L'Emploi rural décent

Discussion en ligne sur l’intersection entre conditions socioéconomiques et radicalisation des jeunes dans le G5 Sahel

25/02/2022

« Le Sahel est une région d'opportunités avec des ressources humaines, naturelles et culturelles importantes et abondantes. Le défi consiste à employer ces ressources à travers des politiques publiques capables de transformer ce potentiel en création d'emplois, notamment pour les jeunes vivant en milieu rural. »

Le 17 février, lors de du lancement de l'étude FAO-ODI intitulée « L’intersection entre conditions socioéconomiques et radicalisation des jeunes et ses implications pour la programmation dans les pays du G5 Sahel », l'Ambassadeur Yamdaogo Eric Tiare, Secrétaire exécutif du G5 Sahel, a décrit les principaux atouts de la région du Sahel et les principaux programmes stratégiques régionaux conçus pour lutter contre le chômage des jeunes, l'un des principaux problèmes de la région.

L'événement et l'étude connexe font partie du projet de la FAO intitulé « Renforcer la résilience dans la région du Sahel par la création d'emplois pour les jeunes - Rapprocher le nexus humanitaire-développement dans un contexte de fragilité », financé par le ministère fédéral allemand de l'alimentation et de l'agriculture (BMEL).

La discussion, qui a été modérée par Rebecca Nadin, Directrice du Programme sur les risques mondiaux et la résilience à l'ODI, et ouverte au nom de la FAO par Lauren Phillips, Directrice adjointe de la Division de la transformation rurale inclusive et de l'égalité femmes-hommes, visait à présenter les conclusions de l'étude FAO-ODI, en organisant une discussion conjointe entre les gouvernements, les organisations intergouvernementales, les universités et les acteurs engagés dans la prévention et la lutte contre la radicalisation des jeunes.

Grâce à l'analyse de plus de 50 études sur la radicalisation au Sahel et à des résultats de programmes visant à combattre et à prévenir l'extrémisme violent dans la région, la publication FAO-ODI montre que les moteurs de la radicalisation au Sahel sont géographiquement spécifiques et doivent donc être considérés dans l'espace, plutôt que de chercher à produire un profil "type" de jeunes vulnérables. Sur cette base, la publication formule des recommandations sur la manière dont les programmes d'emploi régionaux peuvent être adaptés afin de contribuer à réduire la radicalisation.

L'événement de lancement a réuni également des experts sur le sujet, tels que Leigh Mayhew, coordinateur de la recherche du côté d'ODI, Audu Bulama Bukarti Analyste principal, Unité des politiques d’extrémisme, Tony Blair Institute for Global Change, Abdoutan Harouna, Socio-anthropologue et doctorant à l'Université autonome de Madrid (UAM) et au Laboratoire d'études et de recherche sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL), et Tamara Neskovic, Analyste spécialisée en suivi et évaluation, Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (UNICRI).

Suite à la présentation de l'étude, Tamara Neskovic a souligné que cette analyse détaillée de la littérature disponible sur le sujet est cruciale pour planifier les interventions visant à prévenir la radicalisation des jeunes. « Une étape importante », a déclaré Mme Neskovic, « pour créer des activités plus holistiques, efficaces et ayant un impact positif. »

Dans son intervention, Bulama Bukarti a souligné que « la radicalisation au Sahel et dans le monde est spécifique au contexte, non linéaire et fluide. » Cet aspect a également été souligné par Abdoutan Harouna, qui a insisté sur la nécessité d'examiner la spécificité de la radicalisation au niveau national et local. « La radicalisation n'est pas quelque chose d'homogène », a affirmé M. Harouna. « La réflexion sur la radicalisation est souvent abordée à partir d'une décision individuelle, mais les faits montrent que les raisons sont normalement attachées au niveau communautaire. »

Le rôle des gouvernements a été souligné par M. Bukarti : « Les États peuvent facilement faire mieux et nous pouvons mettre fin aux violations des droits de l'homme. » « La durabilité des actions entreprises est nécessaire et doit être garantie par l'État », a déclaré M. Harouna.

Lauren Phillips, a affirmé l'engagement de la FAO à lutter contre la radicalisation des jeunes, et a mentionné que « notre projet et, plus largement, la vision de l'Organisation considère les jeunes non seulement comme des bénéficiaires, mais comme des partenaires et des leaders potentiels dans le processus de construction de la paix et du développement durable. Les jeunes qui deviennent des membres actifs de leurs sociétés contribueront à restaurer le contrat social qui a été érodé par l'insécurité. »

La recherche FAO-ODI « L’intersection entre conditions socioéconomiques et radicalisation des jeunes et ses implications pour la programmation dans les pays du G5 Sahel », peut être consultée ici.

L'intégralité de l'événement et des discussions est disponible en français, anglais et arabe sur la page web dédiée d'ODI.