La situation sécuritaire et humanitaire dans les Kasaï reste préoccupante à cause des violences causées par les affrontements entre la milice Kamuina Nsapu et les forces de sécurité nationales. On estime qu’actuellement plus d’un million de personnes sont déplacées par les violences, dont plusieurs centaines de milliers dans l’insécurité alimentaire.

La réponse à cette crise repose sur l’amélioration de l’accès aux moyens de subsistance par la réduction et/ou prévention de l’insécurité alimentaire, la réhabilitation et la protection des moyens d’existence, et l’amélioration de l’accès aux biens alimentaires des ménages affectés par l’insécurité alimentaire.

Que fait la FAO pour assister les ménages victimes des conflits ?

L’action de la FAO consiste à soutenir l’amélioration de la productivité et de la production alimentaire et à organiser les différentes communautés dans la prévention des conflits.

En vue de restaurer les moyens de subsistance des ménages victimes des conflits, de soutenir l’amélioration de leur productivité et de leur production alimentaire, la FAO a mis à leur disposition les intrants agricoles en vue de prévenir la malnutrition. Au total, 5 125 ménages victimes des conflits armés récents et situés dans les territoires de Dibaya, Kabeya Kamuanga et Tshikapa sont ciblés.

C’est dans ce cadre que la FAO vient de clôturer la distribution à Tshimbulu, cité située à 120 Km de Kananga, dans le territoire de Dibaya, en partenariat avec l’ONG APROBES, une distribution des outils aratoires et semences maraîchères en faveur de 250 ménages bénéficiaires. Dans le territoire de Kabeya Kamuanga, la FAO est en cours de distribution des kits vivriers et maraîchers à 2 200 ménages bénéficiaires à regrouper dans des couloirs de bas-fonds afin qu’ils produisent le minimum de nourriture nécessaire pour leur survie. Le lot d’intrants reçus est constitué de houes, bêches, râteaux, arrosoirs, brouettes, pulvérisateurs à dos pour le matériel et  outils aratoires et l’amarante, tomates, gombo, l’aubergine pour les semences maraîchères. Au total, 6 900 outils, 80 brouettes et 50 pulvérisateurs ainsi que 28,5 de semences maraîchères et 16 tonnes de semences vivrières ont été distribuées.

Cette assistance de la FAO  va toucher les ménages vulnérables (les retournés, les déplacés, les familles d’accueil) qui travailleront d’une manière regroupée dans les bas-fonds, endroits supposés sécurisant pour leur protection selon l’esprit même du projet.

La FAO prévoit dans quelques jours une autre distribution dans la même zone en faveur de 3416 ménages bénéficiaires, des outils aratoires, des semences maraîchères et semences vivrières (le maïs, le soja et le niébé). 

Au regard de cette première distribution dans les territoires de Dibaya et de Kabeya Kamuanga, une superficie de 14 ha  sera emblavée pour produire + 126 tonnes des légumes feuilles et fruits par saison culturale et cela en raison de 1,5 are par ménage bénéficiaire. Cette production qui interviendra à partir du 2ème mois (légumes feuilles) et 4ème mois (légumes fruits) ainsi que 450 ha de champs de vivriers essentiellement des bas-fonds pour produire 360 tonnes de produits vivriers, ce qui pourra rapidement couvrir les besoins partiels de la population en insécurité alimentaire. Le surplus des légumes sera vendu et constituera une source de revenu des ménages bénéficiaires. L’activité vise à améliorer la situation de la sécurité alimentaire des ménages victimes des conflits armés récents dans les Kasaï.

Le travail des femmes encouragées

Dans cette action de la FAO, une attention particulière est accordée aux femmes. En effet, la femme est au premier rang de la lutte contre l’insécurité alimentaire vu son rôle de ménagère dans le foyer et sa place dans la division sexuelle du travail de champ. 60% de bénéficiaires sont constitués des femmes chefs de ménages et des jeunes filles.

C’est ce qui justifie le choix des kits maraîchers composés des semences à cycle court et de rente distribués afin de garantir une auto prise en charge immédiate et l’amélioration du score de la diversité alimentaire des ménages.

Prévenir les violences sexuelles

L’assistance de la FAO en faveur des ménages victimes des conflits armés compte également contribuer à réduire les violences physiques en accordant une égalité d’accès aux intrants dans le respect du genre. Elle va en même temps contribuer à prévenir les violences sexuelles à travers la mise en place des champs sur des couloirs non éloignés des habitations. Par ailleurs, le renforcement des activités génératrices de revenu permettra aux bénéficiaires de gagner de l’argent et donc réduira la propension des femmes et des filles à se lancer dans la débauche.

Toutes ces activités s’inscrivent dans le cadre du projet « Appui à la production alimentaire d’urgence à 5125 ménages victimes des conflits armés récents aux Kasaï (Territoires de Dibaya, Kabeya Kamuanga, et Tshikapa) »

A l’origine du conflit coutumier lié aux miliciens de Kamuina Nsapu, Tshimbulu est une cité à forte agglomération où l’on retrouve aussi de nombreuses populations déplacées et des retournés et les troupes des FARDC, il est distant de 50 km de Kabeya Kamuanga, frontalier au Kasaï Central.