationaux de surveillance de la RAM. Elle offre la possibilité de mesurer les progrès dans le temps, contribuant ainsi à l’appréciation de l’efficacité de la mise en œuvre des plans d'action nationaux et mondiaux sur la RAM. L'utilisation de FAO-ATLASS crée également des opportunités de renforcement des capacités des laboratoires et de renforcement de la surveillance dans les pays et les régions, ce qui est essentiel pour assurer le succès de la lutte mondiale contre la RAM selon l'approche One Health (Une Seule Santé).

FAO-ATLASS permet d'évaluer les cinq principaux domaines d'un système de surveillance de la RAM (gouvernance, collecte et analyse de données, réseau de production de données, communication et durabilité) et identifie des étapes spécifiques d'amélioration pour aider les pays à hiérarchiser la construction d'une surveillance nationale fiable de la RAM. Dans ce contexte, la FAO aide les pays à développer leur réponse nationale à la surveillance, à la prévention et au contrôle mondial de la RAM par le biais de formations et de missions FAO-ATLASS, qui fournissent des données de référence aux autorités pour identifier et prioriser les actions destinées à améliorer l'atténuation des risques de RAM dans la région avec une approche One Health. 

La FAO lutte contre les menaces mondiales de la RAM

La RAM est une menace mondiale pour les vies et les moyens de subsistance. Selon la revue de la RAM, l'économie mondiale pourrait perdre plus de 10 billions de dollars par an d'ici 2050 à cause de la RAM, si aucune mesure n'est prise.

Afin d'aborder la question de la RAM selon une approche holistique, la FAO, l’OMS et l’OIE aide les États membres à élaborer et à mettre en œuvre leurs plans d'action nationaux contre la RAM sur la base du Plan d'action mondial contre la RAM élaboré par l’OMS avec le soutien de la FAO et de l’OIE. De plus, la FAO a élaboré un plan d'action contre la RAM comprenant quatre piliers suivants: (i) améliorer la sensibilisation à la RAM, (ii) développer les capacités de surveillance et de suivi de la RAM et de l’ utilisation des antibiotiques (UAM), (iii) renforcer la gouvernance et (iv) promouvoir les bonnes pratiques dans les systèmes alimentaires et agricoles, y compris l'utilisation prudente des antimicrobiens. Le plan d'action de la FAO soutient le plan d’action mondial pour promouvoir une meilleure stratégie de lutte contre la RAM dans les secteurs de l'alimentation et de l'agriculture.